De l’autodafé des livres du rite malikite du président de l’IRA à la « profanation » du saint Coran, non à instrumentalisation!

Les crises multiples qui assaillent le pays et la démission de l'Etat ou son quasi-inexistence face aux préoccupations  et aux multitudes de difficultés des populations , font de notre pays un terreau favorable à toute les formes d'insécurités.  ce n'est un secret pour personne,  que notre pays  est devenu aussi, depuis quelques temps, non seulement un lieu de prolifération de courants d'extrémisme religieux – qui propagent des concepts d'intolérance qui sont contraires notre religion (l'Islam)  de paix, de respect et de concorde – et aussi un "réservoir" djahidistes, où des organisations obscurantistes voire criminelles de la sous région et même au-delà recrutent des jeunes souvent en situation de précarité et de chômage.

Ce phénomène représente un danger grave pour notre pays et un facteur de déstabilisation pour toute la sous-région – Toutes les analyses actuelles concordent pour désigner notre pays comme étant le prochain maillon faible de cette partie du monde- Le pouvoir doit prendre la mesure du danger, éviter de jouer avec le feu. L'islam est la religion millénaire de tous les mauritaniens et c'est l'un des facteurs importants de l'unité nationale, toute atteinte à celui-ci est intolérable et mais aussi toute forme d'instrumentalisation est inacceptable et doit être fermement condamner.

De l'autodafé des livres du rite malikite du président de l’IRA, Biram Ould Dah Ould Abeïd – avec la présence de la télévision nationale-  en avril 2012 , aux écrits blasphématoires du jeune à Nouadhibou,  Ould Mkhaïtir , à chaque fois le chef de l'Etat Mohamed Ould Abdel Aziz est sorti de son palais pour accueillir les manifestants et les encourager. Parmi ces manifestants on n'y trouve:  certainement de gens de bonne foi et sincères – qui viennent protester contre ce qu'ils considèrent comme une atteinte grave à l'Islam, mais aussi des obscurantistes hystériques.  En les accueillant  et en les  exhortant à faire même plus-  citons  : ‘‘ L‘action que vous entreprenez aujourd‘hui est le minimum à faire pour protester contre ce crime contre notre religion sacrée " et de les promettre les châtiments les plus sévères contre les coupables.

De ces propos, il apparait très clairement que ces manifestants se sentent rassurer, encourager et bien en phase avec leur président. Donc à chaque fois qu'ils ont le sentiment que leur religion est touchée, même à partir d'une rumeur, ils prennent la direction et le sens du palais présidentiel, où  espèrent-t-ils:  un accueil  présidentiel les attend.

Manque de chance, cette fois-ci leur "allié ",  le général président, n'a pas respecté  "l'accord tacite" – ces manifestants ne le savaient peut être pas, mais d'autres accords, cette fois-ci, plus  explicites et signés avaient déjà connu le même sort-  le président a  donc radicalement  changé de position certainement sans les en informer. Pour quelles raisons? Toutes les interprétations restent possibles,  "Allahou Alam".  Mais une chose est sûre, ces derniers jours les courants islamistes sont dans le collimateur des monarchies du Golfe, peut être ceci expliquant cela.

Les manifestants qui se dirigeaient vers le palais présidentiel se sont donc trouvés nez à nez avec des gardes armés  prêts à en découdre. C'est ainsi qu'un jeune manifestant, Ahmed Ould Mahmoud Ould Demba, qui est venu protester contre une "profanation"  du livre sacré, rencontre la mort, arraché à sa famille à fleur de l'âge – paix soit à son âme- suite à une répression aveugle  d'une violence exceptionnelle et inattendue.

Rappelons que cette "profanation" s'est passée 1 heure environ seulement après la clôture du forum qui a regroupé l'essentiel des partis de l'opposition, la société civile, des personnalités importantes de la vie nationale et avec la présence des anciens chefs d'Etat ou leurs représentants. Rappelons également  que ce forum a été l'occasion pour dresser un bilan global de la situation catastrophique du pays et de proposer à travers des résolutions, les voies et des moyens pour sortir la Mauritanie de ces graves crises pendant qu'il est encore possible.
La coïncidence et l'immédiateté de l'acte par rapport à cet événement, l'existence d'un informateur de la présidence sur place (selon la presse) avec l'ampleur de la propagation de la rumeur dans toute la ville de Nouakchott et pendant la nuit – alors que le forfait s'est produit semble-t-il dans une petite mosquée isolée du centre ville-  sont autant d'éléments non seulement troublants, mais aussi qui  questionnent: à qui  profite le crime?
Il est très peu probable d'ailleurs que la vérité sur ce crime puisse  un jour être établie et que les commanditaires soient identifiés et condamnés.

Il est également frappant de constater que depuis ces manifestations dans les rues de Nouakchott, le pouvoir semble décréter une restriction des libertés fondamentales par le refus systématique d'autoriser des manifestations pacifiques.  Après d'autres refus, c'est le tour des Flam de rencontrer un refus d'autorisation de tenir leur meeting – en plus dans un lieu fermé- en quoi ce meeting aurait-il pu troubler l'ordre public?

Toutes les forces démocratiques doivent se mobiliser pour refuser la mise en causes des libertés fondamentales arrachées de hautes luttes par le peuple mauritanien depuis plus de deux  décennies.

Dans le contexte actuel de crises multiples  – politique, socio-économique, identitaire, ethnique, sécuritaire…- que vit aujourd'hui le pays, si le pouvoir ne prend pas conscience de la gravité de la situation et s'oriente vers la normalisation de la vie politique en créant les conditions d'un climat politique et  social apaisé et en mettant fin à toute forme d'instrumentalisation des frustrations et des injustices -tribales, raciales, …- et l'utilisation de la religion et de son corollaire  d'obscurantisme, à des fins inavouées, alors il mettra le pays dans la même orbite que d'autres pays  semblables qui étaient dirigés par des pouvoirs autocratiques, sûrs d'eux-mêmes et qui avaient cru tout contrôler, et on connait la suite: Les exemples de la Lybie sous Khadafi, de la Tunisie sous Ben Ali, de l'Egypte sous Moubarak … sont édifiants.
 

Maréga Baba/France

 

(Reçu à kassataya le 15 mars 2014)

 

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