CAN 2024 : les Ivoiriens veulent croire en la « résurrection » des Eléphants face au Sénégal

Face aux Lions de la Teranga, l’équipe désormais dirigée par Emerse Faé doit montrer un tout autre visage que lors du match perdu 0-4 face à la Guinée équatoriale.

Le Monde – Depuis quelques jours, la teinte si chère aux Ivoiriens a pris une autre signification. L’orange est devenu, le temps d’un match, la couleur de l’espoir « et de la résurrection », murmure Eugénie Deman, 26 ans, guide à Notre-Dame-de-la-Paix à Yamoussoukro, l’immense basilique qui se dresse au milieu de la capitale administrative, symbole de la puissance du pays – elle est le plus large édifice chrétien du monde.

Pour cette jeune femme presque aussi silencieuse que la majestueuse nef, la qualification inespérée de la Côte d’Ivoire en huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) – qui affronte le Sénégal lundi 29 janvier – ne peut être qu’un signe du Tout-Puissant. Car les Eléphants auraient pu rejoindre l’Algérie, le Ghana ou encore la Tunisie au cimetière des favoris déchus d’un tournoi aussi relevé que renversant.

Lors de la phase des poules, la Côte d’Ivoire s’est noyée sur la pelouse du stade Alassane-Ouattara d’Ebimpé devant son public désemparé. Le revers humiliant face à la Guinée équatoriale (0-4) a laissé les joueurs en larmes et obligé le sélectionneur français Jean-Louis Gasset, 70 ans, à quitter son poste alors même qu’il restait une chance de passer.

Il a fallu compter sur la victoire du Maroc face à la Zambie (0-1) pour être qualifié au tour suivant en étant tout de même le dernier des repêchés avec 3 points seulement (une victoire, deux défaites). « Cette victoire [du Maroc] m’a permis de remobiliser les joueurs, explique Emerse Faé, sélectionneur par intérim, qui était il y a encore quelques jours l’adjoint de M. Gasset. C’est une deuxième chance que Dieu nous donne. Sincèrement, on n’a pas le droit de ne pas jouer cette deuxième chance à fond. »

« Tout est possible »

Alors, Eugénie Deman voit en cette qualification une « grâce ». « S’il y a eu ce miracle d’avoir ressuscité, c’est que Dieu a un plan pour nous », assure-t-elle. Et quel est-il ? « La victoire jusqu’en finale. » A Yamoussoukro, l’Esprit saint souffle aussi fort que l’harmattan, vent chaud provenant du Sahara. Samedi 27 janvier, en début de soirée, les Eléphants se sont rendus, sans bruit, à la basilique « pour recevoir la bénédiction du prêtre », explique Armel Living qui travaille pour l’édifice religieux. « Ils sont arrivés un peu crispés et sont repartis soulagés, raconte-t-il. Le prêtre leur a dit : “Tout est possible.” C’est une citation biblique. »

Dans les travées de cette basilique démesurée, ce dimanche après-midi, veille du choc au stade Charles-Konan-Banny, quelques Ivoiriens viennent pour prier le Seigneur et « on en profite pour lui demander que notre équipe nationale triomphe », lance Alassane Ganame, un soudeur de 32 ans.

« On a confiance en notre destin pour remporter une troisième CAN même si la tâche va être difficile », ajoute en souriant Kemoko Souamahoro, 46 ans, maillot des Eléphants sur le dos. C’est d’ailleurs ce qu’il va chuchoter au Très-Haut quand il se retrouvera sous la coupole. En balade avec son épouse et son bébé dans ce lieu sacré où flotte des drapeaux du Vatican, ce chauffeur n’est pourtant pas catholique. « Je suis musulman, je suis déjà allé à la mosquée ce matin, explique-t-il. J’ai demandé à Allah la paix en Côte d’Ivoire et qu’on remporte une troisième CAN. »

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 (envoyé spécial à Abidjan (Côte d’Ivoire))

Source : Le Monde

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