CR commémoration et déclaration pendus 28 Novembre 1990

Le collectif des organisations progressistes et de défense des droits de l’homme, en solidarité avec les associations des rescapés, orphelins et des veuves ont organisé un meeting le jeudi 28 Novembre dans l’après midi à El Mina à côté du Robine t4.

 

Les militants et sympathisants ont afflué de tous les quartiers de Nouakchott. Le programme était varié et riche en contributions. De dix sept heures à vingt deux trente, l’assistance était mobilisée avec une écoute religieuse des interventions. Les témoignages émouvants des différentes catégories des victimes, orphelins, veuves, rescapés militaires, civils et les réfugiés des années 1987-1989-1990 et 1991, ont ponctué le meeting et mis l’assistance en haleine durant toute la soirée.

Ainsi, les orphelins qui étaient encore bébés ou nés après la mort de leurs parents sont aujourd’hui majeurs, et se disent engagés à reprendre le flambeau de la lutte. Le jeune Amadou Seydi Ba , a ouvert les témoignages des orphelins , fils de feu Lt Ba Seydi Amadou de la marine condamné à la peine capitale lors de l’inique procès des accusés de complot à la sureté de l’Etat,, exécuté le 06 Décembre 1987 . Par la voix de leur Président Bocar Lamtoro Kamara, fils de Lamtoro Kamara parmi ces 28 pendus ignoblement la nuit du 27 au 28 Novembre 1990 a donné lecture de la liste des 28 martyrs « shouhada » et appelé ses confrères un à un pour la présentation. Cette ignominie i continue de heurter la conscience souillée de l’armée Mauritanienne . Ils ont mis en exergue leurs situations d’exclus du processus de règlement du Passif Humanitaire, les problèmes multiples qu’ils vivent à savoir manque d’éducation, de formation ,chômage ,état civil, protection sociale sans pour autant parler la prise en charge en tant dépositaire du légitime du sang de leurs pères martyrs comme pupille de la nation. Ils ont extériorisé leurs souffrances qui s’accumulent et les dangers qui résident pour la République qui continue de négliger et de nier le droit indéniable de règlement juste et équitable des violations des droits humains à l’encontre de la communauté noire ,de protection et d’assistance des victimes d’injustice. Ils ont réclamé la mise en place d’une Commission Nationale Indépendante qui s’inspire des normes de la Justice Transitionnelle pour règlement du problème du Passif Humanitaire.

Les veuves Aissata Youma Ane –Aissata Diallo et Aissata Diari Sall ont emboîté le pas à leurs enfants pour témoigner leurs solidarités au combat que leurs fils sont tenus à mener. Elles ont fustigé le règlement du Passif Humanitaire, disent n’avoir jamais cautionné, ni accepté le pardon qu’on les accuse d’avoir signé. Elles ont lancé un appel de détresse aux autorités Mauritaniennes et à la communauté internationale de les aider à soutenir leurs enfants qui vivent dans le dénuement absolu.

Les rescapés militaires et les réfugiés ont témoigné des barbaries qu’ils ont subies les années 1986 à 1991.Ils ont dénoncé l’insuffisance de la forme de règlement adopté par le Président Mohamed ould Andel Aziz. Ils disent rencontrer chaque jour leurs bourreaux sans esprit de vindicte .Ils ont appuyé les revendications des orphelins et veuves pour que l’Etat de Mauritanie s’engage frontalement et sans délai à régler convenablement ce dossier avec la participation et l’implication des victimes .Ils ont ajouté que l’épuisement de toutes les voies de recours internes par le dialogue expose la Mauritanie à des situations graves de crises que nous devons prévenir avant qu’il ne soit trop tard.

Les associations et ongs présentes des droits humains ont soutenu les victimes dans leurs revendications en montrant chacun selon son style les questions de cohabitations, d’injustice, de discrimination raciale, des tensions liées aux expropriations foncières, aux problèmes d’enrôlement, à l’exclusion des noirs du pouvoir, à la confiscation des richesses nationales par une élite beïdane au pouvoir , à la persistance de l’esclavage. Ils ont tous démontré comment des négros mauritaniens poular-wolof et soninkés sont des citoyens de seconde zone et les harratines déniés d’humanité. Tous ont lancé des cris d’alarme si l’élite au pouvoir n’accepte pas de s’enclencher dans une voie volontariste de règlement de ces fléaux qui menacent l’existence de la Mauritanie.

La Commission communication

Programme de la journée de deuil tenue à Nouakchott /El Mina /Robinet 4

 

Activité

Responsable

Organisation

Témoignage

  1. Amadou Seydi Ba

COVICIM

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  1. Bocar Lamtoro kamara

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‘’

  1. Aissata diallo

Veuve

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  1. Aissata Youma Ane

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‘’

  1. Aissata Diari Sall

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‘’

  1. Lo Abou

Resapé 1987

‘’

  1. Ba Oumar Altine

Rescapé 1990

‘’

  1. Hamat Diallo

Rescapé Inal

‘’

  1. Sow Amadou Sadio

Rescapé Walata

‘’

  1. Lo Souleymane

Réfugié

Soutien

  1. Med ould Razghé

OCDS

‘’

  1. Balla Touré

Ira Mauritanie

‘’

  1. Lalla Aicha

CSVVDH/FONADH

‘’

  1. Alassane Dia

TPMN

‘’

  1. Dame Ba

MAPROM

‘’

  1. Amadou Alpha Ba

MPR

‘’

  1. Ibrahima Mifo Sow

FLAM

‘’

  1. Sall Elhadj

Ressortissant en Belgique

‘’

  1. Sy Aboubecrine

COREMI

‘’

  1. Moussa Djiby Ba

COVICIM

‘’

  1. Djiby Sow

Kawtal

‘’

  1. Mamadou El houssein KANE

COVIRE

‘’

  1. Hamat Diak

Yimiyanke pulaar

‘’

  1. Amadou Seydi Ba

COVICIM

‘’

<>25.

Yimiyanke poular

 

Déclaration
 

Une répression atroce s’est abattue sur la communauté négro-mauritanienne de Mauritanie durant les années 80 et 90. Ces violations graves des droits humains, massives, individuelles et collectives, marquées par les arrestations arbitraires suivies d’exactions extrajudiciaires sur des populations innocentes, la déportation des populations vers le Sénégal et le Mali, les déguerpissements et destructions des habitations, l’expropriation des terres dans la vallée du fleuve, ont été commises injustement sur la base de projets racistes d’épuration ethnique, voire à dessein génocidaire.

Le paroxysme fut atteint dans la nuit du 27 au 28 Novembre 1990. Pour« fêter » le trentième anniversaire de l’accession à l’indépendance de la Mauritanie, vingt huit militaires négro-mauritaniens furent pendus à Inal. Depuis lors, cette date du 28 Novembre est commémorée par les victimes de cette barbarie et par leurs sympathisants dans le deuil et le recueillement à la mémoire des martyrs.

La reconnaissance par les autorités de ces crimes ignobles d’un peuple qui se dit musulman n’est malheureusement pas accompagnée d’une volonté politique intégrant un processus inclusif qui prend en charge toutes les dimensions de ces questions pour un règlement global, juste et équitable afin de permettre aux victimes et ayants droit de recouvrer leurs droits imprescriptibles et de les rétablir dans leurs dignités.

La Mauritanie vient de ratifier les instruments juridiques traitant de la lutte contre la torture, les traitements inhumains, dégradants et avilissants. Cette ratification doit être suivie de la mise en place d’un Mécanisme National de Prévention (MNP) dans un délai d’un an, comme engagement de l’État partie, qui prescrit la lutte contre l’impunité et la prise en charge des victimes de torture.

Le dépôt des rapports pour l’évaluation de l’application des instruments internationaux des droits de l’homme devant les organes des dits traités du comité des droits de l’homme des nations unies, relatives au Pacte International des Droits Civils et Politiques, du traité contre la torture dans son protocole additionnel (OPCAT) et des procédures non conventionnelles de l’Évaluation Périodique Universelle(EPU), a fait l’objet de recommandations que l’État de Mauritanie doit envisager à étudier pour la mise en œuvre. Parmi les questions sujet aux recommandations figurent (i) accélérer la rédaction, la validation et l’adoption du projet de Plan d’action national de lutte contre la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, le mettre en œuvre et le vulgariser(ii) Il devrait enfin faciliter l’obtention de documents d’identité pour les réfugiés rapatriés en vertu de l’accord tripartite entre l’État partie, le Sénégal et le Haut-commissariat aux réfugiés et devrait envisager la signature d’un tel accord pour les Mauritaniens refugiés au Mali, suite aux évènements de 1989-1990. Il devrait envisager la mise en place d’un mécanisme propre à solder le passif humanitaire de ces évènements.

Nonobstant l’acuité de toutes les questions d’intérêt national, la Mauritanie doit s’atteler à s’attaquer frontalement et en urgence absolue à ces violations de discrimination raciale et celles de l’esclavage qui font de facto des victimes de ces pratiques des citoyens-paria et apatrides avec le risque d’hypothéquer gravement l’unité nationale et la cohésion sociale.

Tout en soutenant fermement la poursuite du pèlerinage commémoratif d’Inal, symbole du sinistre pogrom des années de plomb, le collectif des organisations progressistes et de défense des droits de l’homme, en solidarité avec les associations des victimes, orphelins et des veuves, entreprend de s’engager résolument dans la mise en œuvre substantielle d’un programme de résolution du dossier humanitaire pendant à travers des campagnes actives de sensibilisation, de conscientisation et de mobilisation afin que soient satisfaites, sans délai, les exigences suivantes :

  • La construction, à INAL, d'un Mémorial pour les Martyrs.

  • L’adoption des enfants de Martyrs comme des pupilles de la Nation.

  • L’application du décret d'identification des sépultures.

  • L’annulation de la loi d’amnistie de juin 1993 pour que justice se fasse

  • Le respect des normes et mécanismes de la justice transitionnelle.

  • La mise en place d’une commission indépendante et autonome pour le règlement des violations graves des droits humains.

  • L’indemnisation adéquate des victimes et ayant-droits.

 

Nouakchott, le 27 Novembre 2013

 

 

Signataires

AFMAF

AJD/MR

COVIRE

REVE/FONADH

IRA Mauritanie

IPCD

Kawtal

MAPROM

TPMN

 

Reçu à Kassataya le 30 novembre 2013

 

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