L’édito de kassataya : Marcher c’est bien, agir c’est mieux !

 

Oui, nul doute que marcher est une bonne chose aussi bien pour la santé que pour dénoncer une situation anachronique, montrer son indignation ou faire part de sa désapprobation.

Et il n’y a pas plus noble que de marcher contre la haine, les discriminations et le racisme. Mais il faut savoir avec qui marcher? Et au-delà des slogans creux, il faut savoir quoi faire des dividendes de cette marche.

 

Initier une marche à quelques mois de la fin de deux mandats de 5 ans du président Mohamed Ould Abdel Aziz n’est-il pas un aveu d’échec d’une action politique qui n’a pas su redéfinir les bases du vivre ensemble et de la cohésion nationale.

Pourquoi le gouvernement en appelle aujourd’hui à cette marche contre le racisme, la haine et les discriminations ? La Mauritanie est-elle aujourd’hui plus menacée dans son existence qu’hier ? Si oui, pourquoi? Qu’avons nous fait ou plutôt que n’avons-nous pas fait pour en arriver là?

Des observateurs de la scène politique mauritanienne ont le rire jaune, car surpris que cette marche soit initiée par le gouvernement, alors qu’il lui est reproché d’être à la source d’un racisme d’Etat.

Pourtant un de mes amis de la majorité présidentielle ne comprend pas un tel reproche, car il considère que le président sortant, Mohamed Ould Abdel Aziz est celui qui a fait le plus pour l’égalité et pour consolider le vivre ensemble en pansant les plaies béante de différentes communautés.

Rappelle-toi me dit-il de la prière du pardon à Kaedi, du retour organisé des réfugiés, de la création de l’ANAIR, de l’indemnisation des veuves, des rescapés et ayants droit, de la criminalisation de l’esclavage, de la création de tribunaux spéciaux contre l’esclavage et de la création de l’agence Tadamoum.

Et il finit en me disant, nous on agit, nous ne sommes pas des agitateurs !

 

C’est là qu’un autre ami qui fait partie du groupe dit « des agitateurs » m’interpelle en me disant que l’énumération de notre ami en commun n’est que de la poudre aux yeux, un attrape budget avec les bailleurs de fonds, une soupe servie à la communauté internationale. Et de façon solennelle, il renchérit, tu sais cher ami, l’ensemble de ses mesures ne sont pas suivi d’effet car il y a une manifeste absence de volonté politique. Les faits sont têtus et la réalité crève les yeux, ici, me dit-il même les aveugles voient la rupture communautaire.

En guise d’illustration, il me parle de cette ligne de démarcation communautaire! Tu sais, soutient-il, la fameuse avenue Gamal Abdel Nasser sur laquelle aura lieu cette fameuse marche contre la discrimination sépare le peuple mauritanien.

Et notre ami de rajouter, d’un côté l’insolente opulence de l’autre la triste misère. D’un coté des citoyens a part entière et de l’autre des citoyens entièrement à part, des citoyens de seconde zone. D’un côté l’éclairage public, de l’autre on s’éclaire à la lune. D’un côté la liberté d’aller et de venir, de l’autre les rafles incessantes. D’un côté les berlines et les 4/4 de l’autre la ferraille. Voilà cher ami ce qui creuse les frustrations et nourrit la haine. C’est l’absence d’égalité devant les charges de l’Etat qui fait le lit du racisme, des discours haineux et de l’extrémisme.

 

C’est ainsi qu’un autre ami centriste vient se joindre à la discussion pour dire à ces deux fils de la Mauritanie, qu’ils ont raison tous les deux. Qu’il y a des acquis, il faut les consolider et en profiter pour demander davantage afin de construire, à la veille d’une probable alternance politique, une nouvelle Mauritanie.

Et c’est là que je me suis souvenu de cet échange que j’ai eu avec un groupe d’ami sur Watsapp. Un des membres avait posé une question fondamentale, à savoir quel est le défi principal auquel la Mauritanie doit faire face? Après un échange riche et dès fois musclé, il ne ressortait des différentes contributions qu’une interrogation, que voulons-nous (Mauritaniens) faire ensemble ? Avons-nous, nous mauritaniens, un projet de société en commun? Voulons-nous faire société ensemble dans notre diversité ?

Si la réponse est positive, jaillissait de ces échanges, la nécessité de se faire des concessions mutuelles afin de construire une nation qui regarde dans la même direction en s’accordant sur les questions essentielles afin de pouvoir relever les autres défis tels que l’accès à une éducation de qualité,  à la santé, à une meilleure redistribution sociale, à des infrastructures solide, à une justice forte et moins influencée.

 

Tout cela dans le respect de la diversité et des des particularités culturelles et linguistiques de chacun avec une réelle justice sociale et une solidarité transcommunautaire afin d’honorer une fois pour toute la devise de notre État, à savoir, Honneur, Fraternité, Justice.

 

 

Diallo Saidou Dit Thierno 

kassataya

07/01/2019

 

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