L’enrôlement en Mauritanie… Visées politiques discriminatoires

L'Organisation des Travailleurs Mauritaniens de France OTMF et la Diaspora Mauritanienne en France

 

 Des dizaines de milliers de citoyens mauritaniens en France et dans le monde alertent l'opinion publique sur les nouvelles conditions qui leur sont faites.

 Historique du recensement en Mauritanie

 Le recensement de la population lancé le 28 novembre 2012 en Mauritanie par le gouvernement en vue de doter notre pays d'un fichier d'état-civil plus fiable dans le prolongement de 1998, s'est révélé, dans ses conditions et modalités d'applications, humiliant et discriminant contre les Mauritaniens noirs.

 Dès le début du recensement, il était constaté que le systématisme du recensement à des fins politiques tendait à écarter notamment la population noire de Mauritanie, toutes tendances confondues, en mettant ses ressortissants en position de présumés étrangers dans leur propre pays. C'est ce qui explique les violentes contestations ayant eu lieu en Mauritanie faisant des victimes, en particulier des enfants, dont le jeune Lamine Mangane, 17 ans, sauvagement abattu par des policiers lors d'une manifestation contre l'enrôlement ) Maghama, dans le sud du pays. Cet enrôlement a été contesté dans sa méthode discriminatoire en France, en Europe, aux États-Unis et partout dans le monde.

 Contexte actuel en France

 C'est dans ce contexte particulièrement lourd qu'une commission de recensement a été créée en France. Cette commission logée dans les bureaux de l'ambassade de Mauritanie a commencé ses opérations d'enrôlement. Ces opérations se sont révélées humiliantes, juridiquement contestables et politiquement condamnables.

 Cette commission oblige le Mauritanien venant de quatre coins de France et d'Europe à se confiner dans des lieux insalubres, femmes, enfants, vieillards compris dès 5 heures du matin pour une cinquantaine retenue par jour de travail, les autres renvoyés chez eux sans explications ni rendez-vous possibles, le tout dans des conditions humaines inacceptables de gêne sur la voie publique et pour les voisins faute de pouvoir d'organisation et d'information claires de la part de l'ambassade de Mauritanie.

 Ensuite, les conditions exigées aux Mauritaniens de France et d'Europe ne nous paraissent pas acceptables parce que ladite commission exige pour procéder à l'enrôlement, que le candidat soit en possession d'une carte de séjour établie par les autorités françaises. Or, nous considérons que le citoyen en possession d'un passeport, d'une pièce d'identité ou même d'une copie intégrale établie valablement par les autorités mauritaniennes compétentes doit pouvoir se faire recenser d'autant plus que ce dernier se déroule dans l'enceinte de l'ambassade. La question est de savoir : comment un pays qui, pour justifier de la véracité des documents qu'il a lui même établis, doit demander le titre de séjour d'un pays étranger ? Ce qui nous permet aujourd'hui de nous poser de sérieuses questions sur l'indépendance de notre administration nationale.

 L'exigence de la carte de séjour a en effet pour conséquence d'écarter du recensement des catégories entières de Mauritaniens :

 1./ les Mauritaniens dont le titre de séjour est en cours de renouvellement, qui ne pourront les retirer faute de pouvoir présenter le nouveau passeport et qu'ils ne pourront avoir faute d'avoir été recensés ;

 2./ les Mauritaniens qui sont en cours de régularisation de leur situation, et qui ne pourront avoir leur titre de séjour que s'ils présentent un passeport qu'ils ne pourront avoir faute de recensement ;

 3./ les Mauritaniens qui n'ont pas de titre de séjour, disposant de pièces d'identité valablement établies par les autorités mauritaniennes.

 Nous constatons avec regret qu'aussi bien en Mauritanie qu'ici, ce recensement vise à écarter le maximum de Mauritaniens noirs du registre d'État-civil donc à terme, de nous priver de la nationalité mauritanienne pour devenir malgré nous des apatrides. Nous avons identifié beaucoup d'expatriés mauritaniens noirs qui ne peuvent plus voyager faute de passeports, d'autres qui devraient renouveler leur titre de séjour en France et qui vont par conséquent tomber dans la clandestinité avec toutes les conséquences qui en découlent.

 Forts de ce constat, la Diaspora mauritanienne en France et l'Organisation des Travailleurs Mauritaniens en France :

 – exigent la suppression immédiate et sans délai de la carte de séjour pour le recensement des Mauritaniens de France.

 – demandent à notre ambassade de prendre des mesures immédiates pour assurer le recensement dans des conditions acceptables qui respectent la dignité des Mauritaniens en France.

 – dénoncent avec force et conviction le caractère discriminatoire et épuratoire de ce recensement et exigent que soit mis fin sans délai à cette situation avant qu'elle ne devienne incontrôlable.

 – informent le ministère de l'Intérieur des risques de désordre public qui serait provoqué par le comportement des autorités mauritaniennes à Paris.

 – attirent l'attention de la communauté internationale, et l'Union Européenne en particulier, de la volonté de notre gouvernement mauritanien de nous priver de notre droit en tant que citoyens mauritaniens.

 Enfin, un appel solennel est lancé à toutes les forces vives de la nation, aux amis et sympathisants, aux organisations syndicales et de défense des droits de l'Homme de se mobiliser afin de mettre fin à cette situation humainement, juridiquement et politiquement inacceptable.

 Paris, le 26 octobre 2013

 Contact : morosidib@yahoo.fr ou 06 52 91 58 69

 

Source : http://www.mediapart.fr/

 

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