La France a-t-elle son George Floyd ?

Doria Chouviat, la veuve de Cédric, veut transformer la mort de son mari en cause.

« J’étouffe! » Le mot a été prononcé 7 fois. Comme une supplication. Trois policiers retenaient alors Cédric Chouviat au sol, non loin de la tour Eiffel. Un autre contrôle policier qui s’est terminé par la mort. Et depuis les appels à la justice retentissent. Comme à Minneapolis… les manifestations en moins.

Il n’y a pas d’images difficiles à regarder juste avant la mort de Cédric Chouviat. Les seules images publiques montrent une conversation animée entre des policiers et le livreur à moto. On entrevoit aussi le moment où ce dernier est immobilisé au sol.

Il n’y a pas non plus de mots horribles à entendre juste avant cette mort. Il n’y a pas de son sur les images fournies par les avocats de la famille Chouviat.

Tout ce que nous avons, c’est une transcription des vidéos enregistrées sur le téléphone cellulaire de l’homme de 42 ans. Ce 3 janvier, il portait son casque de moto. Le micro a capté ses derniers mots.

Des paroles venues jusqu’à nous par le biais de fuites au site Médiapart et au journal Le Monde.

J’étouffe!J’étouffe!J’étouffe!J’étouffe!J’étouffe!J’étouffe!J’étouffe!

La vie du père de 5 enfants a basculé en moins d’une minute, selon les informations fournies par ces enregistrements.

Le temps d’une dernière insulte envers les policiers. Le temps qu’ils le maîtrisent et le plaquent au sol.

Trois policiers pour retenir un homme de 42 ans. Tragique virage pour un contrôle routier qui aurait bien pu se terminer par une simple contravention.

 

Techniques d’interpellation controversées

 

La famille du livreur est convaincue que c’est la méthode utilisée par les policiers pour maîtriser Cédric Chouviat qui a tout précipité. C’est la clé d’étranglement qui a tué mon père, qui a engendré une fracture du larynx, assure Sofia Chouviat.

Placé derrière le livreur, un policier a utilisé son bras pour faire pression sur le cou de l’homme et le forcer par terre. Trois agents l’ont ensuite immobilisé en utilisant un plaquage ventral.

Les deux techniques sont permises en France, mais très controversées parce qu’elles peuvent mener à des asphyxies.

Et elles ont tué d’autres personnes en France soutient Me Arié Alimi, l’un des avocats de la famille Chouviat. Beaucoup d’autres personnes sont mortes du fait de ces techniques.

Christian Chouviat, le père du défunt, croit que le président français doit interdire ces deux pratiques. Et les interdire rapidement.

La clé d’étranglement lance-t-il. c’est un assassinat, il n’y a pas d’autre mot!  Et vous êtes dans le club des assassins si son utilisation demeure autorisée.

Des changements souhaités… plus tard

 

Plus tôt ce mois-ci, la France avait pourtant annoncé qu’elle allait interdire à ses policiers d’utiliser la clé d’étranglement. C’était une réaction aux manifestations françaises qui ont suivi la mort de George Floyd, cet Afro-Américain mort aux mains de la police à Minneapolis.

L’annonce a choqué plusieurs syndicats de policiers, qui ont manifesté leur désaccord de manière très visible. Ils s’estiment abandonnés, désarmés sans cette technique de maîtrise des individus.

Le gouvernement a rapidement effectué un recul stratégique. La clé d’étranglement est autorisée au moins jusqu’en septembre, le temps que les responsables identifient une technique alternative.

Pas assez pour la famille Chouviat. Pour l’instant, leurs énergies sont dirigées vers les décideurs. Ils n’ont pas lancé d’appel à manifester en grand nombre, comme on l’a vu aux États-Unis.

Un des avocats de la famille, Me William Bourdon, imagine tout de même d’un moment décisif pour la France. L’occasion de mettre un terme à un engrenage de méfiance et de violence entre citoyens et policiers.

Le mouvement des gilets jaunes a fait exploser des excès et du mépris des deux côtés. Des méthodes d’affrontement qui ont repris de plus belle dès la fin du confinement.

Doria Chouviat, la veuve de Cédric, assure vouloir transformer la mort de son mari en cause. Elle parle avec la sagesse d’une femme qui demeure digne dans la douleur.

Une mère qui sait combien souvent les Français à la peau foncée sont traités avec mépris, et violence par les policiers chargés de les protéger.

Il y a cette colère qui plane dans les rangs, explique Doria Chouviat. Il faut aider les policiers. Il faut les aider à ne pas devenir des meurtriers. Il faut les aider à prendre conscience de la valeur de la vie.

 

Source : Ici Radio Canada

 

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