Carnets de voyage d’un Mauritanien en Turquie 2 : vendredi à la Mosquée Bleue

L'intérieur de la mosquée bleue d'Istambul. Source: diapo.chLe vendredi est jour de grande prière hebdomadaire en pays musulman. J'ai pris Alioune avec moi pour aller prier "Tisbaar" [Dhuhr, la prière de la mi journée] à la Mosquée Bleue. A voir comment les préliminaires à la grande prière se sont déroulées dans cette mosquée, je n'ai pas pu m'empêcher de repenser à mes échanges réguliers avec Mamadou, sur les pratiques rituelles musulmanes, certes le plus souvent orthodoxes, mais parfois aussi imprégnées de quelques fantaisies ancrées dans des pratiques plus anciennes et confuses dans leur véritable signification.

Quant à la prière de ce vendredi, je vous livre  deux exemples des observations, autour de la scénographie :

1er exemple: Après un premier "Az'an" – appel à la prière -, un premier imam fait un prêche, en turc bien sûr (là, je vous garantis que mon voisin Mehmet Kalkan, à Etampes, m'a manqué). Il se hisse sur une sorte d'estrade dotée d'un pupitre au décor oriental très prononcé. Pour l'anecdote, à un moment de son discours, son téléphone portable émet des interférences si fréquentes avec la sonorisation de  la mosquée, qu'il a dû le saisir et effectuer une manip pour le condamner à une discipline et à un respect plus stricts de cet instant. Qui a dit que les hommes (et femmes???) de notre religion ne devaient pas aspirer à la modernité?

Poursuivons: donc, en face de l'estrade de ce premier imam, sur un balcon, un groupe d'individus apparemment très importants dans ce protocole, semble coordonner des actes précis à partir desquels des rituels sont exécutés : Tout cela est filmé par une petite caméra posée sur un trépied. Puis, des prières sont dites à haute voix, plus ou moins régulièrement. A un moment, tous se lèvent et j'ai cru que c'était le début de la  prière de groupe, mais non! Chacun exécute quelques rak'aas [cycles de prières], séparément. L'imam reprend le prêche, puis donne la parole à un autre qui monte sur une estrade plus élevée, pour prononcer à son tour un prêche cette fois plus empruntée de la langue arabe que du turc. Je constate que les dernières rangées, au fond de la mosquée, mais dans la même enceinte, sont réservées aux femmes. Elle ne sont pas confinées dans des espaces clos où elles sont quasiment invisibles, comme dans beaucoup de pays musulmans.

2ème exemple:  La proximité des mosquées est telle que les différentes strophes du "Az'an" [appel à la prière] sont réparties entre les différents muezzins, chacun ne prononçant qu'une partie du "Az'an". Tout cela dans une coordination presque parfaite. C'est très original.

La Mosquée de Sultanahmet ou Mosquée Bleue tire en fait son nom "coloré" des teintes bleue et azur qui dominent dans la composition des scriptes et fresques murales qui ornent tout l'intérieur de la mosquée. Avec ses six minarets, elle est la deuxième grande mosquée du monde après celle de la Mecque.

Construite par le 14ème sultan ottoman, Ahmet 1er, ce lieu de culte date du début du 17ème siècle. Son architecte, Mehmet Aga, est un élève d'un grand architecte suisse du nom de Mimar Sinan qui travaillait beaucoup avec les sultans de l'époque. Il est apparemment à l'origine de beaucoup de lieux de cultes en Turquie.

Les mosquées, vous en avez partout : les plus importantes en dimension et patrimoine historique sont Sokollu, Nuruosmaniye, Beyazit, Süleymaniyé (ne pas confondre avec le prénom d'un de nos amis…suivez mon regard!!!), la mosquée Yeni Kani, etc.

Je vous parlerai du palais de Topkapi lorsque je l'aurais visité, mais j'ai cru comprendre qu'il est provisoirement fermé pour cause de travaux. A suivre!

Un autre grand intérêt d'Istanbul est le Grand Bazar. Comme son nom l'indique, c'est un …grand bazar. On y trouve tout!! une trappe à touristes, quoi!!!

Un consumérisme comme je le tolère, car il permet au plus grand nombre de consommer du luxe, même illusoire le plus souvent, et d'apprécier ainsi un sentiment d'appartenance à une société de consommation moderne. Il parait que ça s'appelle la mondialisation. J'aime bien!!!

Ah, les différences culturelles! si vous en avez assez d'être servi de thé (ici, dites "çay"), posez juste horizontalement votre petite cuillère sur votre verre.

Une petite imprudence de ma part, hier: pour régler le taxi, je sors mon calepin pour en extraire de quoi me rendre quitte avec le taxi driver. A la vue des billets de banque (quelques euros et de la monnaie locale), le gars a eu un geste mécanique de vouloir se saisir de mon "assurance-vie" ici et maintenant. A ma réaction presqu'aussi mécanique que son geste initial, il s'est ressaisi et a fait semblant de détourner notre échange. Nous en sommes restés-là pour cet épisode. C'est le premier et seul avertissement qui m'incite à plus de prudence, forcément. Sinon, tout se passe bien!!!
 

A +

Ibnou DIOP

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