Mauritanie : l’opposition sur les traces des dernières élections

Statu quo pour l'opposition qui vient de tenir une conférence de presse à Nouakchott à l'issue de laquelle le Forum national pour la démocratie et l'unité ( FNDU) a demandé pour sa participation aux présidentielles de juin prochain un dialogue inclusif franc dont les préalables sont « la révision de la CENI, du conseil constitutionnel, la formation d'un gouvernement d'Union nationale et la revalorisation de l'agence de recensement des citoyens et des titres sécurisés ».

 

A quelques mois du scrutin,l'opposition affiche ainsi les mêmes exigences qui apparaissent toujours comme des lignes rouges pareilles aux dernières élections législatives et municipales.Cette tendance à l'obstination inquiète les observateurs qui ne doutent plus du prochain boycott de la coordination démocratique.

Depuis juillet 2009 la réflexion sur le dialogue inclusif se résumait dans un premier temps par des invectives entre le pouvoir et l'opposition et dans un deuxième temps par des rapprochements à travers des rencontres entre l'UPR, le chef du gouvernement et les principaux leaders de la Coordination démocratique.Résultat au bout des courses, un dialogue de sourd et une fissure de l'opposition dont la plus grande partie sous la houlette de la COD va boycotter les dernières élections législatives et municipales perdant ainsi sa place au sein de la nouvelle représentation parlementaire.C'est conscient de cet enjeu national qu'un forum pour la démocratie et l'unité a été mis en place récemment pour reprendre les choses en main et contrecarrer les ambitions du président mauritanien d'écarter l'opposition historique de l'échiquier politique.Un chantier tout aussi crucial pour sa survie.

C'est dans ce sens que la conférence de presse cette semaine à Nouakchott par le FNDU est un signal pour tous ceux qui doutent encore de l'existence d'une opposition.Mais les refrains proposés à l'issue de cette rencontre avec les médias nationaux tendent à garder le statu quo du déjà vu avec en toile de fond la révision de la CENI dont la composition de ses membres ne bougera pas d'un iota au moment où le RAVEL est à pied d'oeuvre sur le territoire national.Le conseil constitutionnel est également visé sans oublier la revalorisation de l'agence de recensement des citoyens et des titres sécurisés pour un fichier électoral fiable et surtout pour permettre à tous les citoyens d'avoir leur carte électorale à temps avant le scrutin.Enfin c'est surtout la formation d'un gouvernement d'union nationale qui ne passera pas dans les négociations si le dialogue s'impose.Toutes ces exigences apparaissent donc comme des lignes rouges pareilles aux dernières élections et ne font que raviver les désaccords.Si le FNDU est décidé de revenir sur la scène politique il n'en demeure pas moins que cet affichage médiatique cache mal la participation de l'opposition aux présidentielles de juin prochain.

Certes le calendrier est très serré pour revenir en arrière.N'empêche c'est encore possible de trouver une solution consensuelle comme le laisse entendre le vice-président de l'UFP Lô Gourmo.Mais encore faudrait-il que les deux parties le veuillent bien. Le président Ould Aziz est décidé de tenir le cap coûte que coûte en poursuivant sa stratégie pragmatique avec une pré campagne dont l'axe principal est la jeunesse avec la création d'un Haut Conseil alors que l'opposition peine à retrouver l'unité et le mouvement. A trois mois du scrutin aucune candidature de l'opposition en vue c'est inquiétant.

 

Bakala Kane

 

(Reçu le 26 mars 2014)

 

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