Sénégal : pour Macky Sall, la tentation du troisième mandat

A moins de dix mois de l’élection présidentielle, le parti du chef de l’Etat prépare sa candidature. L’opposition refuse cette perspective.

Le Monde – Le président Macky Sall ne dit mot sur ses intentions. Mais, depuis quelques semaines, ses proches s’en chargent à loisir. Dans de nombreuses villes du pays, des meetings prônant la candidature du chef de l’Etat à un troisième mandat sont organisés. En grande pompe, les militants du parti présidentiel Alliance pour la République (APR) réclament l’investiture de leur leader à l’élection présidentielle du 25 février 2024. « Nous ne voyons pas qui d’autre pourrait se présenter », argumente Moussa Sow, représentant de la jeunesse de l’APR, à l’origine de ces meetings.

Le sujet est des plus inflammables au Sénégal. Elu en 2012 à un premier mandat de sept ans, Macky Sall a rempilé en 2019 pour cinq années supplémentaires. Entre-temps, en 2016, une révision de la Constitution a diminué la durée du mandat et en a limité le nombre autorisé. Désormais, l’article 27 indique que « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Toute la question est désormais de savoir si le premier mandat de sept ans est comptabilisé ou si les compteurs ont été remis à zéro lors de cette réforme.

Macky Sall lui-même a fait preuve d’inconstance. Au moment de la révision constitutionnelle, il avait déclaré qu’il ne pourrait plus être candidat s’il était réélu. Dans un livre publié à la veille du scrutin présidentiel de 2019, il affirmait même briguer son « deuxième et dernier mandat », en en faisant un argument de campagne. Depuis, son discours a changé.

En janvier 2020, le président sénégalais refusait de répondre clairement à une question portant sur une éventuelle troisième candidature. « Si je dis que je ne serai pas candidat, les membres du gouvernement ne vont plus travailler, chacun va essayer de se positionner. Si je dis que je serai candidat, une vive polémique va s’ensuivre », avait-il répondu à la presse. Un flou entretenu pendant plus de trois ans.

« Dommageable pour la démocratie »

 

Récemment, Macky Sall s’est fait plus précis. Dans une interview à L’Express, le 20 mars, le président assurait qu’il pouvait se présenter, car, « sur le plan juridique, le débat est tranché depuis longtemps », tout en admettant que sa candidature restait « un débat politique ». Dans la foulée, sur les ondes de la radio privée sénégalaise RFM, il a promis, interrogé sur l’annonce de sa candidature : « Le moment viendra, c’est pour bientôt. »

Sa garde rapprochée a déjà franchi le pas. Tandis que certains multiplient les rendez-vous dans les capitales européennes pour convaincre journalistes et diplomates de la légalité d’une nouvelle candidature, des membres du gouvernement ont publiquement pris position.

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(Dakar, correspondance)

 

 

 

Source : Le Monde 

 

 

 

 

 

 

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