Silamaka Soukouna : « Durant ma jeunesse, j’ai soûlé tout Fontenay avec la pâtisserie, alors c’était une fierté d’ouvrir ma boutique ici »

Silamaka Soukouna, alias Silax, a ouvert sa pâtisserie dans la commune du Val-de-Marne il y a trois ans. Une grande fierté pour cet artisan d’origine malienne qui a grandi dans la cité. Ses gâteaux mêlent tradition française et inspirations exotiques.

Le Monde – « Si je suis pâtissier aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à Simone, une voisine du quartier, avec qui j’ai commencé à confectionner des gâteaux quand j’étais petit. Le premier que j’ai fait avec elle, c’était, je crois, un gâteau au yaourt. On préparait aussi des cakes, des tartes aux fruits, des recettes familiales. Cela me fascinait que, avec juste du beurre, du sucre, des œufs et de la farine, on puisse faire autant de choses. C’était magique, ça me changeait les idées.

Ma famille est d’origine malienne et j’ai grandi dans la cité, à Vincennes [Val-de-Marne], avec ma mère, mon père et mes quatre frères et sœurs. Quand j’avais 7 ans, on a été expulsés, logés temporairement dans des tentes, puis la Croix-Rouge nous a installés dans des préfabriqués à Fontenay-sous-Bois, où nous sommes restés plusieurs années. Ce n’était pas facile, je n’aimais pas être à l’intérieur, alors, forcément, je passais beaucoup de temps à traîner dehors. A l’école, j’étais turbulent, ça ne se passait pas bien.

J’ai quitté l’école à 14 ans pour faire un CAP de pâtisserie et je me suis rendu compte que j’adorais ça. Un an plus tard, j’ai commencé mon apprentissage dans de grandes maisons, j’ai été commis à l’Hôtel Lutetia, puis chez Ladurée. Il était difficile d’obtenir un contrat dans un bon établissement, alors j’ai fait de l’intérim pour pouvoir entrer dans des cuisines de prestige comme le Prince de Galles, Le Train bleu, le Café de la paix. J’ai voyagé, travaillé à Londres, au Club Med, je suis parti au Mali, je suis revenu et j’ai fini par décrocher un poste de sous-chef pâtissier chez Drouant, auprès du chef Emile Cotte, où je suis resté jusqu’au Covid-19.

Interventions dans les collèges

 

Entre-temps, je m’étais réinstallé à Fontenay, j’ai des attaches ici. C’est une ville qui, envers et contre tout, a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Durant ma jeunesse, j’ai soûlé tout Fontenay avec la pâtisserie, alors c’était une fierté d’ouvrir ma boutique ici, il y a trois ans. Nous sommes dévalisés tous les jours. Nous avons une belle clientèle, qui vient parfois de loin pour notre paris-brest, notre paris-bamako (à base de pâte d’arachide) ou notre coco djambo, qui est une sorte de mont-blanc antillais revisité aux goûts de mon pays. C’est ma signature et mon bonheur.

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Source : Le Monde

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