C’est la coalition de l’ex-président mauritanien et un groupe des FLAM à Paris sous l’étiquette de “Engagés pour une Mauritanie Unifiée” qui focalise l’attention des observateurs. Ce rapprochement inédit suscite des polémiques cette semaine sur les réseaux sociaux et au sein de la classe politique mauritanienne toutes tendances confondues.
C’est un scénario auquel les Mauritaniens ne s’y attendaient pas même dans la catégorie des fictions politiques. Les FLAM et Ould Aziz main dans la main, une utopie qui devient une triste réalité. Le pas que vient franchir l’aile radicale des FLAM est considéré par les observateurs comme une trahison des principes fondateurs du mouvement, de la cause juste des combattants de la liberté contre le racisme d’Etat en Mauritanie, un système politique qui s’apparente à un apartheid déguisé.
Cette deuxième scission des FLAM peut être interprétée comme le début de la fin d’une radicalité du mouvement qui avait contesté à l’époque le congrès de Nouakchott à l’issue duquel Samba Thiam est devenu le président du nouveau parti des FPC. Avec ce revirement de l’aile dure c’est la revanche du rescapé du mouroir de Oualata rentré au bercail après 27 ans d’exil des Etats-Unis pour se confronter à l’épreuve de la démocratie.
Ce virement à 180 degrés des FLAM est une victoire de l’ex-président qui avance ses pions tout doucement pour se frayer un nouveau chemin après plus d’une année de contrôle judiciaire et poursuivi pour corruption enrichissement illicite et blanchiment d’argent. Ould Aziz vient de mettre à profit son escapade en France pour contrôle médical.
Un coup politique bien entendu condamné et rejeté par la tendance dissidente et en première ligne par le parti de la majorité INSAF qui qualifie d’incohérence cette plateforme “Engagés pour une Mauritanie Unifiée”. Une nouvelle pièce de théâtre de l’ex-président pour brouiller les cartes des partis politiques en 2023. Cette alliance contre nature est un véritable paradoxe d’unification entre un mouvement de libération dont la création remonte à 1986 et un ancien président en attente de comparution devant la cour criminelle de Nouakchott.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya.com le 16 novembre 2022)
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