Débat télévisé de Mohamed Ould Abdel Aziz: 511, vous avez dit 511 millions de dollars !?

Un protocole d’accord technique, envoyé il y a deux mois au FMI, conjointement par le ministère des finances, la Banque Centrale et le ministère des affaires économiques et du développement, visible sur le site du FMI, ne confirme pas la somme de 511 millions de dollars que la Mauritanie aurait comme réserve en devises étrangères.

 

Lors de son discours et débat télévisé, du vendredi soir passé, Mohamed Ould Abdel Aziz a affirmé que la situation économique du pays était bonne, avec entre autres données, des réserves de devises étrangères de près de «511 millions de dollars». Une donnée qui a fait tilter la logique de pas mal de financiers du pays, d’autant que jamais le taux de change entre l’ouguiya et les principales monnaies internationales (dollar et euro) n’a été aussi disparate, avec notamment un euro à quasiment 400 ouguiyas à la vente, ce lundi 8 août. Donc comment une telle réserve peut-elle être possible?
D’autant qu’il y a trois mois à peine, Amine Mati, chef de division du FMI qui venait d’effectuer une mission de deux semaines en Mauritanie affirmait que «la bonne tenue des exportations du secteur minier (fer, or et cuivre) a contribué à l’amélioration du solde courant de la balance des paiements et à consolider le stock des réserves de change qui a atteint 287 millions de dollars, soit l’équivalent de 2,1 mois d’importations».

Un protocole particulièrement précis

La partie mauritanienne confirme ce chiffre, et l’explicite sous forme de tableau détaillé, dans la lettre d’intention adressée au FMI le 6 juin dernier, dans laquelle sont décrites les politiques que le gouvernement entend mettre en œuvre à l’appui de sa demande de concours financier du FMI.
Dans cette lettre, signée par Thiam Diombar, actuel ministre des Finances, Sidi Ould Tah, actuel ministre économique des affaires économiques et du développement, et Sid’Ahmed Ould Raiss, actuel gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie(BCM), l’évolution et les perspectives futures des agrégats et politiques économiques du pays y sont esquissées.

En réalité, en remettant chaque chose à sa place, les 287 millions de dollars de réserves de devises étrangères évoqués par le FMI se répartissent entre les actifs nets de la banques, les prêts et dons accordés, mais aussi, les échéances de remboursements. D’où ce chiffre, qui est le plus important pour mesurer le plafond REEL de réserves de devises du pays: 48,9 millions de dollars. Il correspond aux «réserves internationales NETTES de la BCM»à la fin juin 2011. il y a un mois et demi à peine. «C’est ce chiffre qui est le réel indice de performance de nos réserves nationales» commente un financier d’une banque à Nouakchott.

Quid des 511 millions de dollars de réserve?

D’où Aziz a-t-il sorti un tel chiffre, qui ne correspond pas aux indicateurs officiels, et reconnus par le FMI? «Éventuellement ses conseillers, en le préparant pour ce débat, ont-ils intégré les avoirs étrangers des entreprises publiques comme la SNIM, MAURITEL. Et même en procédant ainsi, ce qui ne serait pas techniquement juste d’ailleurs, car ces société versent en priorités des dividendes à leurs principaux actionnaires, et la SNIM par exemple n’est pas la propriété exclusive de l’état mauritanien; mais même ainsi, on arrive difficilement à ce plafond de 511 millions de dollars en devises étrangères» développe le financier.

Mamoudou Lamine Kane

Source  :  Noor Info le 08/08/2011

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