Abdoul Birane Wane à Biladi : Notre mouvement est national, car il comprend, en son sein, toutes les communautés Mauritaniennes

abdoul_birame_wane_tpmnTouche pas à ma nationalité est un mouvement qui a provoqué, ces derniers temps, beaucoup de bruits. Le mouvement qui se veut citoyen se constitue d’un conglomérat de mouvements de jeunes se lève contre les opérations d’enrôlement qu’il qualifie de discriminatoire

et de raciste. Mais, la courte vie de ce mouvement a déjà connu des escalades douloureuses. A Maghama, on compte déjà un mort, un jeune de seize. Des bâtisses publiques sont incendiées, des véhicules pour des privés mauritaniens saccagés. Et, 18 jeunes activistes derrière les barreaux. Abdoul Birane Wana, coordinateur du mouvement livre à Biladi sur ce qu’est Touche pas à ma nationalité.

Biladi :   Abdoul Birane Wane, vous êtes le coordinateur du mouvement connu, désormais, sous l’appellation : ‘’Touche Pas à Ma Nationalité !’’ C’est quoi, au juste, un mouvement politique ? Un mouvement communautariste ?

A.B.W : ‘’Touche pas à ma nationalité’’ est un mouvement citoyen qui lutte pour les droits des opprimés. Notre mouvement est national, car il comprend, en son sein, toutes les communautés Mauritaniennes.

Biladi :  Parlez-nous, un peu, de la genèse de ce mouvement.

A.B.W : Ce mouvement comprend de jeunes organisations comme l‘Initiative Mauritanienne pour l‘Egalité et la Justice, Conscience Citoyenne, ‘’fedde jokkere endam’’, stop discrimination, kawtal .Constatant le vide laissé par les partis négro-mauritaniens ayant rejoint la majorité, ce mouvement s‘est constitué. Depuis le mois de février dernier on a commencé nos activités,  notre  première action a eu lieu  le 30 juin par un sit-in devant le centre d‘enrôlement de sebkha.

Biladi :  Que reprochez-vous aux opérations de l’enrôlement des populations ?

A.B.W : Ces recensements sont discriminatoires et racistes dans la mesure où les noirs en sont écartés et marginalisés. La constitution même des commissions est
discriminatoire, par exemple, sur douze membres qui constituent la commission nationale, un seul est négro-mauritanien. Sur les cinquante quatre membres des commissions départementales, seulement quatre sont noirs. En plus de cela les noirs qui viennent pour se faire enrôler  sont soumis à des interrogatoires humiliants. Pourquoi nous demander de justifier notre mauritanité en parlant hassaniya, ce qui est encore plus injuste c‘est l‘histoire des patronymes, certains noms de familles sont considérés comme des noms étrangers. Tous ces éléments montrent que ces recensements cherchent à exclure les noirs.

Biladi : Lorsque vous dites qu’il y a une discrimination qui vise exclusivement les communautés noires du pays, sauriez-vous situer à quel niveau se manifeste-t-elle ?

A.B.W : cette discrimination se situe à tous les niveaux, comme je l‘ai indiqué dans la précédente réponse.

Biladi : Pourtant, le système  qui gère techniquement, je veux dire, les opérations d’identification n’intègre pas une application à caractère sélectif ! Qui est responsable, donc, de cette discrimination que vous décriez ?

A.B.W :Nous tenons responsables les autorités mauritaniennes qui se réfugient derrière des agents zélés nassero-baathistes. Le ministre de l‘intérieur, lui-même, a eu à reconnaitre l‘excès de zèle de certains agents recenseurs, alors pourquoi ne prend-il-pas les mesures qui s’imposent ?!.

Biladi :  Comment, selon vous, l’autorité publique puisse-t-elle dissiper vos inquiétudes et s’attirer, par la suite,  votre confiance ?
A.B.W : Le seul moyen de résoudre ce problème est d‘arrêter ces recensements discriminatoires  et dissoudre ces commissions qui sont loin d‘être représentatives de toutes les communautés mauritaniennes, et tout cela à la suite d‘un consensus entre les autorités, la société civile et toute la classe politique.

Biladi :  Savez-vous que des personnes, pas nécessairement issues des milieux négro-mauritaniens, semblent éprouver quelques difficultés à s’inscrire ? Votre mouvement est-il ouvert à toutes les communautés nationales ?

A.B.W :  Notre mouvement est national,  et donc  ouvert  à toutes les composantes de ce pays. Contrairement à ce que font croire les autorités, notre combat n‘est pas dirigé contre la communauté arabo-berbère dont certains membres sont militants dans notre mouvement.

Biladi :  Malheureusement, entre vous et l’autorité publique, la communication fait cruellement défaut. A tel point qu’il y a eu des dérapages, parfois gravissimes. Un jeune de Maghama est mort. Pourrez-vous nous en dire, un peu plus,  sur les circonstances d’une telle déplorable dérive ?

A.B.W : S‘il y a eu violence,  c‘est la faute des force de ‘’désordre’’, je pèse bien mes mots. A chaque fois la police nous attaque alors que nous ne voulions que marcher pacifiquement, le jeudi 29 nous avions l‘intention de remettre une lettre aux parlementaires et la police nous a sauvagement attaqués, elle est dressée contre nous  pour faire mal à de paisibles citoyens.

Biladi :  Il y aussi des bâtisses publiques incendiées, un véhicule pour un privé mauritanien mis à feu ! L’autorité publique vous impute, justement, ces excès. Qu’en dites-vous ?

A.B.W : Je profite de l‘occasion pour dire que la police a libéré des bandits,  qui,  avec l‘aide de policiers en civil,  ont été infiltrés dans nos rangs et ont saccagé les biens publics et privés pour nous discréditer, parmi ceux-là, il y a, c’est connu de tous, des ex-policiers..

Biladi :  On parle aussi de l’arrestation d’activistes étrangers dans vos rangs. Une manière de vous faire porter un projet qui ferait bonheur, ailleurs, au-delà de nos frontières ! Comment vous expliquez cela ?

A.B.W : Ces discours rappellent l‘époque communiste. La police a pris des étrangers dans leurs lieux de travail ou dans la rue. Nous avons la conscience tranquille, de ce coté-là. . le ministre de l‘intérieur veut-il dire que ceux qui manifestent à kaedi, Rosso, Maghama, Sélibaby, Nouakchott, ou Djeol sont tous des étrangers. Voilà bien la preuve que tout noir, dans ce pays  est, pour l’Autorité publique,  forcément étranger ! Cette Autorité a  même dit que c‘est la Mossad qui nous soutient, alors qui a construit le centre d‘oncologie? Qui a fourni l‘uniforme et les grenades que la police utilise contre nous? Alors qui est vraiment soutenu par le Mossad?

Biladi :  Vous savez qu’un dialogue national se déroule déjà, depuis plus d’une semaine chez nous. Où un pan important de l’opposition démocratique est en discussion avec le président et sa majorité sur toutes les questions nationales, sans aucun tabou, dit-on. Et, qu’il semble même que la question de l’enrôlement y a été intégrée. Pourquoi vous n’avez pas songé à faire entendre votre position, dans le cadre de cette rencontre ? Ou, bien adopteriez-vous une position plus proche de l’opposition qui boycotte ses assises ?

A.B.W : Ce faut dialogue ne nous intéresse pas, c‘est un faux débat.

Biladi :  Il semble que vous avez observé un répit, pas de sit-in, plus de marches et de manifestations. Peut-on parler d’une courte récréation ?

A.B.W : Notre dernière sortie a eu lieu le jeudi et nous avons l‘habitude de manifester une fois par semaine. Alors attendons ! C‘est très tôt de parler de répit. Nous marcherons aussi longtemps que durera cette discrimination, La ferraille de la police ne nous fera pas reculer, nous sommes conscients de la noblesse et de la justesse de notre cause.

Biladi :  Y-t-il un message particulier que vous voudriez bien adresser aux autorités,  aux mauritaniens ou à toute autre entité ?

A.B.W : Nous demandons à nos militants de se mobiliser et ne jamais oublier que notre combat n‘est pas dirigé contre une communauté en particulier.  je dis qu‘il doit accepter que l‘erreur est humaine et persister dans l‘erreur relève du démon, s‘il aime la Mauritanie comme il le prétend, il doit voir la réalité, tout le peuple est contre ces recensements qui divise les Mauritaniens.

Propos recueillis par AVM

Source: Biladi

Note de kassataya: Nous rappelons à nos confrères de Biladi qu’il y a quelques règles de déontologie et de bienséance qu’impose le métier d’éditeur. Nous les avons relancés à plusieurs reprises au sujet de la reprise de nos articles sans citer ni la source ni l’auteur comme s’il s’agissait d’un travail de leur journal. C’est manquer de respect à leurs propres lecteurs et aux auteurs. Nous les invitons à faire preuve de plus de respect envers la production intellectuelle.

Abdoulaye DIAGANA

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