Dans les abris saturés de l’ONU à Gaza, les déplacés manquent de tout

Une cinquantaine de bâtiments de l’agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens ont été touchés par des bombardements israéliens dans l’enclave palestinienne. Soixante-six personnes y ont été tuées.

Le Monde  – Partout, il faut faire la queue. Pour les toilettes, la distribution d’eau potable, pour être sûr de manger un morceau de pain dans la journée. Les écoles, les cliniques et les centres de l’UNRWA, l’agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens, accueillent la majorité des déplacés à Gaza aujourd’hui – plus de 710 000 personnes sur une population de quelque 2 millions.

Le quotidien se bricole entre promiscuité et renoncements, personne n’a pris de douche depuis bien longtemps, il n’y a assez d’eau que pour se rincer de temps en temps. Dans une vidéo publiée par l’agence le 3 novembre, un homme en chemise, barbe naissante et traits fatigués, tend des bidons vides au milieu d’une cour d’école bondée à Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza : « Il n’y a pas d’eau, de nourriture, rien à boire, il n’y a plus de vie ! »

Depuis plus d’un mois, Gaza est assiégée et bombardée par l’armée israélienne, en représailles à l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre, qui a fait 1 200 morts et 240 otages. Depuis, plus de 10 800 habitants de l’enclave ont été tués, en majorité des femmes et des enfants, selon le ministère de la santé local administré par le Hamas – « plusieurs milliers » selon le Pentagone.

« Le carnage doit tout simplement cesser », a écrit le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, dans une tribune publiée le 8 novembre dans le Washington Post, réitérant ses appels à un cessez-le-feu humanitaire immédiat. Dans les écoles de l’agence onusienne se retrouvent ceux qui ont perdu leur maison, ceux qui ont fui vers le sud de la bande de Gaza après l’appel de l’armée, le 13 octobre, à évacuer le nord, ou ceux qui espèrent y être un peu plus en sécurité que chez eux.

« Les conditions sanitaires sont vraiment très mauvaises »

 

Les salles de classe, qui ferment à clé, ont été réservées aux femmes et aux enfants, les cours ouvertes aux hommes et aux adolescents. Chaque institution gérée par l’UNRWA accueille quelque 10 000 personnes et des milliers d’autres continuent de fuir les combats qui se concentrent désormais sur la ville de Gaza. Le linge qu’on aère aux balustrades n’offre qu’un aperçu de l’encombrement. Il y a « très peu d’espace par personne. Les conditions sanitaires sont vraiment très mauvaises », déplore Tamara Alrifai, directrice de la communication de l’UNRWA, depuis la Jordanie.

Des Palestiniens réfugiés dans une école gérée par l’ONU, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 octobre 2023.
Des personnes blessées lors de frappes israéliennes, dans une école abritant des Palestiniens déplacés, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 24 octobre 2023.

 

En raison de la pénurie de carburant, les points de dessalement d’eau ne fonctionnent qu’une à deux heures par jour seulement. « Dès que les déplacés entendent le bruit de mise en route des machines pour dessaler l’eau, les files d’attente deviennent énormes. A cause de ce manque d’accès à l’eau, on craint de passer d’une situation où les gens meurent dans les bombardements à une crise de santé publique où ils risquent de mourir à cause du manque d’hygiène. » Déjà, diarrhées et maux de ventre sont légion dans les écoles. A cela s’ajoute un lent effondrement du secteur public dans l’enclave en guerre : les ordures ne sont plus ramassées et les égouts débordent.

Depuis le 13 octobre, l’agence onusienne n’a plus de présence officielle dans ses écoles et structures du nord de l’enclave, où sont hébergés environ 160 000 déplacés. L’accès s’est encore restreint depuis que les militaires israéliens ont coupé l’enclave en deux le 5 novembre. L’aide humanitaire qui arrive depuis l’Egypte, via le terminal de Rafah, n’est distribuée que dans la zone située au sud du Wadi Gaza, le centre du territoire. En un mois, seuls 650 camions ont pu entrer dans l’enclave, à peine plus que le nombre de chargements qui rentraient d’ordinaire quotidiennement à Gaza, déjà sous blocus, avant le 7 octobre.

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(Jérusalem, correspondance)

Source : Le Monde 

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