Le conflit du Sahara occidental sur fond de la crise algéro-marocaine, la crise malienne avec le départ de Barkhane et la sortie de Bamako du G5 Sahel et l’arrivée en force des mercenaires russes qui entraînent la rupture avec la France, révèlent que Ould Ghazouani peut jouer un rôle important dans la stabilité du Maghreb et du Sahel.
Incontestablement la neutralité de la Mauritanie sur le conflit du Sahara occidental lui confère un statut privilégié dans la paix au Maghreb. Son expérience dans la lutte contre le djihadisme au Sahel joue en faveur de Ould Ghazouani dans la crise malienne. Après trois années de gouvernance, Ould Ghazouani apparaît sur l’échiquier politique de la sous-région, comme un chef d’Etat courtisé par le Maroc et l’Algérie qui ont mis le paquet dans les relations bilatérales comme en témoigne la visite actuellement du premier ministre algérien à Nouakchott.
Alger comme Rabat joue la carte économique, le point faible de Nouakchott mais en même temps le point fort parce que le pays recèle d’importantes ressources naturelles dont les exportations du minerai de fer, véritable poumon de l’économie. Et également une attraction pour les investissements en Mauritanie devenus visibles à travers de nombreux accords de coopération économiques et commerciales signés entre Nouakchott et Rabat et Alger. Le respect de la neutralité est aussi un atout politique.
A ce propos le silence de l’émissaire onusien après la visite qu’il vient d’effectuer dans la capitale mauritanienne est significatif à cet égard. Sur la crise malienne, les cartes de Ould Ghazouani sont plus favorables à de multiples médiations partageant la première avec l’Algérie sur l’irrédentisme des Touaregs, l’autonomie de l’AZAWAD comme enjeu de la paix au Mali. Les observateurs rappellent qu’un projet de protectorat sous la tutelle de Nouakchott et soutenu par la France sous le régime de Ould Aziz pourrait devenir une réalité.
La deuxième médiation est relative aux récentes sanctions économiques et financières de la CEDEAO et de l’UMOA contre le Mali. La solidarité du président mauritanien pour permettre aux putschistes de Bamako de vendre la production du coton par le port de Nouakchott, est un point important dans la politique de bon voisinage de Ould Ghazouan avec le Mali.
La Mauritanie est le seul pays du G5 Sahel qui n’est pas attaqué par les Djihadistes depuis 2014. Elle doit cette aura grâce à son rapprochement avec les islamistes en particulier la nébuleuse ’Al Qaeda avec laquelle l’ancien président Ould Aziz aurait signé un accord de non-agression. C’est un bouclier qui confère à son successeur le statut de négociateur avec les groupes et alliances d’Al-Qaeda et l’Etat Islamique si le G5 Sahel et la France acceptent. Enfin Ould Ghazouani est bien placé pour faire revenir le Mali au sein de la famille G5 Sahel.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
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