Pourquoi une heure dure-t-elle 60 minutes ?

Une histoire de Babyloniens, de nombre magique et de têtes coupées.

Slate – On la regarde sans jamais y faire vraiment attention. L’heure, cette drôle d’unité de mesure du temps, est divisée d’une bien étrange manière. Dans notre monde adepte de la «décimale» (dizaines, centaines, milliers, etc.), le nombre d’heures et le nombre de minutes, 24 et 60, sont comme un pas de côté incongru. On s’y fait, certes, mais ça nous interpelle tout de même.

Pourquoi, par exemple, une heure ne ferait-elle pas 100 minutes? Si par magie l’on venait à s’y essayer, il y a fort à parier que l’on souhaiterait rapidement revenir à nos bonnes vieilles 60 minutes –l’histoire nous l’a montré. Pourquoi? Tout simplement parce que cette base de division est bien plus pratique! Ce n’est pas pour rien qu’elle a traversé les siècles, de l’Antiquité à nos jours.

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Le découpage du temps a été effectué environ 3.000 ans avant J.-C., en pleine Antiquité égyptienne et babylonienne. On imagine bien que c’était devenu une nécessité !

Le nombre de mois dans l’année et de jours dans un mois ont tout d’abord été calculés. Comment ? Avec les moyens du bord : l’observation des phases de la Lune et la période de révolution de la Terre autour du Soleil. Les astronomes égyptiens et babyloniens ont ainsi établi en observant le ciel qu’une année durait 365 jours, puis, en analysant les cycles lunaires, qui durent environ 29 jours et demi, ont instauré les mois. Une année de 12 mois d’environ 30 jours, nous y voilà.

Le découpage de la journée est légèrement plus compliqué (accrochez-vous). Vers 2200 avant J.-C., on ne se complique, dans un premier temps, pas la tâche: une journée, c’est 12 heures de jour, et 12 heures de nuit. Douze, tout simplement parce que l’année est déjà divisée en 12 mois –histoire de rester un tant soit peu cohérent. La pratique sera ensuite reprise par les Grecs et les Romains –ces derniers établissent même les mois à 30 ou 31 jours et le début de la journée à minuit, et non plus au lever ou au coucher du soleil. Mais ça, c’est une autre histoire.

60, nombre magique

Revenons-en à nos minutes. La journée est donc désormais divisée en 24 heures (12 de jour et 12 de nuit). Qu’en est-il des minutes? Pour comprendre ce fameux chiffre, il faut se mettre dans la tête d’un Babylonien. Ces derniers avaient un (grand) faible pour les calculs, et particulièrement des calculs qui s’appuient sur une base de 60.

On peut les comprendre: un système de numération basé sur le nombre 10 est bien moins facile à utiliser pour d’importants calculs que le nombre 60, qui possède tout un tas de diviseurs: 2, 3, 4, 5, 6, 10, 12, 15, 20 et 30. A contrario, le nombre 10 en possède seulement deux: le 2 et 5.

 

Les astronomes babyloniens raffolaient donc de cette base de 60, pratique également pour faire des tiers et des quarts. C’est pour cela que ce nombre magique s’est imposé en toute simplicité dès l’Antiquité afin de définir le nombre de minutes par heure, et de secondes par minute. La preuve de son efficacité: il a traversé les âges, jusqu’à finir aujourd’hui sur le cadrant de votre montre. Mais il s’en est fallu de peu.

Révolution française

Comme beaucoup de choses dans cette période mouvementée de notre histoire, l’heure faite de 60 minutes a failli ne pas survivre à la Révolution française. La Convention voulait lui «couper la tête» pour rompre coûte que coûte avec le passé, avec les temps anciens. Et qu’importe s’il ne s’agissait que de chiffres et de nombres! Qu’importe s’il fallait refabriquer des pendules et des montres!

Un calendrier révolutionnaire a donc été mis en place durant la Première République, tout comme l’heure décimale, officiellement introduite en France par le décret du 4 frimaire de l’an II (24 novembre 1793). Désormais, chaque mois était divisé en trois parties, les décades, de dix jours chacune. Chaque jour était ensuite divisé en dix parties ou heures, chaque heure était composée de cent minutes, et chaque minute de cent secondes. À midi il était donc 5 heures, à minuit 10 heures. Ça change pas mal les perspectives de la journée.

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Robin Tutenges — Édité par Sophie Gindensperger

Source : Slate (France)

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