Crise post-électorale Mauritanie : les chances d’un dialogue inclusif de l’opposition s’amenuisent

Le rapprochement entre l’opposition et le pouvoir est sans doute souhaitable dans ce contexte de crise post-électorale. C’est même la clé pour arriver à un dialogue inclusif et constructif. Mais la cacophonie enregistrée cette semaine avec la rencontre du candidat KHB avec le président sortant à l’insu des autres candidats pourrait faire voler en éclats cet espoir.

 

Si les observateurs attendent avec impatience le premier discours de l’ère Ould Ghazouani ils sont tout aussi surpris d’apprendre que le candidat KHB aurait rencontré le président sortant Ould Aziz à l’insu des autres candidats. Ce nouveau rebondissement grave pourrait voler en éclats ce qui reste de l’unité de l’opposition. Cette cacophonie ne plaide pas pour un dialogue constructif. Le dialogue inclusif attendu marche sur les pieds des 4 candidats malheureux.

Plus les mauritaniens s’approchent de l’investiture de Ould Ghazouani plus ils ont l’impression que leurs opposants confondent vitesse et précipitation. La crise post-électorale est devenue presque insupportable au moins pour l’instant pour le candidat de la coalition VE qui vient de faire cavalier seul. Un rapprochement avec Ould Aziz considéré comme une grave faute politique dans un contexte où toutes les conditions ne sont pas réunies pour un dialogue avec le pouvoir surtout avec un pouvoir en fin de règne. KHB emboîte ainsi le pas au candidat de la coalition IRA-SAWAB- TPMN qui avait initié seul un dialogue avec le même pouvoir. La situation est désespérée avec en plus la première force de l’opposition le parti islamiste qui concocterait en douce son rapprochement avec Ould Ghazouani. Ajouter à cela l’entêtement du candidat des forces du changement à s’accrocher sur ses mauvais résultats pour justifier le hold-up électoral alors que ses représentants et ceux des autres candidats ont signé les procès-verbaux des commissions électorales.

Cette dispersion de l’opposition compromet dangereusement une chance d’un dialogue inclusif et constructif pourtant possible avec le nouveau pouvoir parce que les conditions posées ne sont pas insurmontables : libération de tous les détenus post-électoraux, l’arrêt des poursuites judiciaires élargi même aux opposants exilés et dans le pays.

Au final c’est une opposition qui veut le beurre c’est-à-dire le dialogue et l’argent du beurre c’est-à-dire sans reconnaître sa défaite. Autrement dit la victoire de Ould Ghazouani. A la défiance de l’opposition le nouveau chef de l’Etat a l’opportunité d’inverser la tendance en s’appuyant sur la confiance base de toute négociation contrairement à son prédécesseur. Certes c’est une œuvre de longue haleine mais le nouvel homme fort du pays est appelé in fine à tourner la page de l’autoritarisme pour sauver la démocratie. Il a 5 ans pour y arriver. Et 5 ans pour l’opposition pour refaire sa santé.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya le 25  juillet 2019)

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