PORTRAIT. Qui est Sidy Diallo, l’homme qui a couru pieds nus à Rouen son 164e marathon ?

Le diplomate Sidy Diallo a couru 164 marathons, dont 29 pieds nus. Il était sur la ligne départ à Rouen, dimanche 16 septembre 2018. Il l’a terminé en moins de 4h, sans blessure.

Ne lui dites pas qu’il est « un grand malade », il vous répondra qu’il est « un grand sage ». Après avoir couru 42,195 kilomètres durant le marathon de Rouen (Seine-Maritime), dimanche 16 septembre 2018, Sidy Diallo assure qu’il n’a pas mal :

C’est comme si je n’avais rien fait. Je pourrais le refaire en sens inverse.

Pourtant, les nombreux spectateurs le long de la course serraient des dents à son passage. Et pour cause, cet habitant de la région parisienne, âgé de 63 ans, courait pieds nus, à l’image d’Abebe Bikila qui avait remporté le marathon olympique de Rome en 1960, dans les mêmes conditions. Ce diplomate de métier a terminé en 3 heures et 58 minutes son 164e marathon, dont 29 passés les pieds à l’air libre.

Tous les week-ends, un marathon

 

Sidy Diallo est un sportif chevronné. Depuis qu’il est revenu du Suriname, début septembre, où il occupait le poste de premier conseiller à l’ambassade de France, cet athlète de Montigny-le-Bretonneaux (Yvelines) a un planning bien chargé : un marathon tous les week-ends. Vendredi 21 septembre, il sera à Montréal (Canada) pour son 30e marathon, sans chaussures.

« Avant d’aller au Suriname, je courais beaucoup. De nombreux amis ou personnes qui me suivent via mon blog, pensaient que j’étais malade, mais j’étais juste enclavé », justifie avec humour ce sexagénaire. Maintenant qu’il est revenu en France, en attente d’affectation par le ministère des Affaires étrangères, il va pouvoir intensifier le rythme.

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« Pourquoi courir avec des chaussures ? »

 

Pour lui, courir sans protection est devenu naturel. « Ça me fait mal de voir des coureurs souffrir avec des chaussures à 150 euros », se gausse le marathonien. Quand vient la question fatidique, « pourquoi courir sans chaussures ? », lui répond subtilement : « Je retourne la question. Pourquoi courir avec des chaussures ? Notre corps est adapté pour courir de longues distances. Pendant trois millions d’années, les hommes ont couru pour chasser, les pieds nus. Si nos ancêtres avaient couru avec les chaussures de sport d’aujourd’hui, ils n’auraient peut-être pas eu les mêmes résultats… »

Le coureur incite tout le monde à « rejoindre la tendance », comme l’indique son slogan floqué sur son T-shirt. « Avant, on chassait pour manger, maintenant, on court parce qu’on mange trop. » Il s’est donné cette « mission sociale », pour un retour à l’essentiel. « Au quotidien, je fais semblant d’aller chasser et je sors courir. Je ne fais pas de plan d’entraînement. Courir pieds nus est devenu une activité normale. »

« Mes pieds n’étaient pas prêts, c’était tragique »

 

 

Celui qui est originaire d’une ethnie nomade de Guinée, les Peuls, n’a pas toujours couru sans semelle. Sidy Diallo a commencé tardivement la course. « Comme la plupart des gens, je trouvais ça fou de courir. » Mais ça, c’était avant. En juin 2010, alors qu’il est consul adjoint de France à Chicago, il décide de participer à un 5 km mettant en l’honneur la fête Nationale française. Le virus a été inoculé à ce moment-là. Quatre mois plus tard, il tente le marathon de Chicago. « Ce n’est pas à faire », prévient le diplomate, tellement il a souffert. Mais l’athlète persévère et s’améliore jusqu’à participer à des Ultramarathons de 90 km (il en a bouclé 12 depuis 2010). Cinq ans après Chicago, il se lance le défi de fouler le sol de ses seules voûtes plantaires.

Et il a fallu du temps avant que ses membres inférieurs acceptent se subir cette nouvelle « tendance ». Sa première fois ? Le marathon de Zagreb en Croatie, en octobre 2015. « Une très mauvaise expérience, se souvient ce fonctionnaire du Quai d’Orsay. Mes pieds n’étaient pas prêts, c’était tragique. » Ils étaient anesthésiés par le froid et la pluie. Ils ont à ce point gonflé qu’il ne pouvait plus mettre de chaussettes…

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Équipé de chaussures minimalistes au Quai d’Orsay

 

« Maintenant, je marche beaucoup. J’ai compris qu’il fallait recommencer à zéro pour courir pieds nus, comme pour un enfant. » Aujourd’hui, plus rien de l’arrête, même pas la forêt du Rouvray, passage obligé du marathon de Rouen. Pourtant, « les cailloux, c’est très méchant », résume en rigolant celui qui est aussi médecin.

Au travail aussi, le diplomate a imposé son nouveau style. Il déambule dans les couloirs du ministère avec de simples chaussures minimalistes, « comme des gants ». Aucun règlement ne peut l’interdire, faute de l’avoir anticipé. Au quai d’Orsay comme sur les lignes de départ du monde entier, la tenue rudimentaire de Sidy Diallo est maintenant acquise. De là à devenir la norme ?

Suivez les exploits de Sidy Diallo sur son blog, à l’adresse https://www.sidy42k.com/

Source : Actu.fr

 

 

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