Mariam N’diaye, cofondatrice de Broke and Abroad : « On est l’agence de voyages des CSP− »

« La Relève ». Chaque mois, « Le Monde Campus » rencontre un jeune qui bouscule les normes. A 28 ans, Mariam N’diaye a créé une plate-forme de voyages pour rendre le tourisme accessible aux jeunes générations.

M Campus – Mariam N’diaye a un souvenir très précis de son premier voyage. Elle a 13 ans et elle s’apprête à quitter le Sénégal pour la Mauritanie. Serrée entre trois de ses frères et sœurs à l’arrière d’un taxi cabossé, la voilà partie pour une vingtaine d’heures de voiture pour atteindre la terre de ses ancêtres.

Du MP3 de sa sœur, une musique retentit inlassablement dans l’habitacle : Du ferme, du rappeur La Fouine. Alors que les paysages défilent devant ses yeux d’adolescente, Mariam écoute avec attention les descriptions du chauffeur. « Si tu prends cette route, tu arrives en Guinée, et, par là, c’est le Mali. » Mariam écarquille ses grands yeux noirs : « On n’est pas obligé de prendre l’avion pour voyager ? » De ce trajet interminable, deux choses subsistent : les paroles entêtantes de La Fouine, et son goût pour les road trips.

Quinze ans plus tard, dans un open space coloré du 13e arrondissement de Paris, Mariam N’diaye n’a toujours pas perdu cette envie de voyager. Elle en a même fait son métier. Elle est la cofondatrice de Broke and Abroad (« Fauché et à l’étranger »), une plate-forme de voyages à destination des jeunes étudiants et actifs, qui propose des bons plans selon leurs budgets et leurs envies.

300 000 abonnés sur les réseaux

L’entreprise organise le séjour de A à Z, des billets d’avion à la réservation d’hôtels, avec un prix souvent très avantageux. Créée en 2019, la start-up a permis d’organiser près de 200 000 voyages et réunit 300 000 abonnés sur les réseaux sociaux. Pour bénéficier des tarifs réduits, les voyageurs doivent débourser la somme de 4,99 euros par mois. « On est l’agence de voyages pour les CSP− », précise Mariam en riant.

Alors que 41 % des Français se disent prêts à ne prendre l’avion que quatre fois dans leur vie, le modèle de Broke and Abroad, qui propose des billets d’avion peu onéreux, semble être à contrecourant de l’époque. « Il y a trop peu d’offres dites “green” sur le site. C’est quand même une demande des voyageurs, y compris de ceux qui n’ont pas beaucoup d’argent », affirme Béatrice Jarrige, économiste des transports et membre du think tank The Shift Project. Dans un rapport publié en 2022, le groupe de réflexion sur la transition écologique indique que les voyages longue distance reposent à 90 % sur des modes de transport carbonés, comme l’avion et la voiture, qui émettent 41 millions de tonnes en équivalent CO₂ par an.

La créatrice de la plate-forme défend son modèle et assure promouvoir autant le train que l’avion pour les trajets en Europe. « Mais notre public cible a tout de même un souci d’argent et de temps, ils n’ont pas énormément de congés non plus. Leur faire prendre un train puis un bus puis un bateau pour aller au Sénégal n’aurait pas de sens pour eux », justifie-t-elle.

Mariam N’diaye grandit dans le quartier de Montgallet, dans le 12arrondissement de Paris. Ses parents, tous deux techniciens de surface, arrivent du Sénégal et de la Mauritanie dans les années 1980. En 1995, Mariam pointe le bout de son nez, huitième enfant d’une fratrie qui sera finalement composée de quinze frères et sœurs : « Je ne m’ennuyais jamais, j’avais tous mes amis chez moi. » Avec ses frères et sœurs, elle organise la « Mongallet Academy », sorte de parodie de la Star Academy. Chant, danse, théâtre, chacun y va de son talent. Etre née en huitième position dans une aussi grande famille présente des avantages : « J’ai pu faire tout ce que je voulais, notamment voyager. Ma sœur, qui devait s’occuper des plus jeunes, m’en voulait énormément. »

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Source : M Campus –  –  Le Monde

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