La diaspora se souvient contre toute attente que les réfugiés du Sénégal ont initié le 25 avril 2014 une longue marche de plus d’une semaine de Boghé, une ville au sud du pays jusqu’ à Nouakchott ouvrant ainsi une page historique dans la cohabitation. Une commémoration qui intervient dans un contexte favorable à une alternance démocratique en Mauritanie. L’occasion pour la diaspora d’interpeller les candidats à la présidence pour la relance du processus du règlement du passif humanitaire interrompu par le président mauritanien.
Devoir de mémoire. Le 4 mai 2014 symbolise en effet la date d’arrivée triomphale à Nouakchott des marcheurs des réfugiés partis de Boghé le 25 avril. Ils étaient nombreux à braver la chaleur, la soif et la fatigue pour parcourir les 400 km. Des jeunes et des personnes âgées se relayant chaque jour pour atteindre leurs objectifs. Ils entendaient protester contre leurs conditions d’accueil précaires depuis qu’ils sont revenus au bercail en 2008 et le silence des autorités de Nouakchott sur leur avenir. Abandonnés dans des camps de fortune avec leurs progénitures sans eau ni électricité ils demandaient surtout à être reçus par le président mauritanien qui avait promis en 2009 de régler le passif humanitaire.
Malheureusement cette marche historique s’est vite transformée en cauchemar. Ould Aziz tourna ainsi le dos à leurs revendications et pire cassa le mouvement de la révolte en faisant intervenir les gradés afro-mauritaniens de l’armée issus de Boghé. Une marche tuée dans l’œuf et finalement qui aura servi à renforcer le pouvoir dans son déni de justice et de surdité sur la réconciliation nationale. L’occasion pour la diaspora d’interpeller tous les candidats à la présidence pour le scrutin du 22 juin d’inscrire en lettre majuscule la réconciliation nationale dans leur programme au moment même où le collectif des rescapés militaires de 89 à91 relance ce processus dans le cadre d’un rassemblement devant la présidence cette semaine dans la capitale mauritanienne. Et sur le terrain c’est le candidat abolitionniste Ould Abeid qui entame une pré campagne dans la vallée. Ce 5ème anniversaire de la marche des réfugiés du Sénégal aura plus de sens si les tribunaux belges et français accélèrent les plaintes déposées depuis des années contre Ould Taya pour crime contre l’humanité.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 05 mai 2019)
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