Mauritanie: l’AJD remet la réconciliation nationale au coeur de la question nationale

(Bakala Kane. Crédit photo : B. Kane)

Le parti mauritanien de l’Alliance pour la Justice et la Démocratie demande au gouvernement de Ould Laghdaf de mettre fin à l’expropriation des terres des populations de la vallée du Fleuve Sénégal et lance un appel aux parlementaires pour un nouveau projet de loi abrogeant l’amnistie en 93 accordée aux criminels des soldats négro mauritaniens et civils lors des évènements de 89 à 91.

C’est ce qui ressort du dernier conseil national réuni cette semaine à Nouakchott.

Et c’est sans surprise que le conseil national d’un des partis mauritaniens le plus populaire des couches négro mauritaniennes vient de relancer la réconciliation nationale au coeur des débats sur la question nationale. En préconisant le retour des réfugiés maliens et la reprise du rapatriement des déportés au Sénégal qui continuent de vivoter dans la capitale sénégalaise malgré des grèves de faim répétées il y a plusieurs mois,l’AJD/MR reprend les choses en main et fait du règlement du passif humanitaire un des ses principaux chevaux de bataille pour les prochaines législatives et municipales. Son président Ibrahima Sarr sait en incarner tous les contours. A la tête du parti depuis 2007, il a tenté ces dernières années de s’ouvrir vers le parti majoritaire l’UPR en y mettant les pieds mais pas pour longtemps parce que toutes les questions sur la cohabitation en Mauritanie ont été reléguées aux calendes grecques et pire le régime de Ould Aziz a tourné le dos à la réconciliation nationale alors qu’il s’agissait de réconcilier tous les mauritaniens avant d’envisager quoique ce soit .Le conseil national du parti réuni cette semaine à Nouakchott a tiré la sonnette d’alarme pour d’abord mettre fin à l’expropriation des terres des populations du Sud c’est à dire la vallée du Fleuve Sénégal d’où Ibrahima Sarr est originaire et reste l’une des figures politiques incontournables même si aujourd’hui sa côte de popularité a un peu baissé après la déroute des présidentielles de 2009 où il est arrivé en 5ème position. Pas étonnant que l’enfant du Fouta avec son franc parler et ses nombreuses initiatives sur le débat linguistique ait profondément changé ces dernières années la forme comme le fond de la politique nationale. En effet Ibrahima Moctar Sarr a toujours pris position et proposé des solutions à chaque fois qu’une question nationale est soulevée. Sur la résurgence de l’esclavage par exemple,l’Alliance n’y est pas allé par plusieurs chemins en demandant l’application effective de la loi criminalisant ce fléau. L’expérience montre qu’il faut compter avec le leader de l’Alliance même si étrangement ce journaliste de formation et enseignant à la base et grand défenseur des langues nationales a l’air souvent de trublion invétéré. Les observateurs ont du mal à comprendre les compromis incessants avec le pouvoir en place. Cependant le président de l’AJD reste sensiblement très pertinent et convaincant sur le passif humanitaire, un des points cardinaux de l’instance dirigeante de l’AJD/MR qui en appelle à l’issue du dernier conclave au devoir de vérité de mémoire et de justice pour régler ce passé douleureux. C’est clair l’Alliance ne prône pas la violence mais au contraire un dialogue avec tous les mauritaniens dans le cadre d’une véritable commission de Vérité et Réconciliation pour sortir de cette impasse depuis plus deux décennies. Même si aujourd’hui les indemnisations des victimes civils des déportations ont été entamées par le régime de Ould Aziz il n’en demeure pas moins que seul l’argent ne règle pas la réconciliation nationale. Cette démarche gouvernementale est de nature à diviser les victimes et de cacher l’autre partie invisible de l’énorme iceberg. L’AJD est consciente de cette réalité et vigilante quant à la suite de ce processus déjà très critiquée par les premiers bénéficiaires eux-mêmes .Enfin autre signal fort, le renouvellement du bureau politique avec l’entrée de quatre nouvelles personnalités dont une de la diaspora en France. Signe de la vitalité d’une démocratie au sein de l’AJD/MR.

Bakala Kane{jcomments on}

(Reçu à Kassataya le 16/12/2012)

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