La Mauritanie est actuellement secouée par de très fortes crispations identitaires et sociales qui perturbent le vivre ensemble. La marche prévue ce mercredi contre les discours extrémistes et les pratiques discriminatoires liées à la couleur de la peau (racisme) est perçue comme l’amorce d’une réelle prise de conscience concernant la cohabitation communautaire.
Le vivre ensemble suppose la reconnaissance, le respect l’affirmation et l’expression PACIFIQUES de la pluralité des identités culturelles. Cette reconnaissance est consacrée par la Constitution mauritanienne et il faut la respecter afin que tous les citoyens aient ACCES à toutes les prestations républicaines.
Inscrire une revendication identitaire dans un cadre républicain ne peut et ne doit se faire que de manière pacifique. La tolérance de la singularité des expressions culturelles participe du renforcement et de l’ancrage de la culture démocratique en Mauritanie.
La cohésion sociale a pour pilier le respect des droits culturels c’est-à-dire des droits ayant trait à la reconnaissance et à l’affirmation des identités culturelles. Je ne cesse de clamer toutes ces années que pour renforcer le sentiment d’appartenance, source de cohésion sociale et de fierté culturelle, chaque groupe ethnique ou communauté culturelle doit constater la valorisation des ses symboles culturelles dans la gestion de l’espace public.
Pour illustrer cette qualité de la gestion de l’espace public, on peut par exemple faire de telle sorte que l’avenue Imam Hadrami soit parallèle à celle Thierno Souleymane BAL. Il faut aussi que les lieux de diffusion du pouvoir, de la justice, reflètent la diversité culturelle mauritanienne.
C’est dire que l’esprit de la marche contre les discours extrémistes et les pratiques racistes (discrimination liée à la couleur de la peau) va dans le sens de la préservation du vivre ensemble hérité de nos ancêtres.
Cependant, pour donner à la cohésion sociale un sens et un contenu concret et visible, il falloir aller au delà de la proclamation de foi. Mieux, il va falloir rendre effectif le principe républicain de l’égalité des citoyens et compenser les inégalités sociales autrement dit réconcilier les deux manifestations de la justice.
« Gouverner c’est maintenir les balances de la justice égales pour tous » selon Roosevelt et Rawls de rajouter « Egalité des droits et compensation des inégalités tels sont les deux principes de la justice.» Autant on doit combattre les revendications identitaires extrémistes et autant on doit combattre la phobie de la diversité culturelle en Mauritanie.
Abdoulaye Doro Sow
Facebook – Le 05 janvier 2019
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