En Afrique, les “villes du futur” oublient les populations locales

Depuis 2010, les projets de nouvelles villes intelligentes fleurissent sur le continent africain, comme celles de l’acteur Idris Elba ou du chanteur Akon. Mais beaucoup échouent car ils n’ont pas su répondre aux demandes des populations locales.

Courrier international – Deux mille euros par mois, c’est le loyer le plus bas d’un appartement dans la nouvelle ville d’Eko Atlantic City, en construction à Lagos, selon le site d’annonces immobilières Nigeria Property Centre. Pourtant, au Nigeria, la moitié de la population vie avec moins de 58 euros par mois.

En Afrique des projets de villes et de quartiers nouveaux appelés “smart cities” se multiplient. Mais, pour l’hebdomadaire britannique The Economist, il est clair qu’“aucune ville nouvelle ne répondra directement aux besoins des citadins pauvres d’Afrique. Certaines ne prétendent même pas vouloir le faire.”

En 2022, dans un article de la MIT Technologie Review, deux chercheurs définissaient “les usages urbains des technologies, souvent de pointe et innovants”, comme la caractéristique principale des smart cities. Ces dernières sont perçues par beaucoup comme une solution au taux d’urbanisation croissant du deuxième continent le plus peuplé du monde. “Alors que les villes sont pleines à craquer [en Afrique], les partisans de la construction de nouvelles villes ‘intelligentes’ à leur périphérie affirment depuis longtemps que cela contribuerait à atténuer ce genre de problèmes”, explique The Economist.

Selon le Daily News Egypt, “promoteurs immobiliers et gouvernements ont mis la main sur plus de 2 milliards de mètres carrés de terrain – soit plus de 514 milliards de dollars – afin de créer de nouvelles villes”. Une initiative qui concerne également des stars internationales issues de la diaspora africaine : l’acteur Idris Elba a lancé son projet de développement de l’île Sherbro en Sierra Leone, et le chanteur de R’n’B Akon rêve d’une Akon City au Sénégal. Cette cité, surnommée “Wakanda de la vie réelle” par son initiateur, a vu ses travaux prendre beaucoup de retard, comme d’autres smart cities avant elle.

Des nouvelles villes pour quels habitants ?

 

Pourtant, bon nombre de ces projets ont déjà échoué en Asie comme en Afrique et semblent décorrélés des besoins des populations locales. C’est le cas de Diamniadio, dont le chantier a débuté en 2015 au Sénégal près de Dakar. Macky Sall, alors président du pays, vantait les mérites d’une ville “futuriste” qui accueillerait “les différentes branches du gouvernement, le siège régional de l’ONU et des stades internationaux”, selon Voice of America-Afrique (VOA-Afrique).

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D’après le média sénégalais Senego, en créant cette ville, le chef de l’État a “augmenté les problèmes de mobilité à Dakar” et intensifié les embouteillages. De plus, il s’est montré “mégalomane” en préférant créer des stades dans cette nouvelle ville, alors que des villes voisines “pouvaient les abriter”. En 2019, Diamniadio n’accueillait que 28 000 des 350 000 habitants attendus pour 2030-2040.

Un autre exemple concerne un projet de smart city à Maurice, sur lequel le média américain Quartz écrit : “Le projet pourrait se heurter à la résistance des Mauriciens. Car, pour eux, il existe des problèmes plus urgents, et méritant davantage de bénéficier d’aides dans le pays, que ces projets d’infrastructures coûteux, susceptibles de ne profiter qu’à une minorité.”

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Source : Courrier international

 

 

 

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