Le Monde – Le Sénégal, tombeur de l’Egypte comme lors de la récente finale de la Coupe d’Afrique des nations, le Cameroun, renversant contre l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et le Ghana, ont décroché, mardi 29 mars, leur qualification pour le Mondial 2022 au Qatar à l’issue des barrages retour de la zone Afrique.
L’histoire s’est donc répétée pour le Sénégal. Le 6 février, Sadio Mané permettait à son pays de soulever la première Coupe d’Afrique des nations de son histoire en marquant le dernier tir au but de la finale face à l’Egypte. Près de deux mois plus tard, le même Sadio Mané a guidé la meute des Lions de la Téranga vers le Qatar, en convertissant un nouveau tir au but décisif, toujours contre les Egyptiens, cette fois lors du match retour des barrages qualificatifs pour la Coupe du monde 2022.
Et cette fois, à 30 kilomètres de Dakar, il a d’abord fallu baptiser le stade Abdoulaye-Wade de Diamniadio (inauguré le 22 février 2022 lors d’un match de gala). Les 50 000 tickets avaient – évidemment – trouvé preneurs. Le coup d’envoi était prévu à 17 heures (heure locale), mais à midi ils étaient déjà des milliers à se faire entendre dans les gradins.
Soirée électrique
Quand vient l’heure de l’hymne égyptien, le chant des coéquipiers de Mohamed Salah est inaudible, recouvert par le vacarme des tribunes. Des points verts apparaissent alors sur les visages des joueurs visiteurs : ce sont des lasers pointés depuis les gradins. Le match n’a pas encore commencé, mais le ton est déjà donné. Cette soirée s’annonce électrique.
Elle le devient davantage quand le Sénégal ouvre la marque dès la 3e minute. Après un coup franc frappé par Idrissa Gueye vers le second poteau, le ballon, mal dégagé de la tête par un défenseur, atterrit dans les pieds de Boulaye Dia, qui ne se prive pas pour froisser les ficelles à bout portant. Les Lions de la Téranga rattrapent ainsi leur retard concédé lors de la première manche. 1-0, c’était déjà le score au match aller en faveur de l’Egypte vendredi 25 mars au Caire.
Aliou Cissé, côté sénégalais, et Carlos Queiroz, côté égyptien, s’invectivent : très vite, l’arbitre doit venir calmer les deux sélectionneurs. A mesure que le match avance, les joueurs réclament des fautes et apparaissent de plus en plus nerveux. La tension des tribunes infuse le terrain.
Essaim de lasers
Dominateurs en première période, les Lions de la Téranga raréfient leurs occasions après la pause. Aucune des deux équipes ne parvient à inquiéter le gardien adverse. Conséquence : la prolongation devient inéluctable, comme lors de la finale de la CAN. A la 95e minute, le stade Abdoulaye-Wade de Diamniadio est déjà prêt à exulter quand Sadio Mané délivre un centre idéal au second poteau vers Ismaïla Sarr. L’attaquant sénégalais a le but grand ouvert devant lui, mais il frappe du talon et le ballon revient miraculeusement sur le gardien égyptien, Mohamed El Shenawy.
Le match se prolonge donc aux tirs au but. Une séance déroutante qui va débuter par quatre tentatives ratées (deux de chaque côté), dont celle de Mohamed Salah. Comme tous ses coéquipiers, la star égyptienne devait faire face à un essaim de lasers pointés sur ses yeux depuis les tribunes. Il a envoyé le ballon très largement au-dessus de la transversale.
Son ami et coéquipier en club à Liverpool, Sadio Mané, lui, a la vision claire pour frapper plein centre la cinquième tentative sénégalaise et délivrer ses supporteurs. Comme en 2002 et en 2018, les Lions de la Téranga vont participer à la Coupe du monde.
Scénario dantesque pour le Cameroun
Le désespoir du sélectionneur algérien Djamel Belmadi, après l’élimination des Fennecs contre le Cameroun, le 29 mars 2022, à Blida (Algérie)
Un peu plus tard, dans la soirée, au terme d’un scénario dantesque, Djamel Belmadi, à genoux, inconsolable, n’arrive pas à se relever sur le gazon de Blida après le coup de sifflet final. Karl Toko-Ekambi vient d’inscrire le but du 1-2 qui envoie le Cameroun au mondial, aux dépens de l’Algérie, à la 124e minute de la partie.
Le joueur de l’Olympique lyonnais a endossé vingt-neuf ans plus tard les habits d’Emil Kostadinov, bourreau bulgare des Bleus dans leur quête de Mondial 1994, et permet aux Lions indomptables de retrouver les joutes mondiales pour la première fois depuis 2014.
C’était pourtant un conte de fées qui semblait s’écrire quelques instants plus tôt, avec le but du jeune Ahmed Touba, à peine entré et qui pensait envoyer les Fennecs et le stade Mustapha-Tchaker au Qatar (1-1, 118e). Au final, le sélectionneur algérien pleure bel et bien l’élimination des champions d’Afrique 2019, pourtant en ballottage favorable après leur succès à l’aller en terre camerounaise (0-1).
Mais le but inscrit par Eric Chupo-Moting, dès la 18e minute sur un corner, a permis aux troupes de Rigobert Song d’espérer, après une première manche indigente. Ce scénario dessinait les contours d’une soirée galère pour une Algérie qui, depuis ses deux revers lors de la dernière coupe d’Afrique en janvier, semble avoir perdu le feu sacré, après 35 matchs sans défaite.
« Le ciel nous est tombé sur la tête »
Parfois stériles balle au pied, les Algériens ont globalement dominé les débats, face à un bloc camerounais venu jouer le contre. Dans cette rencontre aux allures de France-Bulgarie 1993, l’Algérie aura le regret d’avoir déjoué jusqu’à la fin.
Invaincus en 43 sorties (36 victoires, 7 nuls) depuis 2002 dans l’écrin de Blida, les Fennecs auront attendu leur 44e réception pour y connaître le goût de la défaite. Un revers aux conséquences cruelles pour une nation invaincue dans le parcours du combattant que sont les qualifications de la zone Afrique pour le Mondial.
« On est effondré », a avoué Djamel Belmadi à l’issue du match. « Le ciel nous est tombé sur la tête. C’est du football, c’est du sport. Mais c’est toute notre vie, en même temps », a-t-il ajouté.
« La Verte » manquera un second Mondial de suite, et regardera ses voisins marocains et tunisiens représenter les couleurs du Maghreb au Qatar.
Maroc, Tunisie et Ghana ont leur billet en poche
Le Maroc s’est largement imposé à Casablanca face à la République démocratique du Congo (1-1 à l’aller). Azzedine Ounahi, auteur d’un doublé, Tarik Tissoudali et le Parisien Achraf Hakimi ont offert à leur pays une sixième participation à un Mondial. Les Congolais ont sauvé l’honneur avec un très joli enchaînement de Ben Malango en fin de rencontre.
La Tunisie verra donc aussi le Qatar, à la faveur de son succès 1-0 à l’aller au Mali, grâce à Moussa Sissako. Au retour à Radès, les deux équipes se sont neutralisées 0-0.
Après un match aller sans vainqueur (0-0), le Ghana a également obtenu son billet en allant faire match nul 1-1 au Nigeria. Le capitaine, Thomas Partey, a ouvert le score sur une frappe lointaine, avant que William Troost-Ekong ne remette les deux équipes à égalité sur penalty (22e).
Mais grâce au but marqué à l’extérieur (la règle est toujours en vigueur en zone Afrique, à la différence des coupes européennes), les Black Stars participeront à leur première Coupe du monde depuis huit ans.
Le Portugal s’est qualifié pour le Mondial 2022 en battant la Macédoine du Nord (2-0), mardi soir, en finale de barrages à Porto. Cristiano Ronaldo, 37 ans, aura donc l’occasion de disputer la cinquième Coupe du monde de sa carrière. Les Portugais ont obtenu leur billet pour le Qatar grâce à Bruno Fernandes, auteur d’un doublé face aux Macédoniens, lesquels avaient créé la surprise en éliminant l’Italie.
Source : Le Monde
