Le Maghreb des tranchées et des grillages a pris le dessus sur le projet d’union régionale

L’Union du Maghreb arabe se distingue chaque jour par une course effrénée à l’hermétisation des frontières, notamment entre le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye. Détails.

Le rêve de l’intégration maghrébine a cédé la place au Maghreb des barbelés et des tranchées plus rapide à ériger qu’une union régionale. Et cela ne concerne plus seulement le Maroc et son voisin de l’Est. La folie des barricades frappe, désormais, les autres pays.

Au motif de défendre les infiltrations de groupes terroristes et dans le sillage des attentats du musée du Bardo (18 mars 2015) et de Sousse (26 juin 2015), la Tunisie avait entrepris la construction d’un mur de sable avec la Libye. Une construction artisanale dépourvue de caméras de surveillance et de détecteurs de mouvements. Résultat : elle n’a pas empêché des éléments de Daesh de prendre le contrôle de la ville de Ben Guerdane pendant quelques heures en mars dernier, située à seulement à 32 km de la frontière libyenne.

Une attaque prise très au sérieux par le voisin algérien. Pour parer à de telles incursions, il a lancé des travaux de réalisation de tranchées de six mètres tout au long de sa frontière avec la Libye.

Seule la Mauritanie échappe à la contagion

Le danger en provenance de la Libye est particulièrement imminent, notamment après l'intensification des frappes aériennes américaines et européennes sur les positions de l'antenne locale de Daesh. L’organisation est par ailleurs sur le point de perdre Syrte, son principal bastion tombé entre les mains de ses combattants au printemps 2015. Ces revers pousseront certainement les djihadistes à chercher d’autres sanctuaires au-delà de la Libye ; les déserts de la Tunisie et de l’Algérie pourraient servir de refuges.

A l’ouest du Maghreb, le Maroc et l’Algérie se livrent depuis trois ans une course effrénée aux constructions de tranchées et de grillages sous surveillance électronique. Dernière innovation, un mur en béton armé érigé par Alger sur sa frontière avec Rabat. Chaque partie a ses propres arguments pour justifier de grosses dépenses dans l’hermétisation des frontières : l’Algérie avance la lutte contre la contrebande et le trafic de drogue, tandis que le Maroc brandit le combat contre l’immigration clandestine et le terrorisme.

Se barricader des dangers résulte parfois d’une volonté commune : en 2013, les gouvernements algérien et tunisien avaient convenu de la construction de tranchées tout au long de leurs frontières pour empêcher le passage d’éléments terroristes.

Dans cette course au blindage des frontières, seule la Mauritanie reste en retrait. Non pas qu’elle soit épargnée du danger terroriste, mais faute de moyens pour ériger des fortifications modernes sur ses longues frontières poreuses.

 

Source : Yabiladi (Maroc) Le 1 septembre 2016

 

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