Torpeur d’hivernage

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{jcomments on}L’hivernage possède sa torpeur, l’esprit s’y englue, les sens s’y délassent, et on a comme l’impression que le temps essoufflé par sa course folle, se repose un instant. Mais un déclic, un flash, un coup de fil traversent de temps en temps l’interstice fragile qui vous sépare des choses pour vous ramener vers les fureurs du temps et à la fragilité des êtres.

C’est une clameur d’abord qui m’a réveillé, des cris d’agneaux assassinés, la folie qui tue les enfants. Qu’est t il arrivé à notre société, quels dérèglements nous ont dérangé les esprits et les cœurs ? Même notre folie n’est plus la même, elle est devenue abjecte, notre folie, elle n’est plus gaie, elle n’est plus innocente, elle se vautre maintenant dans le sang des cœurs innocents. Je ne sais pas imaginer une folie qui tue les enfants. Mais de l’autre coté il y a des chansons. C’est comme cela la vie : le sang des innocents versé et aussi les chansons. C’est du coté de Ain Farba qu’ont résonné les sons. Ain Farba c’est un petit coin, volé au paradis et qui possède la plus belle rivière de sable qui soit, et des palmeraies des plus harmonieuses et aussi (quelle richesse !) la gaité de chaque instant. Ain Farba a abrité le Premier Septembre un Festival de musique et d’art, je pleure de ne pas y être allé. Il parait que c’était grandiose et beau et que le promoteur, un fils du bled, Brahim Ould Cheikh Ahmed s’y est surpassé. Aoujeft ce n’est pas tout à fait Ain Farba. Ici on y est plus sobre, plus traditionnel, plus tourné peut être vers l’ailleurs. L’Association Chems Eddine que préside notre excellent confrère Seni Ould Abdawa a organisé un festival culturel à Toungad dans le département d’Aoujeft. A ceux qui ne connaissent pas Toungad,je ne dirai rien. Rien. Seulement qu’ils devraient courber la tète et se taire. Toungad..non, inutile d’expliquer Toungad,il faut y être allé seulement . Le Festival était tout tourné vers les jeux traditionnels et la musique des oueds, Tout Aoujeft et Seni Ould Abdawa sont tournés vers les choses anciennes. Tiens, ils réclament également un statut de ville ancienne… et ils ont des arguments, trop longs à développer ici…
Revenons aux douleurs. C’est la disparition d’un érudit qui a également réveillé ma torpeur. Mohamed Maouloud Ould Daddah. Je l’ai très peu connu. Je l’ai rencontré une seule et unique fois Je voulais en savoir plus sur une princesse, originaire de chez nous et qui a régné longtemps sur un grand pays du Maghreb. Sur ce sujet où la documentation est très maigre, il a montré une admirable érudition. J’ai été frappé par sa simplicité, son sourire, et l’espèce d’éloignement qu’il montre vis-à-vis d’un sujet par ailleurs passionnant. La rigueur alliée au savoir. Rahimahou Allah. C’est ce qu’on doit dire.
Autre douleur doublée cette fois-ci d’une terrible colère : l’assassinat de sang froid par une armée malienne en déroute de 16 pacifiques prêcheurs de la « Da’wa islamique » La « Da’wa » est une espèce de confrérie qui appelle au retour aux valeurs islamiques et refuse toute forme de violence comme d’ailleurs toute implication dans la chose politique. L’assassinat de ces « missionnaires » de l’Islam est un merveilleux cadeau offert aux djihadistes et à tous les extrémismes. Nous vivons en Barbarie.
Voilà, ma torpeur ne saurait s’éterniser quand autour de moi tout se met à crier. Le monde est fou et nous n’en sommes que les jouets. Mais nous possédons trois armes contre lesquels les folies vont toujours buter : la foi, le rêve et le sourire. Nous en parlerons.

Beyrouk

Source  :  beyrouk.com le 11/09/2012

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