Baaba Maal, le retour d’une icône de la world

Le chanteur sénégalais a connu le succès en mélangeant la musique de son ethnie et l'électro. Son dernier album est un hommage aux voyages et aux rencontres.

Il fait partie de ces grandes figures de la world qui ont conquis le monde dans les années 90 : immense star en Afrique, Baaba Maal, 62 ans, a porté haut les couleurs peules du nord du Sénégal. Après avoir fêté les trente ans de son orchestre au Zénith en mai 2015, le chanteur à la voix charismatique revient avec un nouveau disque, The Traveller, qui résume sa démarche de découverte et de rencontres. « Par ma musique, je veux montrer qu'on peut voyager sans bouger de son fauteuil, en lisant des livres, en regardant des documentaires, en découvrant des personnalités intéressantes », explique le chanteur, qui partage son temps entre Londres et Podor, son village natal.

Un pied à Londres, l'autre en Afrique

Né dans une famille de pêcheurs, Baaba Maal a grandi au bord du Sénégal, fleuve frontière avec la Mauritanie : « Toutes les ethnies de l'Afrique de l'Ouest étaient représentées à Podor, une ville de brassages. Le soir, il faisait chaud et on se retrouvait en plein air pour écouter la musique des Wolofs, des Maures, des Mandingues… » Fils de muezzin et de comédienne, le chanteur est un Peul toucouleur, ou Halpular, de ceux qui parlent (et chantent) le pular : un peuple de nomades, à l'origine, dont les chants et les harmonies rythment le quotidien. « Je suis pêcheur ; j'aurais pu être breton », plaisante celui qui dit s'être bien plu en Bretagne. J'aime leur façon de vivre. Nous aussi aimons chanter nos peines et nos joies à tue-tête dans la brousse. » Les Peuls ne sont pas marins, mais eux aussi encouragent les jeunes à voir du pays. C'est ainsi que Baaba Maal est parti, avec son ami le griot Mansour Seck, étudier à Paris, avant de revenir avec lui faire, à pied, le tour des villages du fleuve lors d'une année initiatique. Il a ensuite conquis les ondes sénégalaises, puis le monde, avec une fusion de plus en plus électro inspirée par le yéla, rythme toucouleur à base de frappes de calebasse et de claquements de mains.

« La musique des Halpulars est très mélodique, et le son électro, dans mes disques, laisse beaucoup d'espace aux voix », précise-t-il. Johan Hugo (The Very Best, M.I.A…), rencontré sur la tournée Africa Express, de Damon Albarn, assure la production de son dernier disque, riche en distorsions vocales et groove tribaux. On y retrouve le folkeux Winston Marshall (de Mumford & Sons), que Baaba Maal avait invité à Blues sur le fleuve, le festival itinérant qu'il a créé sur les rives du Sénégal. Ainsi que le poète Lemn Sissay, rencontré aux JO de 2012, dont les déclamations fiévreuses hantent les chansons War et Peace. « Les mots et les sons ont un pouvoir. A nous de les utiliser pour dénoncer ce qui nous dérange et encourager nos espoirs. » Artiste toujours engagé, il est aujourd'hui ambassadeur de l'ONU, après avoir oeuvré pour Oxfam. Une façon de se battre contre la famine et le sida.

 

Anne Berthod

 

Bio express
1953 Naissance à Podor
1988 Premier disque, Wango, chez Syllar
1994 African Woman, tube planétaire
2005 Il crée le festival Blues du fleuve, sur les rives du Sénégal
2007 Il participe à l'aventure Africa Express, de Damon Albarn
2015 The Traveller, 14e album.

 

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Source : Télérama (France)

 

 

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