Dialogue politique : Le consensus est-il à refaire ?

Le dialogue politique entre la majorité présidentielle et l’opposition participationniste piétine, révélant ses premiers faux par les sorties respectives mais contradictoires du leader de l’App et du président de la république.

Pour le premier, il est impossible d’organiser des élections législatives en mai prochain.Pour l’homme fort de Nouakchott, le pouvoir tend toujours sa main à l’opposition pour amorcer un dialogue ; ce qui signifie sans équivoque aucun, des pourparlers avec la COD et non avec le groupe des trois.Mais, l’opposition radicale voit cette proposition trop tardive et maintient la voie de l’escalade.

L’accord du dialogue politique, signé, il y a quelques mois entre la majorité présidentielle et des partis de l’opposition participationniste tient-il encore debout ? Une question qui suscite de plus en plus d’interrogations, même si sur le plan juridique, notamment pour les réglages constitutionnels et autres points convenus dans ce document, les choses semblent aller normalement. Mais, après une tournée de vulgarisation des résultats de cet accord à l’intérieur du pays, menée par l’opposition des trois, la verve politique est tombée d’un cran, suivie de déclarations dont le décryptage par les analystes avertis montre bel et bien que le courant ne passe plus entre le président de la république et le dirigeant de l’App ; à moins qu’il ne s’agisse de l’un de ses plans minutieusement menés pour piéger l’autre opposition. Ce froid entre les deux hommes ne fait que se confirmer jour après jour, d’abord dans les audiences restreintes du président de l’assemblée nationale au palais présidentiel, alors qu’auparavant, les tête-à-tête étaient fréquents, ensuite par cette opinion de Ould Boulkheir sur les élections législatives et municipales de mai prochain, selon laquelle, organiser de telles échéances relèvent du domaine de l’utopie. Pour les observateurs, ces impressions du chef de l’App, devraient être dictées selon toute logique, par voie consensuelle tacite et discrète entre les deux partenaires du dialogue politique, pour éviter ainsi d’interférer dans des décisions qui doivent prises par la commission conjointe chargée de la mise en œuvre des résultats de l’accord du dialogue politique. Mais, cette erreur fatale dans laquelle l’opposition des trois est tombée a été saisie à la volée avec dextérité et diplomatie par le président de la république, qui s’en est usé pour dire implicitement qu’il existe un désaccord entre les dialoguistes et pour réitérer l’organisation des élections prévues à la date préétablie. Et comme ce n’est pas suffisant pour l’opinion aux fins de réaliser l’ampleur des divergences entre la majorité présidentielle et l’opposition participationniste, Mohamed Ould Abdel Aziz a précisé au cours de la visite inopinée effectuée mardi à l’hôpital de la mère et de l’enfant, qu’il est ouvert à tout dialogue avec l’opposition. Evidement, il ne s’agit pas de l’opposition à trois, mais celle à 10. Si la main tendue du président est sincère et non un stratège politique fait pour fumer le calumet de la paix avec la COD ; laquelle vient de mener une campagne féroce et hostile au pouvoir Ould Abdel Aziz, axé sur sa détermination à le destituer; cela voudrait dire mathématiquement que l’accord du dialogue politique a emboité le pas à celui de Dakar et qu’il faut encore tout refaire. A propos des révélations faite par le président sur l’éventuel dialogue avec la COD, il a indiqué que la démocratie en soi, est basée sur la concertation, que le pouvoir est convaincu et pleinement disponible pour un dialogue sans tabous. Seul accroc encore posé, c’est le devoir de la COD de reconnaitre l’existence d’un régime et d’un président élu, qui est une condition sine qua none de tout dialogue. Reste alors à savoir si la COD se résoudra à cette requête, qu’elle avait déjà approuvée avant de revenir par la suite à la contestation. Réagissant à cette proposition de dialogue, la COD qui revendique des réformes politiques profondes dont le départ des militaires du pouvoir a estimé au cours d’une conférence de presse organisée mercredi que cette main tendue est un médecin venu après la mort, préférant maintenir la voie de l’escalade politique dans un contexte caractérisé par la multiplicité des visages de la contestation de la situation politique et sociale du pays.

Md Ould Md Lemine

Source  :  Le Rénovateur le 02/02/2012

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page