Mauritanie :  les déportations des négro-africains de 1989 au Sénégal et au Mali sous le régime de Ould Taya

La déportation de plus de 100 000 négro-africains de la Mauritanie au Sénégal et au Mali est considérée par les observateurs comme la page la plus sombre de l’histoire sous le régime du génocidaire Ould Taya .34 ans après plus de 15 000 réfugiés attendent un accord quadripartite entre la Mauritanie, le Sénégal, le Mali et le HCR pour leur retour.

C’est la plus grave crise politique entre le Sénégal et la Mauritanie avec trois années de rupture diplomatique entre Nouakchott et Dakar à la suite d’un accrochage en avril 1989 entre des paysans sénégalais soninkés et des bergers peuls mauritaniens à la frontière entre les deux pays. L’histoire retiendra que ce malheureux incident est orchestré par les autorités de Nouakchott dont l’agenda caché est l’épuration des peuls.

C’est ainsi que le pillage des boutiques des commerçants mauritaniens à Bakel s’est vite propagé à Dakar. La réciprocité fut appliquée pour les Sénégalais dans toutes les régions de la Mauritanie. Les statistiques retiennent fin avril entre 150 et 200 noirs tués ou mutilés dans ces violences à Nouakchott et dans les autres villes et une soixantaine de victimes mauritaniennes au Sénégal. Alors le régime raciste de Ould Taya en profite pour accélérer le processus de dé négrification en déportant plus de 100000 négro-africains au Sénégal et au Mali.

Des milliers sont contraints à l’exil en Europe et aux Etats-Unis. C’est l’aboutissement de la politique d’une Mauritanie arabe sous le régime du génocidaire Ould Taya. Ce mois d’Avril est pour les observateurs une occasion de rappeler ce premier génocide des noirs, la page la plus sombre de l’histoire traduite politiquement par l’expression passif humanitaire. 34 ans après, près de 15000 réfugiés vivent toujours dans des camps au Sénégal et au Mali.

Les réfugiés dans ce dernier pays ne sont toujours pas reconnus par Nouakchott. Seuls 20000 réfugiés sont entrés officiellement en 2008 sur la base d’un accord tripartite entre la Mauritanie, le Sénégal et le HCR. Parmi les réfugiés, certains seulement ont réintégré la fonction publique.

Certains des enfants ne vont plus à l’école faute d’Etat-civil. Le génocide biométrique initié par Ould Abdel Aziz a fait d’eux des apatrides et des étrangers chez eux. C’est un devoir de mémoire qui incombe à tous les exilés de la diaspora et les générations futures.

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 03 avril 2023)

 

 

 

 

 

Les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que leurs auteurs. Elles ne reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page