Au Koweït, un cimetière des livres interdits

“En protestation contre les abus de la censure, l’artiste Mohamed Charaf, 37 ans, a installé un cimetière des titres interdits”, sur un terrain qui jouxte le Salon du livre qui se tient du 14 au 24 novembre au Koweït, rapporte le quotidien koweïtien Al-Jarida, journal emblématique des forces libérales du pays.

 

“Les deux cent vingt tombes, avec autant de titres de livres de toutes sortes, sont représentatives des 4500 livres qui ont été interdits depuis cinq ans”, rappelle le journal.

Parmi les auteurs censurés se trouvent jusques et y compris des écrivains koweïtiens à succès, tels que Saoud Al-Sanoussi, qui a remporté le prix littéraire du Booker arabe pour “La Tige de bambou” (non traduit en français) en 2013. Mais aussi, Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo. Ou encore Les Frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski.

Si la censure a pris de telles dimensions, c’est largement du fait de la pression de députés islamistes au Parlement, mais aussi d’un ministre de l’Information notoirement incompétent, Mohammad Al-Jabri. Il s’était distingué en 2014, député à l’époque, en demandant aux autorités d’empêcher un certain “philosophe et poète Jalal Eddine Al-Roumi d’organiser une soirée, avec danse et d’autres choses du genre qui sont contraires à nos traditions”. Il avait ainsi étalé au grand jour son ignorance, puisque la personne en question est un penseur musulman, soufi, qui vécut au XIIIe siècle.

L’œuvre du jeune artiste a réussi à faire parler les médias et relancera très certainement la mobilisation croissante de la société civile contre la censure. Il n’en reste pas moins que “cette protestation contre les excès de la censure n’a pas eu l’heur de plaire au censeur. Celui-ci s’est dépêché d’en effacer la moindre trace” au lendemain de son installation, précise Al-Jarida.

Philippe Mischkowsky

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