Les jeunes Mauritaniens fêtent la Saint Valentin

Bien que cette journée gagne en popularité en Mauritanie, de nombreuses personnes craignent que la Saint Valentin ne respecte pas les normes sociétales en place.

 

« Je ne peux pas parler de la Saint Valentin à la maison », explique Senna Mint Ahmed à Magharebia. « La raison en est qu’elle est incompatible avec certaines traditions mauritaniennes, comme la sahwa, qui interdit aux femmes de parler de leurs sentiments ou de dévoiler des histoires d’amour, ou tout ce qui a un rapport avec le sexe. »

Mais elle est bien déterminée à rester fidèle à sa conviction.

« La Saint Valentin est une occasion magnifique que je fête chaque année à ma manière », déclare Senna Mint Ahmed à Magharebia. « J’échange des cadeaux et des cartes avec mes amis et les personnes qui me sont chères, et je vis un moment de contemplation de l’amour, qui est pour moi la chose la plus importante dans cette existence. »

« Il ne fait aucun doute que l’avenir apportera plus de libertés sociales, et que la Saint Valentin deviendra alors une fête ordinaire comme les autres », ajoute-t-elle.

Selon la journaliste Mariam Mint Esbai, les rudesses du climat et un style d’existence nomade « ont donné naissance à un certain mode de vie ». « C’est la seule société qui impose les stricts codes de la sahwa entre époux, belle-famille et enfants, et affirme qu’il est indécent que la jeune mariée affiche sa joie le soir de ses noces. »

Mais cette fête gagne néanmoins en popularité dans la communauté mauritanienne « et devient l’une des fêtes les plus suivies ». La célébration prend également de nouvelles formes.

Les SMS sont le moyen le plus courant d’honorer la Saint Valentin en Mauritanie, en plus de l’Internet, et les gens échangent des images et des messages d’amour loin des yeux de la société.

Semir Ould Mohamed, un lycéen, explique à Magharebia : « J’ai passé le plus clair de mon temps lors de la Saint Valentin de cette année devant mon ordinateur, à échanger des photos et des messages avec les personnes que j’aime. J’ai aussi utilisé le téléphone pour envoyer des SMS à mes amies qui n’ont pas accès à lnternet. La journée a été bonne, et j’espère qu’elle nous apportera prospérité, bénédictions et plus d’amour encore. »

« J’ai pu fêter la Saint Valentin chez moi sans que mes parents et mes grands frères le sachent, grâce à la technologie », dit-il.

Mais tous les jeunes ne s’accordent pas sur l’importance de cette journée du 14 février.

« Nous n’avons pas besoin d’une journée spéciale consacrée à l’amour parmi les 365 que compte une année », affirme Nasser Ould Kaber, 20 ans, à Magharebia. « Ce n’est rien d’autre qu’un luxe intellectuel, ni plus, ni moins. Cette célébration n’a aucun sens. Je pense que chaque journée devrait être une fête de l’amour, de la tolérance et de la fraternité. »

Il reconnaît en même temps que les gens doivent avoir le droit de célébrer ce qu’ils souhaitent, et que la société ne doit pas imposer un obstacle aux générations.

« La société mauritanienne traverse une phase d’auto-examen à la lumière de la multiplicité des obligations culturelles de la jeune génération », explique l’expert social Brahim Ould Mohamed Lemine.

Fêter cette journée signifie « la libération des jeunes du poids de la tradition pour embrasser les valeurs familiales communes de l’humanité », conclut-il.

Mohamed Yahya Ould Abdel Wedoud

Source  :  Magharebia le 15/02/2011

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