Un meurtrier sommeille-t-il vraiment en chacun de nous ?

Un professeur émérite en criminologie répond à cette croyance populaire.

Slate – Seriez-vous capable de tuer quelqu’un ? Non ? Pas même votre pire ennemi ? Et si on vous suppliait de le faire ? Selon une croyance sur laquelle la nouvelle série dramatique de la BBC, Inside Man, base son intrigue, un meurtrier sommeillerait en chacun de nous. Mais que vaut vraiment cette théorie ? David Wilson, professeur émérite en criminologie de la Birmingham City University, livre sa réponse dans The Independent.

D’après l’universitaire, cette assertion est fausse. D’abord, le taux de criminalité serait beaucoup plus élevé si cette idée reflétait la réalité. Or, «il est en baisse depuis des décennies, expose l’universitaire. Les rencontres fortuites ne font pas de nous des meurtriers.»

En outre, elle est couramment invoquée par des assassins dans le but de se déculpabiliser et de susciter la sympathie. «Ils laissent entendre que nous sommes tous à un pas d’agir de la même façon, mais qu’eux seuls ont le courage, commente David Wilson. Le tueur en série Dennis Nilsen se décrivait comme un homme ordinaire arrivé à un aboutissement extraordinaire.»

Ainsi que l’avance le spécialiste, écrire un drame ou présenter les crimes comme un acte quelconque revient à créer une image favorable du meurtrier. Pourtant, notre appétit pour les séries sanglantes n’a jamais été aussi vorace.

 

L’héroïsation des criminels en question

 

Pourquoi un tel engouement? Le professeur l’explique simplement: «Les assassinats ont toujours été au cœur de l’actualité populaire depuis le début de la période victorienne. Je ne pense pas que l’humain s’y intéresse davantage aujourd’hui; après tout, les jours de pendaison étaient des jours fériés et faisaient fureur. Ceux qui trouvent ces séries fascinantes auraient pu, à une autre époque, figurer aux premiers rangs lors des exécutions publiques.»

Cependant, l’audiovisuel a généralement tendance à héroïser les criminels, fréquemment protagonistes des programmes, et cela pose question. «Dans Le Silence des agneaux, le génie du mal aime l’architecture florentine, la gastronomie et les toccatas de Bach. Croyez-moi, je n’ai jamais rencontré un tueur en série qui avait l’un de ces intérêts.»

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Repéré par Aurore Maubian

Repéré sur The Independent

Source : Slate (France) – Le 05 octobre 2022

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