Que le temps a vite passé; ce 28 novembre 2010, notre pays fête 1/2 siècle d’accession à l’indépendance.
C’est l’occasion pour nous de faire un bilan de « L’ENTREPRISE MAURITANIE ». Nul doute que la situation est désastreuse à tout point de vue. Une situation économique que peu de pays nous envie. Un pays déchiré par ses antagonismes ethniques. Une société arriérée, engluée dans des relations sociales d’un autre temps. Des dirigeants incapables d’élaborer un projet cohérent de société et de donner du sens à leur action. Rien ne va plus. Heureusement pour nous que le « dépôt de bilan » n’est pas une sanction applicable aux Etats ! Autrement ce serait la faillite de notre cher pays et la case prison pour bon nombre de nos dirigeants dont les
comportements irresponsables ont hypothéqué pour plusieurs décennies l’avenir de nos enfants.
Et dire que l’aventure avait si bien commencé…Malgré des débuts compliqués par une reconnaissance difficile et parfois tardive, notre jeune et fragile république avait réussi le tour de force de se faire respecter dans le concert des nations. La diplomatie active et toute en finesse de cette première génération de dirigeants politiques, avait permis de nous attirer la sympathie de bon nombre de pays, ainsi que les capitaux dont nous avions besoin pour notre
un devenir prometteur. Le pays sera après ce désastre national, livré à la soldatesque qui, faute de pouvoir gagner la guerre, choisit de la déclarer inique et injustifiée. S’en suivirent trente interminables années d’Etat d’exception avec ses injustices criantes. Les régimes successifs se caractérisèrent par, le pillage systématique de nos ressources nationales, le
détournement organisé de l’aide extérieure et les exactions contre les populations civiles dont le paroxysme sera atteint avec la terrible répression qui frappa les populations noires originaires du sud du pays. Après tous ces errements, le moment est venu pour nous de faire un constat sans complaisance de la situation lamentable dans laquelle se trouve notre pays et d’œuvrer ensemble à sa renaissance. Il ne faut pas chercher à se cacher derrière son petit doigt. Il nous faut tout reconstruire: notre économie en lambeaux livrée à la spéculation, notre
cohésion nationale durablement compromise, notre sécurité à l’intérieur de nos frontières menacée par un Islamisme Radical que nous avons nourri, notre conscience et notre dignité atteintes par les pratiques esclavagistes sur la communauté Haratine et dont nous nions l’existence, le primat du droit dont nous contestons le bien-fondé et l’extrême nécessité.
Un PACTE NATIONAL sera indispensable pour y parvenir. Il devra prendre en compte
les desiderata de toutes les communautés nationales, à commencer par les plus faibles. Car, il ne faut pas confondre la démocratie avec la raison du plus fort. Le pays a besoin de tous ses fils et il ne pourra prétendre à une existence viable que s’il les fédère autour d’un projet commun sans en oublier aucun. L’avenir est incertain. De lourdes menaces planent sur le destin de notre pays. La cécité dont fait preuve sa classe dirigeante en est la principale cause.
On peut s’attendre au pire si rien n’est entrepris pour rendre à notre pays son
TOURE AHMEDOU, éditorialiste sur KASSATAYA
Source: kassataya