Mali – Libre d’abord, démocratique après / Par Mouhamadou Sy

Ce n’est pas être contre la France en tant que pays, et encore moins faire preuve d’hostilité à l’égard de son peuple, que de désapprouver sa politique de subordination à l’égard de certains pays africains si bien entretenue qu’il devient presque impossible de la remettre en cause sans paraître extrémiste.

Que l’Afrique ait sa part de responsabilité dans l’entretien de ces relations, à travers les nombreuses tares d’un bon nombre de ses dirigeants, reste un fait. Mais il s’agit d’un double-jeu idéologique, ou un pur opportunisme pour employer un vocabulaire plus pragmatique, de la part de la politique française de l’Afrique que de faire comme si sa vocation en Afrique était avant tout de veiller sur la démocratie. Elle qui a soutenu tant de dictateurs et a été, par ailleurs, citée dans maintes ruptures de pouvoir causées justement par des coups d’état.

Les conduites ont des conséquences. On ne peut pas faire affaire avec des dictateurs, c’est à dire des régimes typiques de l’anti-démocratie, les aider à maintenir un pouvoir qui, en plus d’être anti-démocratique, est le plus souvent cruel envers le peuple ou génocidaire sur une partie de celui-ci, et le lendemain se prévaloir des intentions démocratiques pures exemptes de tout doute.

Ceux qui diront que les actes d’hier devraient être confinés dans leur temps, faisant par la fi de leur continuité historique inévitable, devraient au moins être capables de mettre en perspective l’ensemble des actes « modernes » de cette prétendue nouvelle politique extérieure française qui se veut démocratique.

Exige-t-elle la démocratie en Arabie ? Mènerait-elle une campagne officielle désobligeante à l’égard de ses dirigeants parmi lesquels se trouvent des sanguinaires identifiés et des despotes confirmés ? Qu’en est-il de son discours officiel sur la Chine ?

Il y a plus qu’une ambition de démocratiser qui encourage un tel comportement. Il y a une motivation de domination, de vassalisation, de préservation d’un droit illégitime qu’elle s’est octroyée dans le temps au détriment de la souveraineté des pays en question.

Si le Mali refuse une telle condition, ce n’est que son honneur. Il n’y a aucune démocratie sans liberté. La liberté est la condition nécessaire de toute démocratie. Libre d’abord, démocratique après.

Dans un Mali libre je parlerai démocratie. Mais dans un Mali encore sous le joug d’un rapport de forces asservissant, ma voix portera sur la liberté. Un acte théoriquement anti-démocratique mais pratiquement libérateur est préférable à celui théoriquement démocratique mais pratiquement asservissant.

Maintenant, c’est aux Maliens, plus qu’à quiconque d’autre, de veiller à ce que cette voie dans laquelle ils se sont engagés aboutisse vraiment à la libération et à la démocratie. Et à leurs amis de les y aider.

Mouhamadou Sy

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