Au Sahel, une personne se fait kidnapper par jour

Selon une étude de l'ISS, 180 personnes ont été enlevées au Mali et au Burkina Faso dans la première moitié de l'année.

Deutsche Welle – Patrick se souvient encore de tous les détails. C’était le 15 juin dernier. Il était assis dans un bus qui roulait sur la route nationale 15, dans le centre du Mali. Tout d’un coup, le conducteur arrête son véhicule : des terroristes djihadistes lui bloquent la route.

 

« J’ai été kidnappé dans un bus de transport avec les autres passagers », raconte Patrick qui demande qu’on ne révèle pas sa véritable identité tant le sujet est sensible. « Malheur pour moi, j’ai été détenu parce que je suis un agent de santé. »

Patrick a 30 ans et est infirmier dans une clinique privée. Pendant sa captivité, il a mis ses connaissances médicales au service des autres prisonniers.

Ses ravisseurs l’ont obligé à étudier le Coran et même à prier avec eux. S’il refusait, il était battu. Mais il a vu bien pire : « Souvent, si quelqu’un tentait de s’échapper, il n’y avait pas de pitié, on lui tirait dessus. J’ai même vu deux femmes abattues devant moi »

 

Paysage dans la région de Tombouctou
Les deux principales organisations islamistes – le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans et l’Etat islamique au grand Sahara – contrôlent désormais d’importants pans de territoire au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Image : Philippe Desmazes/AFP

Le 15 août, soit deux mois exactement après son enlèvement, les djihadistes finissent par libérer Patrick : « Heureusement pour moi, j’ai été parmi ceux qu’ils voulaient libérer. Donc on nous a pris avec la moto, on nous a laissé juste au bord de la route. Ils nous ont dit de partir, ils nous ont dit que c’était la route qui nous mènerait jusqu’à chez nous. »

Un peu plus tard, Patrick apprend qu’il doit sa libération à celle d’autres prisonniers djihadistes.

Des enlèvements qui passent inaperçus

En général, ce genre d’affaires ne rencontre pas beaucoup d’écho dans les médias occidentaux qui préfèrent se concentrer sur les cas de ressortissants de leur propre pays.

Le journaliste français Olivier Dubois
Olivier Dubois, journaliste français, a été libéré le 20 mars 2023. Il a été retenu près de de deux ans par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmansImage : Souleymane Ag Anara/AFP/Getty Images

Ces derniers sont souvent libérés contre des sommes d’argent importantes. Pourtant, les enlèvements les plus fréquents concernent les populations locales, explique Flore Berger, politologue française : « On a remarqué que les enlèvements sont vraiment une des économies illicites qui déstabilisent le plus les communautés. »

La chercheuse travaille notamment au sein de l’Initiative globale contre la criminalité internationale organisée

, basée à Genève. Elle vient de publier une étude selon laquelle, cette année, une personne par jour aurait été enlevée au Mali et au Burkina Faso – 180 au total, lors des six premiers mois.

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Konstanze Fischer

Source : Deutsche Welle (Allemagne)

 

 

 

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