L’ère des réseaux sociaux est-elle en train de s’achever ?

Slate – La chute possible de Facebook et Twitter est une opportunité, non pas de changer pour une plateforme équivalente, mais d’accepter leur ruine et de consentir à un sevrage collectif. C’est l’avis de Ian Bogost, l’un des meilleurs analystes du monde numérique.

«C’est la fin. Facebook est en déclin. Twitter livré au chaos [depuis son rachat par Elon Musk, ndlr] Selon Ian Bogost, professeur d’université, concepteur de jeux vidéo et chroniqueur du secteur numérique pour le mensuel The Atlantic, l’âge d’or des réseaux sociaux est en train de s’achever. Dans une chronique publiée dans le magazine mensuel états-unien, il n’hésite pas à annoncer la fin prochaine des grandes plateformes.

«L’empire de Mark Zuckerberg a perdu des centaines de milliards de dollars et licencié 11.000 personnes. Ses revenus publicitaires sont en chute libre et le métavers qu’il fantasme n’est pas sorti des limbes.» Chez Twitter, c’est encore pire avec la fuite des annonceurs, la seule vraie source de revenus de l’entreprise. La «place publique» du monde a vu ses abonnés déserter en masse pour migrer chez Mastodon ou d’autres plateformes.

Il y avait une vie avant Facebook, Twitter et Instagram

Les réseaux sociaux ont pris une telle place dans nos vies, qu’il est difficile d’imaginer la vie sans eux. Comment communiquer sans Facebook? S’informer en temps réel sans Twitter? Comment voyager, faire des rencontres, découvrir une ville ou un pays, sans ces précieux assistants installés dans nos smartphones et qui ont réponse à tout.

Depuis une vingtaine d’années, les réseaux sociaux se sont imposés dans tous les secteurs de la vie quotidienne: le travail, les loisirs, les transports, la santé, l’information. Au point qu’il nous faut faire un effort pour nous souvenir de la vie avant les réseaux sociaux, lorsque la vie sociale passait par les journaux, la radio ou la télévision, la Poste, le téléphone fixe. C’est un peu comme se souvenir de la vie sans électricité il y a plus d’un siècle.

Les réseaux sociaux sont partout. Ils constituent notre environnement naturel. Leur omniprésence est telle qu’il nous est devenu difficile d’imaginer la vie sans eux. Mais tout comme les civilisations, les réseaux sociaux sont mortels. Leur avenir n’est pas garanti. Ils n’ont pas toujours été là et ne le seront pas toujours. Il faut démystifier leur omniprésence.

Avant Twitter et Facebook, de nombreux réseaux sociaux avaient fait leur apparition. Friendster est né en 2002, suivi de MySpace et LinkedIn l’année suivante, puis Hi5. Flickr, le site de partage de photos, a précédé Instagram; YouTube est d’abord apparu comme son équivalent pour la vidéo. Sans oublier les émergences éphémères de Google Buzz puis Google+.

Les réseaux sociaux, autrefois voies latentes de contacts possibles, sont devenus des autoroutes à contenu constant. Dans leur dernière phase, leurs aspects de réseautage social ont été relégués au second plan.

Twitter, qui a été lancé en 2006, a probablement été le premier véritable site de médias sociaux. Au lieu de se concentrer sur la connexion des personnes, le site s’est transformé en un salon de discussion géant, une nouvelle «place publique numérique où sont débattues des questions vitales pour l’avenir de l’humanité», comme l’a dit Elon Musk.

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Christian Salmon — Édité par Émile Vaizand

Source : Slate (France)

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