Jemil Ould Mansour, Président de Tawassoul : «Dans une élection transparente, je crois fermement que la Mauritanie ne fera pas exception à la poussée électorale des islamistes»

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Mohamed Jemil Ould Mansour s’est battu contre Mohamed Ould Abdel Aziz au sein du FNDD (Front national pour la défense de la démocratie) pour le retour à l’ordre constitutionnel après le coup de force perpétré contre le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Il s’est ensuite aligné sur l’UPR le temps du renouvellement partiel des sièges du Sénat.

 

 

Dans cet entretien, le chef de file des islamistes modérés, apprécie la poussée électorale des islamistes en Tunisie, au Maroc et en Égypte, et réclame une alternance démocratique et pacifique en Mauritanie.

La Mauritanie d’Ould Abdel Aziz se porte-t-elle bien ?

La Mauritanie est plongée dans une crise très profonde dans tous les domaines politiques, économiques et sociaux depuis un certain temps. Cette crise n’est que la suite logique de l’échec du dialogue politique national entre les hommes de la classe politique mauritanienne. Pis, le régime en place ne fait rien du tout pour faire avancer les choses. Il n’y a pas de séparation nette entre les trois pouvoirs : l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains du président de la République.

La Mauritanie est toujours sous les bottes des militaires. Les mauritaniens continuent de souffrir de la hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessite, de la flambée des prix du carburant, de la pratique de l’esclavage, que les tenants du pouvoir continuent de nier l’existence. Il est temps que les autorités publiques comprennent que les Mauritaniens ne peuvent pas continuer à vivre sous la dictature militaire. Car, ils aspirent à la liberté comme tous les autres peuples du monde.

Une alternance démocratique vous semble possible?

Une alternance pacifique en Mauritanie, oui ! Je vous avoue que nous avons salué les alternances démocratiques et pacifiques survenues en Guinée, en Côte d’ivoire et au Niger. Nous avons également salué les révolutions populaires en Tunisie, en Égypte et en Libye. Parce que nous avons toujours pensé que seul le peuple doit décider de son destin dans un régime démocratique. Ce qui n’est pas le cas en Mauritanie. C’est pour cette raison que nous demandons une alternance pacifique en Mauritanie, tout en sachant pertinemment que le régime d’Ould Abdel Aziz est un obstacle pour une telle alternance.

Pourtant une alliance avec l’UPR (Union pour la République) de Mohamed Ould Abdel Aziz vous a apporté un ou deux sièges au Sénat?

C’est vrai que nous avons fait une alliance avec l’UPR lors du renouvellement partiel des sièges du Sénat. C’est vrai que cela nous a permis avoir des sièges au Sénat. Cette alliance électorale reflétait la position à l’époque de notre formation politique. Donc nous n’avons aucun complexe aujourd’hui à dire que le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz est un obstacle pour une alternance pacifique et démocratique en Mauritanie.

Car nous avons donné plus d’un an à Mohamed Ould Abdel Aziz pour prendre ses marques et enclencher des réformes judiciaires, économiques et politiques. Et nous avons joué durant toute cette période à une opposition apaisée pour observer le président Abdel Aziz et ses hommes. Mais ces gens n’ont rien fait pour faire avancer les choses dans ce pays.

Quelle appréciation faites-vous de la poussée électorale des islamistes dans le Maghreb et en Égypte?

Nous n’avons pas été surpris de la poussée électorale des partis d’obédience islamiste en Tunisie, au Maroc et en Égypte. Parce que ces partis ont joué un grand rôle en militant sans cesse contre la dictature, contre la gabegie, contre l’injustice dans leur pays respectif. Et le Parti de la Justice et du Développement (PJD) du Maroc, le parti Annahba de la Tunisie et le Parti pour la Liberté et la Justice (PLJ) d’Égypte ont récolté aujourd’hui le fruit de leurs combats. Les peuples tunisiens, marocains et égyptiens ont choisi électoralement ces partis politiques parce qu’ils croient que les hommes et les femmes de ces partis peuvent régler leurs problèmes.

Est-ce qu’une poussée électorale des islamistes est possible en Mauritanie?

La Mauritanie n’est guère différente des pays comme la Guinée, le Niger et la Côte d’ivoire dans lesquels il y a eu une alternance démocratique et pacifique. Elle n’est pas non plus différente des pays tels que la Tunisie et l’Égypte dans lesquels il y a eu une révolution populaire suivie par l’arrivée au pouvoir des formations islamistes, comme vous les appelez, à la faveur des élections libres et transparentes.

Je crois fermement à une victoire électorale de la formation des islamistes dans une élection transparente, qui n’est pas du tout orientée par le pouvoir et son ministère de l‘Intérieur en Mauritanie. Donc je crois que ce pays ne fera pas l’exception à la poussée électorale des islamistes qui se passe ailleurs.

Propos recueillis par El Madios Ben Chérif

Source  :  Noor Info le 03/02/2012

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