Nouvelles d’ailleurs: CENI, Bac et autres joyeusetés….

(Mariem mint DERWICH. Crédit photo : Nathalie Duvarry)

{jcomments on}Le comité directeur de la CENI à peine désigné que voilà la grande machine médiatique qui s’emballe. Je dis « machine médiatique » à défaut d’autre chose. Car, chez nous, hormis quelques journalistes et journaux sérieux, c’est le grand n’importe quoi sauce Nous Z’Autres.

Les victimes de la semaine : les membres de ce comité directeur. Et où l’on « apprend » que l’un n’aurait pas le bac, l’autre est endetté, un autre a été haut fonctionnaire, etc….
Si je réagis comme un Nous Z’Autre moyen, à la lecture de toutes ces informations, je fonce bille en tête et je crie au scandale, que dis-je, au crime de lèse majesté, à l’abomination devant tant de vilenie dans les choix des membres…
En bonne Nous Z’Autres, je m’arrête à ce qui est écrit, je me régale de tant de sagesse médiatique, et saute sur mon téléphone pour appeler les potes, histoire de les éclairer sur les « affreux machins choses » qui siègent au Comité Directeur de notre nouvelle CENI. Outre le fait que j’enrichis les opérateurs téléphoniques, je me délecte de ce commérage délicieux qui veut que chez nous on aime les potins, les ragots, les « on dit », les « sources bien informées », les dézingages en plein vol.
En bonne Nous Z’Autres, encore et toujours, je dépèce, j’écartèle, je massacre, joyeuse perverse que je suis.
Bref : je mauritanise.
Dans ce grand orgasme collectif qu’est le commérage chez nous (oui, oui vous avez bien lu : orgasme, mot qui me vaudra les foudres de la ligue morale et des puristes de l’hypocrisie !), dans ce grand foutoir qui se veut presse, personne ne recherche la vérité.
Ni l’information.
Mais revenons à nos chameaux et à notre comité directeur de la CENI.
On nous on apprend (ok, ok, « on » est un c… disent nos amis militaires) qu’un des membres n’aurait pas eu son bac tout en étant docteur vétérinaire. Asséné comme ça, ça en jette.
Sauf que j’ai la grande chance d’avoir comme ami le fils de ce monsieur sans bac (je parle bien du BAC, pas du bac à Rosso, ni celui du recyclage pour les Nous Z’Autres qui vivent dans des pays où on gère les déchets) : et où l’on découvre que non seulement ce monsieur a eu le bac mais aussi qu’il a soutenu une thèse de doctorat vétérinaire à Toulouse! Sans parler des autres diplômes obtenus.
Je fais remarquer à tous ceux qui douteraient de la véracité de ces informations que la France n’étant pas la Mauritanie, il est très difficile de faire comme certains chez nous, à savoir s’acheter un cursus scolaire et les pseudo diplômes censés aller avec. Ben oui : ce tour de passe passe est une spécificité bien des Nous Z’Autres. De là à vouloir exporter nos manières de vivre ailleurs….
J’ai appris, toujours grâce à « on » (lire la parenthèse ci dessus : on est un …etc; etc), qu’une des membres serait endettée jusqu’au cou auprès des banques. Cette « endettée » là étant patronne d’une clinique, j’aimerais que l’on m’explique comment, à moins d’être la compagne de Bill Gates ou bien sa fille, on peut créer une clinique médicale, acheter du matériel médical onéreux sans avoir à faire un crédit ! Le contraire, ne pas être endettée auprès des banques, serait suspect….
On nous dit qu’un autre a été président de la commission des marchés sous Taya. Bien. Je ne me souviens pas d’avoir vu quelqu’un, sous Taya, refuser de travailler sous prétexte que Taya était au pouvoir. Chez nos hommes politiques actuels, nombreux sont ceux qui ont eu des postes. Tous les fonctionnaires, hormis ceux qui ont intégré la fonction publique à partir de 2005 / 2006, ont travaillé sous Taya… La logique voudrait donc, si je suis bien, que tous ceux qui ont oeuvré sous Taya soient écartés de tout. Il ne resterait plus grand monde, non? D’ailleurs, dans ce grand exercice d’amnésie collective, je propose même à « On » d’écarter tous ceux nés avant 2005. Je veux bien qu’il y ait des arrangements entre amis pour ceux qui, comme votre servante, sont nés sous Daddah et sont donc considérés comme des monuments historiques… Mais dès le 12/12, point d’indulgence pour les bébés Taya, génération à éliminer. Sans parler de moult hauts gradés de l’armée qui ont obéi aux ordres de Taya. Hauts gradés et pioupioux de base, pousse cailloux, hommes de troupe ou sous officiers : ils sont nombreux à avoir servi sous Taya. Il nous faut donc les rectifier et les remplacer.
Bref.
Mais, me direz vous, pendant le temps que l’on perd à diffamer des hommes et des femmes, on ne s’emmerde pas à se poser les bonnes questions à savoir : quelle CENI pour quelles élections? Quelle opposition doit participer à cette CENI? Quid des Accords de Dakar? Quel avenir pour une CENI qui est issue du dialogue, dialogue non reconnu par une partie de notre classe politique? Quelles batailles à venir dès lors que nous connaîtrons les dates des futures législatives et municipales?
A quelle crise politique majeure cette CENI du dialogue va-t-elle donner lieu?
Quelle CENI pour quels électeurs? Quelle CENI pour quel enrôlement censé établir une liste définitive des « bons « mauritaniens et les autres? Quel rôle pour une CENI chapeautée par le ministère de l’Intérieur?
Alors continuons à « mauritaniser » en choeur et à monter des procès et des chasses aux sorcières.
Notre presse, jusqu’à la nausée….
Salut

Mariem mint DERWICH

Source  :  Le Calame le 14/06/2012

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