La fin de la politique « zéro Covid » en Chine n’inquiète pas les pays africains

Alors que le taux de vaccination en Afrique est encore faible et que les relations du continent avec Pékin s’intensifient, seul le Maroc a interdit l’entrée sur son territoire à toute personne arrivant de Chine.

Le Monde  – Figurer parmi les premiers partenaires économiques de la Chine n’avait pas empêché les pays africains de prendre, dès janvier 2020, des mesures afin de limiter l’entrée des voyageurs chinois sur leur sol, alors que l’épidémie de Covid-19 commençait à peine.

L’annonce par Pékin, début décembre, de la fin de la politique « zéro Covid » et la circulation très intense, depuis, du SARS-CoV-2 en Chine ont provoqué de nombreuses réactions dans le monde, certains pays, tels le Japon et la Corée du Sud, ayant fait le choix d’instaurer des dépistages à l’arrivée pour les passagers en provenance de Chine et à limiter la délivrance de visas.

Si, en Europe, les discussions ont également été intenses pour savoir quelles mesures appliquer face à la réouverture des frontières chinoises, en Afrique, seul le Maroc a tranché de manière radicale, annonçant dès le 2 janvier interdire l’entrée sur son territoire à toute personne arrivant de Chine. A l’inverse, d’autres pays ont communiqué sur le fait qu’ils ne prendraient aucune mesure contre les voyageurs chinois. C’est le cas de l’Afrique du Sud et du Kenya, un pays où les Chinois représentent le deuxième contingent de touristes.

Outre la nécessité de reprendre au plus vite les échanges commerciaux, l’évolution de la perception de la dangerosité du virus a aussi joué. Depuis l’arrivée des variants Omicron, qui provoquent moins de formes graves et de décès, la perception du risque a largement diminué, en Afrique comme dans les pays occidentaux. « Les pays sont encouragés à détecter rapidement les clusters et à s’assurer que les populations sont correctement vaccinées, plutôt que de mettre en œuvre des mesures qui n’ont pas été très efficaces jusqu’ici pour contrôler la propagation du Covid-19, comme le dépistage à l’arrivée des passagers ou l’exigence d’un test Covid négatif », commente le docteur Opeayo Ogundiran, responsable de l’épidémiologie pour la riposte régionale au Covid-19 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« La fin de la pandémie est à portée de main »

La vaccination reste un enjeu majeur sur le continent. A peine 25 % des Africains bénéficient d’un schéma vaccinal complet, contre près de 70 % dans le reste du monde. Et les disparités au sein du continent demeurent considérables : le Burundi, Madagascar, la République démocratique du Congo (RDC) et le Sénégal ont vacciné moins de 10 % de leur population et seuls trois pays – le Liberia, Maurice et les Seychelles – ont dépassé 70 %. L’OMS estime ainsi que si la vaccination continue à ce rythme, il faudra attendre le printemps 2025 pour que 70 % des Africains aient reçu un premier schéma vaccinal complet.

risque de moins en moins élevé a tendance à réduire l’attrait des populations pour la vaccination

« La fin de la pandémie de Covid-19 est à portée de main, mais tant que l’Afrique sera loin derrière le reste du monde pour atteindre une protection globale, il y aura une faille que le virus pourra exploiter dangereusement pour revenir en force », prévenait à l’automne dernier Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. Mais la perception d’un risque de moins en moins élevé a tendance à réduire l’attrait des populations pour la vaccination. « Pourtant, aujourd’hui, nous avons les quantités de vaccins nécessaires, ainsi qu’un large choix de vaccin», relève le docteur Ogundiran.

 

Une remarque qui rappelle que durant de longs mois, les Africains ont eu du mal à accéder à la vaccination. « Les populations ont rapidement compris, fin 2020, que la majorité des doses, surtout de vaccins à ARN, était réservée en priorité aux pays du Nord. Le fait que la Chine choisisse très rapidement de donner accès à ses vaccins Sinopharm et Sinovac a eu un impact. On a alors parlé de “vaccins du peuple”, et si leur efficacité a pu être discutée, ils impliquaient moins de contraintes thermiques pour leur stockage que les vaccins à ARN et, surtout, ils avaient le mérite d’être là », analyse Xavier Aurégan, maître de conférences en géopolitique à l’Université catholique de Lille. La Chine a fourni – sous forme de dons ou de ventes – environ 20 % des vaccins reçus par le continent.

Lire la suite

Source : Le Monde
 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page