A Marseille, Tudor « le pragmatique » transcende l’OM

A l’heure d’affronter Francfort en Ligue des champions, le nouvel entraîneur croate a retourné l’opinion publique et s’avère un gestionnaire d’hommes plus subtil qu’annoncé.

 Le Monde  – Rien n’est jamais stable à Marseille quand il s’agit de l’OM, mais il plane, en ce début de saison, comme un inattendu sentiment de confiance parmi les supporteurs olympiens. A l’heure de retrouver la Ligue des champions au Stade-Vélodrome, mardi 13 septembre à 21 heures, avec la venue des Allemands de l’Eintracht Francfort, derniers vainqueurs de la Ligue Europa, les sifflets du 7 août ciblant le nouvel entraîneur, Igor Tudor, semblent oubliés.

 

A peine plus d’un mois s’est écoulé depuis ce premier match de la saison de Ligue 1 au Stade-Vélodrome contre Reims (4-1), et public, journalistes et joueurs ont changé de regard sur l’ancien joueur de la Juventus de Turin, 44 ans.

 

« Tudor, j’adore », s’amuse Laurent Garibaldi, dit « Gari », chanteur des groupes Massilia Sound System et Oaï Star, vieil habitué du Vélodrome. « C’est un pragmatique. Il utilise les moyens qu’il a sa disposition sans état d’âme, en privilégiant toujours le collectif. Ses choix sont très lisibles et le jeu produit est plaisant », poursuit l’artiste marseillais, résumant un avis partagé chez les supporteurs olympiens.

Deuxième du classement de Ligue 1, à égalité de points avec le Paris-Saint-Germain mais avec une différence de buts défavorable, l’OM d’Igor Tudor signe le meilleur début de championnat du club depuis plus de deux décennies. Six victoires, un match nul, aucune défaite en sept journées. Seule ombre, la défaite à Londres contre Tottenham pour le premier match du groupe D de Ligue des champions (2-0).

 

Pour le reste, l’OM version Tudor surprend son monde et, même si elle n’a encore rencontré aucune équipe du top 7 de Ligue 1, génère de réels espoirs. « Cette équipe me fait penser à celle de 1993. Un groupe d’outsiders, avec un gros socle physique, brutal au milieu de terrain, solide derrière, sans véritable star, mais avec un super état d’esprit… », reprend Gari, qui, il y a près de trente ans, s’était rendu à Munich pour assister à la victoire en Ligue des champions, 1-0 contre le Milan AC.

 

Football direct

 

A la veille de la réception de Francfort, rival direct pour une possible qualification pour les huitièmes de finale, Igor Tudor est apparu décontracté en conférence de presse, lundi 12 septembre. Monolithique face aux journalistes en début de saison, l’entraîneur croate, voix profonde et réponses en italien, ne s’est pas transformé en grand bavard.

Mais il se permet désormais des petits sourires lorsqu’on l’interroge, demande récurrente, sur sa façon de gérer Dimitri Payet, star locale mise régulièrement sur la touche. « Si vous venez à l’entraînement à 18 h 45, vous verrez que je ne suis pas si tranquille que ça », a toutefois tenu à corriger l’entraîneur marseillais face à un journaliste qui s’étonnait de son relâchement.

A ses côtés, Matteo Guendouzi, promu capitaine contre Lille, multiplie les messages positifs, évoquant un « groupe épanoui », qui « a assimilé » les idées de son entraîneur et se sent désormais « en nette progression ». Un discours bien loin des tensions internes qui avaient accompagné les matchs de préparation.

Remplaçant surprise de l’Argentin Jorge Sampaoli, démissionnaire après avoir conduit l’OM à la deuxième place du championnat de France, Igor Tudor a transmis au forceps sa volonté d’un football simple et direct à son groupe. Contrairement à la saison dernière, l’OM ne multiplie plus les passes jusqu’à épuisement (elle n’est que septième en L1 sur cette statistique) et ne cherche pas à monopoliser la possession (54,66 % seulement depuis le début de la saison).

Sa défense s’avère la plus hermétique du championnat, avec celle du PSG, et son attaque est efficace (quinze buts en sept matchs). « C’est un jeu qui demande beaucoup d’intensité, avec un pressing très haut, vertical, très offensif », détaille Mattéo Guendouzi, replacé dans une position plus offensive sur le terrain.

Pour faire passer sa philosophie, Igor Tudor s’appuie en priorité sur un bloc de joueurs recrutés à l’intersaison, dont les deux arrières latéraux Nuño Tavares, Portugais prêté par Arsenal, et Jonathan Clauss, transféré de Lens, ou le défenseur central congolais Chancel MBemba, qui, expulsé sur le terrain de Tottenham, manquera le match de Francfort. Mais il fait aussi de Valentin Rongier et Mattéo Guendouzi, joueurs très utilisés par son prédécesseur, des piliers de son système.

 

Gestion fine de l’effectif

 

Présenté comme autoritaire en début de saison, l’entraîneur marseillais affiche, depuis, une certaine finesse dans la gestion de son effectif. Si l’on excepte le cas du Sénégalais Bamba Dieng, étonnamment disparu des radars, aucun joueur n’a été enterré. Le Brésilien Gerson, avec qui il s’est accroché en début de préparation, apparaît régulièrement. Le Colombien Luis Suarez, exaspéré de ne pas entrer en jeu contre Clermont, le 31 août, s’est vu infliger une amende mais a été titularisé le match suivant à Auxerre.

Lundi, interrogé sur le cas de l’Argentin Leo Balerdi, qu’il a sorti après seulement vingt-huit minutes catastrophiques deux jours plus tôt contre Lille (2-1), Igor Tudor a annoncé que le défenseur central de 23 ans serait titulaire contre Francfort. « Je rappelle que je l’ai sorti parce que je craignais qu’il prenne un second carton jaune, et pas parce qu’il était mauvais », a-t-il insisté, demandant aux supporteurs marseillais de faire un « accueil positif » à un joueur qu’il considère comme « un grand et beau défenseur ».

Le cas de Dimitri Payet est sûrement le plus épineux. Mais Igor Tudor sait souffler le chaud quand la température de ses relations avec le talentueux Marseillais devient trop fraîche. Interrogé après le match de Lille, que le meneur de jeu a regardé assis sur le banc des remplaçants, l’entraîneur a immédiatement dégonflé la polémique en annonçant que Payet serait titulaire contre Francfort. « J’ai parlé avec lui, je lui ai expliqué mon plan, il était d’accord avec moi », a expliqué Tudor qui a convaincu le public marseillais qu’à 35 ans son idole des dernières saisons ne pouvait plus tenir le rythme d’un match tous les trois jours.

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Source : Le Monde
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