De Weah à « Mister George »

FOOTBALLEUR AFRICAIN DE LÉGENDE #2. Incontestablement l'un des meilleurs attaquants de tous les temps, le Libérien a fait franchir au football africain un cap décisif.

Le Point – Quand j’ai débuté en Afrique, je n’étais pas payé, mais je m’en fichais, je m’amusais. Je dormais avec un ballon, je mangeais du ballon. Il n’y avait pas le luxe extravagant d’aujourd’hui. Je dois tout au Milan AC. J’y ai gagné le ballon d’or et suis devenu George Weah grâce à lui.

Désormais, si les joueurs ne sont pas alignés, ce n’est pas grave, ils rentrent et jouent à la console. Au moins, là, ils sont bons… » Sa déclaration sur Tuttosport à propos du faible niveau des joueurs milanais avait été sans détour. Il avait surpris, car l’homme est très peu loquace dans les médias. Cela dit, sa saillie illustre aussi parfaitement le style de joueur qu’il incarnait : calme jusqu’à la tempête…

À la différence d’un Neymar, d’un Ronaldinho ou même d’un Yaya Touré médiatisé en amont par l’Académie d’Abidjan de Jean-Marc Guillou, George Weah débarque en Europe dans l’anonymat le plus complet. C’était en 1988. Son club : Monaco. Certes, en Afrique, ses statistiques pouvaient en impressionner plus d’un (38 buts en 41 matchs de 1986 à 1988), mais elles n’ont pas suffi pour le faire arriver en France dans le vacarme réservé aux stars. Sur le Rocher, il peut éviter le dépaysement et s’adapter vite. L’explication : il y a trouvé toute une colonie de joueurs libériens. Ainsi de Debbah, de Wreh, notamment. « Quand George Weah est arrivé à Monaco, il avait le look de l’Africain vêtu en boubou et chaussé de babouches. Il n’était pas vraiment européanisé, mais ne semblait pas du tout dépaysé. Doux, calme, il devenait ensuite intenable sur un terrain. George respirait le foot. Et il s’est très rapidement adapté », explique Emmanuel Petit, qui l’a côtoyé à l’Association sportive de Monaco (ASM).

Toute la panoplie de l’attaquant moderne

 

Voilà de quoi rendre son anonymat éphémère. Weah dispute 23 matchs pour sa première saison en division 1 de l’époque et inscrit 14 buts. « Il s’est imposé comme titulaire dans une équipe où il y avait quand même de gros clients en attaque. Je pense à Mark Hateley, Ramon Diaz, et croyez-moi, ce n’était pas rien. Mais ses qualités impressionnantes ont fait la différence. Un mélange redoutable de force physique et de justesse technique », raconte l’auteur du troisième but de la France lors de la finale du Mondial 1998.

Rapide, puissant, technique, excellent jeu de tête, intelligence dans le placement et les appels de balle, George Weah présente toute la panoplie de l’attaquant moderne, bien avant le Brésilien Ronaldo. Seul hic, l’irrégularité de ses prestations, comme en témoigne sa saison 1989-1990 plus modeste ponctuée de cinq buts seulement en 17 matchs. Une misère pour un joueur de son talent. « L’arrivée du petit Portugais Rui Barros à l’été 1990 va lui être bénéfique », rassure Emmanuel Petit. « Un petit gabarit très doué dans la dernière passe associé à la puissance de Mister George, voilà un cocktail explosif qui nous a permis de faire de beaux parcours en Coupe d’Europe. »

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Source : Le Point (France) – Publié le – Modifié le

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