Investissements : Le retour des français

(crédit photo : AFP / Boris Horvat)

Leur présence s’était faite discrète ces quinze dernières années dans le paysage économique mauritanien. Mais parallèlement à l’explosion minière, les français reviennent plus ou moins en force depuis six ans.

Le site de prospection de Total à Taoudenni, Pizzorno, l’installation du géant bancaire Société Générale, de CFAO, le passage éclair de la BNP, la révolution à SERA Renault, Schenker France, les Grands Moulins de Mauritanie, Ciments de Mauritanie, Total, Air France… La liste est très longue des entités françaises déjà installées, ou en voie de l’être, et qui depuis trois ans, profitant de l’envol des investissements miniers, voient leurs activités croitre.

«Le secteur minier est déjà le moteur de la croissance mauritanienne, avec la pêche. Et il est appelé à l’être encore plus dans les années à venir. C’est une locomotive qui tire des wagons entiers de sous-traitance, qui va de la sécurité, à la logistique, en passant par les services» évoque un cadre de banque. Une véritable grappe de production.

Le directeur général de Sera-Renault, Fabrice Courdy opine en ce sens. «Avec un secteur minier de plus en plus prometteur, l’effet domino en économie laisse entrevoir de bonnes perspectives. À notre niveau par exemple, même si les ventes ont augmenté, ce n’est pas la panacée. La concurrence des bourses biaise le marché. Mais avec les mines, les acteurs de la sous-traitance sont obligés de miser sur la qualité, et nous avons de bonnes perspectives dans les ventes de produits autres que berlines» souligne-t-il.

En réalité, comme le souligne ce cadre d’un cabinet d’études économiques, «il y a surtout eu un effet d’entrainement de grands groupes, qui à travers leurs investissements très lourds ont créé tout un réseau de sous-traitance franco-française» analyse-t-il. «Par exemple, sur le site de prospection de Taoudenni, géré par Total, Schenker s’occupe de la logistique, G4S de la sécurité, Maersk de leur transport de matériels, Air France de tous leurs vols etc.» précise-t-il.

Malgré cela, les investissement lourds sont relativement limités de la part des français, à cause d’un «climat d’affaires encore risqué, et qui fait que les maisons-mères sont encore relativement prudentes» affirme un cadre supérieur, d’une société d’hydrocarbures de la place. La plupart des sociétés étrangères en voie de s’implanter en Mauritanie, ou déjà implantées avec de nouvelles perspectives de développement, ont repoussé toute perspective d’investissements lourds, et « font avec les moyens du bord» notamment dans le secteur des services et des transports.

Présents dans tous les secteurs

Dans le secteur de l’eau, la SADE (Groupe Veolia), a achevé en septembre 2010 le lot principal du grand projet d’adduction d’eau du Fleuve Sénégal à Nouakchott (200 km) pour un montant de 203 M€.

Dans le secteur routier, le groupement Pivato-GTM (Maroc-France) a remporté le lot 4 de la route Atar-Tidjikja pour un montant de 28 M€, le chinois SNCTPC enlevant le lot 3 pour 17 M€.

Dans le secteur des nouvelles technologies, la filiale Morpho du Groupe SAFRAN a remporté le contrat de sécurisation des documents d’identification pour 18 M€, devant le chinois ZTE pourtant moins-disant à 9 M€. Dans le secteur des télécommunications, la Mauritanie se raccorde au projet de câble sous-marin ACE mené par France TELECOM pour un coût de 20 M€, tandis que ALCATEL-LUCENT et SAGEM se partagent l’équipement en télécommunications de la voie ferrée reliant le site minier de Zouérate au port de Nouadhibou pour un montant total de 15 M€ ; le chinois Huaweï était pourtant moins-disant à 12,8 M€.

Dans le secteur des services, le français PIZZORNO Environnement dispose d’une concession de 10 ans pour assurer le traitement des déchets urbains de Nouakchott (60 M€) et Geogas est jusqu’en 2011 le fournisseur exclusif de gaz butane (22 M€). Le bureau d’ingénierie EGIS assure le contrôle des extensions des ports de Nouakchott et de Nouadhibou réalisées par des entreprises chinoises. En revanche, la chaîne hôtelière Accor a mis fin à sa présence en Mauritanie en se séparant de son hôtel Mercure.

Dans le secteur des hydrocarbures, le premier forage entrepris par Total E&P dans le bassin de Taoudeni présente des résultats « positifs », en cours d’évaluation. Total effectuera une sismique complémentaire et prépare un second forage plus à l’est ; le premier aura couté plus de 100 M$. Total partage son permis avec la Sonatrach (20%) et Qatar Petroleum (20%). GDF SUEZ a des intérêts minoritaires sur trois blocs en mer sur lesquels la compagnie a déjà investi 124 M€.

Son opérateur sur le Bloc 7, le coréen KNOC (Korea National Oil Corporation), annonce une découverte de gaz sur le forage Cormoran, poussé jusqu’à 4695 m de profondeur ; GDF Suez est associé à hauteur de 27,85%.

Dans le secteur minier, ARCELOR MITTAL entame la préparation de son projet de minerai de fer sur le site d’El Agareb, dont les réserves sont évaluées à un milliard de tonnes de magnétite à forte teneur ; ce projet avait fait l’objet d’un protocole d’accord entre la SNIM et Arcelor-Mittal le 26 décembre 2007.

La société IMERYS s’intéresse à un permis de quartz, actuellement détenu par un entrepreneur français indépendant. AREVA est pour sa part associée à l’australien Forte Energy, détenteur de permis de recherche pour l’uranium dans le nord-est de la Mauritanie. Une deuxième campagne de forage est en cours.

Mamoudou Lamine Kane

1200 entreprises exportent des produits français vers la Mauritanie, dont 700 PME françaises pour un montant total de 190 M€ en 2009. La France est le premier fournisseur (biens d’équipements, céréales, pharmacie) de la Mauritanie avec une part de marché avoisinant 21%. En 2011, l’excédent commercial avec la Mauritanie s’est élevé à 180 M€. La Chine est devenue le premier acheteur (600 M€).

Source  :  Noor Info le 19/03/2012

(Lien vers l’article : http://www.noorinfo.com/Investissements-Le-retour-des-francais_a2853.html )

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page