Accidents de la route et secours d’urgence : Les drames qui endeuillent des familles

Combien de fils, de pères, de mères, attendus avec impatience, ne reviendront jamais d’un voyage, à l’intérieur du pays ? Combien de morts anonymes fauchés sur les routes en Mauritanie ont été enterrés dans l’indifférence.

L’année 2015, comme les années précédentes a eu en effet son lot de drame tragique, dont le dernier qui a mis en deuil toute la République, avec la mort accidentelle du fils du président de la République, Ahmedou Ould Abdel Aziz et de notre confrère Cheikh Oumar NDiaye.

Presqu’une semaine est passée depuis le drame national qui a touché en plein fouet la famille du président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz et celle de notre confrère Cheikh Oumar Ndiaye. Ce drame serait passé inaperçu, comme tant d’autres qui endeuillent tous les jours des dizaines de famille mauritanienne, n’eût été le statut du défunt Ahmedou Abdel Aziz, mais surtout ses qualités unanimement reconnues. La famille de Mohamed Ould Abdel Aziz a ainsi bénéficié de la solidarité nationale et même internationale, avec l’afflux de plusieurs chefs d’Etat venus présenter leurs condoléances, d’institutions, de chancelleries, de confréries, d’organisations… La maison des Ehel Abdel Aziz au Ksar n’a pas désemplit des jours durant. Des centaines de personnalités, des citoyens ordinaires, ont ainsi défilé pour présenter des compassions intéressées ou désintéressées. La famille de Cheikh Oumar NDiaye en a également reçu, même si c’est à un degré moindre.

Beaucoup se demandent si Mohamed Abdel Aziz n’était pas président de la République, est-ce qu’il aurait eu tant de manifestation de solidarité ? Certaines condoléances étaient en effet enrobées de gestes d’hypocrisie, même devant la mort. Ne rapporte-t-on pas l’indignation de la sœur du président Mohamed Abdel Aziz lorsqu’elle vit un gros commerçant remplir d’argent la poche d’un troubadour pour que ce dernier chante ses louanges devant le Chef de l’Etat ? Ce dernier n’a-t-il pas à plusieurs reprises freiné de faux griots à chacune de ses rentrées dans le grand salon de la famille paternelle où il recevait les condoléances ? Si Cheikh Oumar NDiaye n’était pas mort avec le fils du président, son nom allait-il être si galvaudé et repris par les sites électroniques jusqu’à la lie ? Il y en ainsi des morts qui ne passent pas inaperçu et d’autres qui défilent sous l’indifférence générale.

Mais la route impitoyable ne fait pas le distinguo entre un manant et le fils d’un président de la République. Elle guette les imprudences, surtout si celles-ci se permettent de rouler à plus de 200 kilomètres à l’heure sur des routes défoncées. La fatalité est certes une dose religieuse qui permet aux familles de mieux faire passer la pilule du désespoir et de la douleur, mais elle n’écarte pas les responsabilités. Dans le tragique accident de la route qui a causé la mort d’Ahmedou Ould Abdel Aziz et de Cheikh Oumar NDiaye, le destin ne doit pas avoir bon dos, car la responsabilité du chauffeur est entière.

Aussi pleine est la responsabilité du dispensaire de Tintane où les corps encore en vie seraient arrivés. Plusieurs témoignages rapportent l’attitude de l’infirmier de garde. Au lieu d’instituer les premiers soins d’urgence face à des accidentés qui se vidaient de leur sang devant ses yeux, il aurait paniqué, surtout lorsqu’il apprit que l’un des blessés était le fils du président de la République. Il se serait contenté de téléphoner et d’attendre avec la foule, malgré les cris de la population massée devant le dispensaire qui lui demandait un premier geste de secours. Devant l’ampleur du drame, l’infirmier avait oublié tous ses cours. Pendant qu’il attendait, telle une chose inutile, Cheikh Oumar NDiaye et Ahmedou Abdel Aziz trépassaient.

Ce drame met en lumière non seulement, l’imprudence des conducteurs, mais aussi l’absence de toute balise sur les routes nationales pour indiquer les virages, les travaux, les crevasses, etc. Il existe également une absence totale de mécanisme de prise en charge en soins médicaux d’urgence dans les centres de santé et les hôpitaux qui jalonnent les principales routes, notamment la route de l’Espoir, là où se déroulent les trois quarts des accidents mortels recensés chaque année.


En 2015 pourtant, des accidents dramatiques ont eu lieu, tels ces 11 morts sur l’axe Nouakchott-Nouadhibou en septembre dernier, ou ces 14 soldats de l’armée nationale qui avaient péri dans un accident mortel sur la route Chinguitty-Atar.

Selon les prévisions, le nombre d’accident recensé en 2015 risque de battre le triste record de 2014 avec ses 350 tués ainsi que celui de 2013 avec ses 101 morts. La route de l’Espoir bat dans ce registre, tous les records macabres, avec 1.600 accidents en 2014. La progression des accidents en Mauritanie donne des sueurs froides. En effet, le nombre est passé de 598 en 2013 à 4.159 en 2014.

La route de l’Espoir reste la plus meurtrière. Construite depuis les années 70, avec des retouches annuelles, elle constitue l’axe la plus fréquentée du pays et présente plusieurs pièges mortels, nids de poule, crevasses, fossés, monticules de sable, animaux errants…Elle ne présentet de garantie sur le plan technique, selon les experts. Les travaux de renouvellement de l’axe Kiffa-Tintane, confiés à une entreprise de construction, traînent depuis des années. Avide de compléter son triste palmarès, il a largement dépassé son délai de livraison.

JOB

 

Source : L’Authentic.info

 

 

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