Elections 2023 Mauritanie : la concertation permanente avec l’opposition, une stratégie payante de Ould Ghazouani

La dernière réunion du ministre de l’Intérieur à Nouakchott avec les chefs de l’opposition sur la transparence des élections peut être considérée comme la continuité de la politique de concertation permanente avec les opposants au régime de Ould Ghazouani.

Le président mauritanien en a fait son premier cheval de bataille dès son accession au pouvoir en 2019 avec un agenda pour normaliser ses relations avec l’opposition. Ainsi tous les chefs des partis y compris même des leaders dont les partis ne sont pas reconnus officiellement sont passés par la case du palais de Nouakchott. En initiant très tôt cette concertation permanente Ould Ghazouani  réussit à anesthésier l’opposition et même une union sacrée avec la crise sanitaire provoquée par la pandémie covid-19 en 2020.

La première réforme engagée du programme prioritaire du chef de l’Etat est la réforme du système éducatif dont la loi d’orientation a fait l’objet de concertation nationale avant d’être adoptée par l’Assemblée nationale. Une concertation de façade pour en arriver à une loi rejetée par l’opposition et les associations culturelles nationales (pulaar, soninké et ouolof) qui la considèrent comme une accélération du processus d’assimilation des écoliers non arabophones.

Cette politique d’autruche est encore plus visible dans le cadre des élections du 13 mai prochain dont la préparation a commencé par la suspension unilatérale du dialogue politique. Une autre concertation est engagée entre le ministre de l’Intérieur et les 25 partis en compétition.

Résultats des courses, un accord qui remet l’opposition sur la course vers des élections à la proportionnelle à un tour pour les municipales et régionales et à deux tours pour les législatives. Ould Ghazouani introduit une liste nationale pour les jeunes et les femmes avec la possibilité pour la diaspora d’élire ses propres députés.

L’opposition est encore mise devant le fait accompli sans changement perceptible des deux organes les plus importants et déterminants des élections : la CENI et le conseil constitutionnel entre les mains du pouvoir, les deux leviers de la tricherie politique et de la fraude. Une stratégie payante sur tous les coups politiques de Ould Ghazouani.