Mauritanie : le quinquennat de Ould Ghazouani ne tourne pas vers l’avenir

Le troisième anniversaire de l’accession au pouvoir de Ould Ghazouani a révélé à l’opinion publique que son quinquennat a du plomb dans l’aile. En tournant le dos à la réconciliation nationale en durcissant les lois contre les libertés et en arrêtant le processus démocratique, le chef de l’Etat tourne le dos à l’avenir avec moins de chance de réussir ses deux plus grandes réformes sur l’éducation et l’agriculture très controversées.

La gestion catastrophique des inondations du gouvernement révélatrice de l’inexistence d’un réseau d’assainissement face à l’urbanisation de Nouakchott vient confirmer le pessimisme des observateurs sur l’avenir de la Mauritanie à moins d’un redressement de coup de barre du président Ould Ghazouani.

C’est un véritable courage politique qu’il faut pour ne pas briser l’espoir des Mauritaniens après 33 ans de souffrance des réfugiés du Sénégal rentrés au bercail en 2008 et qui font face à une réinsertion difficile exacerbée par l’ostracisme du pouvoir et un recensement biométrique qui discrimine notamment les enfants de ces réfugiés dont la majeure partie ne vont plus à l’école faute d’état civil. Ould Ghazouani butte en réalité sur le règlement définitif du passif humanitaire.

La carte politique du silence permet de gagner du temps et de faire obstruction à toute tentative d’abroger la loi d’amnistie de 1993 sous le régime du génocidaire Ould Taya. C’est l’impunité des officiers de l’armée qui ont assassiné les 28 soldats noirs en 1991 à la base d’Inal qui est pointé du doigt par les observateurs.

Cette page sombre de l’histoire qui n’est pas tournée est une épée de Damoclès sur Ould Ghazouani.En suspendant le dialogue politique dont l’un des objectifs est de mettre à jour toutes les questions nationales taboues, le président mauritanien tourne le dos à la réconciliation nationale.

L’espoir d’un Etat de droit s’éloigne avec l’adoption de lois contre les libertés et la citoyenneté relatives à la protection des symboles de l’Etat. C’est un net recul de la démocratie et le retour de vieilles recettes des régimes autoritaires.

Le deuxième obstacle à l’unité nationale et à la cohésion sociale est symbolisé par l’adoption des lois sur la réforme du système éducatif et celle de l’agriculture très controversées et rejetées notamment par la communauté négro-africaine principale victime de ces changements.

La nouvelle réforme éducative accélère le processus d’assimilation forcée des écoliers non arabophones et la nouvelle politique agricole l’effacement des populations de la vallée victimes de l’expropriation de leurs terres par l’Etat au profit d’investisseurs nationaux et étrangers.

Après trois années de gouvernance Ould Ghazouani assume ainsi une politique qui n’est pas tournée vers l’avenir divisant plus les Mauritaniens. Le régime est surtout préoccupé à préparer sa reproduction et sa reconduction en 2023 et en 2024.

 

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 29 août 2022)

 

 

 

 

 

Les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que leurs auteurs. Elles ne reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page