Ebrahim Raïssi, le président iranien qui était pressenti pour succéder au Guide suprême, est mort

La disparition dans le crash de son hélicoptère de ce religieux ultraconservateur, âgé de 63 ans, survient alors que la région est sujette à de très vives tensions. Une nouvelle élection doit se tenir dans les cinquante prochains jours.

Le Monde  – La mort du président iranien, Ebrahim Raïssi, dans un accident d’hélicoptère a été confirmée lundi 20 mai au matin par un communiqué du gouvernement, après des heures de démentis, d’informations contradictoires et d’euphémismes. Dimanche 19 mai dans l’après-midi, alors que les médias avaient d’abord parlé d’un « atterrissage difficile » de l’hélicoptère présidentiel, ils ont fini par évoquer « un crash », laissant penser que les officiels iraniens étaient d’ores et déjà au courant de la mort du président Raïssi. En début de soirée, le Guide suprême, Ali Khamenei, avait appelé les Iraniens à « prier » et « espérer que Dieu ramènera le président et ses compagnons dans les bras de la nation ».

« J’annonce cinq jours de deuil public et je présente mes condoléances au cher peuple iranien », a déclaré le plus haut responsable de la République islamique dans un communiqué publié quelques heures après l’annonce de la mort du président.

Avec lui ont également péri le ministre des affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, le gouverneur de la région de l’Azerbaïdjan-Oriental, Malek Rahmati, et l’imam de la prière du vendredi de cette même province, Mohammad-Ali Ale-Hashem. Ebrahim Raïssi est mort après avoir rencontré, dimanche matin, son homologue azéri Ilham Aliev, à l’occasion de l’inauguration d’un barrage sur la rivière Araxe, proche de la préfecture iranienne de Khoda Afarin, le long de la frontière avec l’Azerbaïdjan. Son hélicoptère s’est écrasé dans un épais brouillard, alors que le convoi présidentiel se dirigeait vers la ville de Tabriz, où le président devait visiter une raffinerie de pétrole.

« L’administration ne sera pas perturbée »

La disparition de ce dirigeant survient alors que les tensions dans la région se sont exacerbées en marge de la guerre que mène Israël à Gaza. Le 13 avril, l’Iran avait lancé une attaque inédite de drones et de missiles contre l’Etat hébreu, en réponse à l’attaque israélienne contre le consulat iranien de Damas, en Syrie. En interne, le pays a traversé ces derniers mois des contestations sans précédent d’une partie de l’opinion publique, a été la cible en janvier de l’Etat islamique – attaque la plus meurtrière sur le sol iranien depuis 1978 – et subit une crise économique sévère.

 

Quelques heures avant l’annonce officielle de la mort d’Ebrahim Raïssi, dans un discours devant des commandants des gardiens de la révolution, Ali Khamenei s’était voulu rassurant. « La nation n’a pas besoin d’être inquiète ou anxieuse puisque l’administration du pays ne sera pas du tout perturbée », avait-il déclaré. Cette déclaration laisse penser que peu de changements sont à attendre après la mort de M. Raïssi, les pouvoirs dans le pays étant exclusivement aux mains d’Ali Khamenei, de ses proches et des gardiens de la révolution.

Aussi, les équilibres internes de Téhéran ne devraient pas être bouleversés. La diplomatie de la République islamique d’Iran, notamment son soutien militaire et stratégique à ses alliés dans la région, dont le président syrien, Bachar Al-Assad, le Hezbollah libanais, les houthistes au Yémen et les milices chiites en Irak, ne devrait pas non plus évoluer.

Le religieux ultraconservateur et peu charismatique de 63 ans avait été élu lors d’un scrutin, en juin 2021, boycotté de manière inédite par une majorité d’Iraniens, avec un taux d’abstention de 51,2 % (74 % à Téhéran). Pour que son élection se déroule sans entrave, le Conseil des gardiens de la Constitution, un organe non élu, avait éliminé tous les adversaires qui auraient pu lui faire de l’ombre.

Rouage important de l’appareil répressif

 

Jusqu’à sa mort, Ebrahim Raïssi est resté le président le plus docile de l’histoire la République islamique d’Iran, demeurant tout au long de son mandat proche du Guide suprême. Avant lui, tous ses prédécesseurs – Hassan Rohani (2013-2021), Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013), Seyyed Mohammad Khatami (1997-2005) et Ali Akbar Hachémi Rafsandjani (1989-1997) – sont tombés en disgrâce auprès du Guide suprême. M. Raïssi, lui, n’a jamais déçu la première autorité du pays. Depuis des années, le nom du président défunt était d’ailleurs évoqué comme l’un des potentiels successeurs au Guide, aujourd’hui âgé de 85 ans. L’élection d’Ebrahim Raïssi, en 2021, avait été vue comme une première étape avant sa sélection.

Ce descendant du Prophète a démontré sa loyauté sans faille envers le noyau dur de la République islamique d’Iran, dont le Guide suprême, les gardiens de la révolution (l’armée idéologique du pays) et les appareils sécuritaires du pays, en jouant un rôle important dans presque tous les dossiers de violation des droits humains depuis la révolution en 1979. En 1988, Ebrahim Raïssi a été l’un des quatre juges religieux qui ont condamné à mort des milliers de prisonniers politiques. Devenu procureur de Téhéran, en 2014, il a été ensuite promu au poste de chef du système judiciaire cinq ans plus tard. Cette même année, il a été placé sur la liste noire des dirigeants iraniens sanctionnés par les Etats-Unis pour « complicité de graves violations des droits humains ».

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Source : Le Monde 

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