Xi Jinping a la voie libre pour rester au pouvoir

La résolution approuvée à l’issue du plénum du Parti communiste loue la pensée du président chinois, incarnation du « meilleur de la culture et de l’ethos chinois de [son] temps », et va lui permettre de conserver sa place à l’issue du XXe congrès, prévu en 2022.

Le Monde  – Le Parti communiste chinois (PCC) s’apprête à entreprendre « un nouveau voyage », mais absolument pas à changer de capitaine. Comme prévu, les 348 membres (197 titulaires et 151 suppléants) du sixième plénum du comité central du PCC ont approuvé, jeudi 11 novembre, une résolution qui, dans les faits, permet à Xi Jinping de rester au pouvoir, à l’issue du XXe congrès du parti, convoqué pour le « second semestre de 2022 ».

« Le comité central appelle l’ensemble du parti, l’armée et tous les Chinois à s’unir encore plus étroitement autour du comité central, avec le camarade Xi Jinping au centre, pour mettre pleinement en œuvre la pensée de Xi Jinping sur le socialisme aux caractéristiques chinoises pour la nouvelle ère », peut-on lire dans l’avant-dernier paragraphe.

Secrétaire général du parti, président de la République et président de la commission militaire centrale, Xi Jinping a fait modifier, en 2018, la Constitution, qui limitait à deux le nombre de mandats de président de la République qu’un même responsable pouvait exercer. Une limite établie, en 1982, par Deng Xiaoping, pour éviter toute dérive maoïste. Elu secrétaire général, en 2012, et président de la République, en 2013, Xi Jinping ne sera pas contraint de quitter le pouvoir à l’issue du XXe congrès, en 2022.

Toute critique constituerait une dangereuse boîte de Pandore

Sur les quatorze pages (en anglais) du communiqué publié à l’issue du plénum, l’histoire du parti en occupe une douzaine. Les années Mao (de 1921 à 1976) sont évoquées sur environ deux pages, tout comme les années Deng Xiaoping, Jiang Zemin et Hu Jintao (époque qui va de 1976 à 2012). En revanche, les années Xi Jinping (moins d’une décennie) ont droit à plus de sept pages. De même, son nom apparaît à dix-sept reprises dans le communiqué, bien plus que ceux de Mao (sept), Deng (cinq), Jiang (un) et Hu (un) réunis.

Contrairement aux deux précédentes résolutions sur l’histoire du parti adoptées jusqu’ici – en 1945, sous Mao, et, en 1981, sous Deng – celle de Xi Jinping ne comporte aucune trace d’autocritique. Une phrase la résume parfaitement : « Les efforts du parti et du peuple durant le dernier siècle représentent le plus magnifique chapitre de l’histoire, plusieurs fois millénaire, de la nation chinoise. » Deng Xiaoping avait jugé, en 1981, que le bilan de Mao était positif « à 70 % ». Tout le monde avait compris qu’à ses yeux le Grand Bond en avant (1958-1961) et la Révolution culturelle (1966-1976) avaient été des erreurs. On chercherait en vain la moindre référence à celles-ci dans la résolution actuelle. Pas plus, nul besoin de l’ajouter, que pour le massacre de Tiananmen du 4 juin 1989.

Tirant les leçons de l’effondrement de l’Union soviétique, Xi Jinping estime que toute critique du parti et, au sein de celui-ci, toute critique de la direction, constitue une dangereuse boîte de Pandore.

« Une plus grande unité dans la façon de penser »

Si l’ouverture et les réformes entreprises par Deng Xiaoping ont permis à la Chine de devenir la deuxième puissance mondiale, le texte insiste surtout sur « la pensée de Xi Jinping sur le socialisme aux caractéristiques chinoises pour une nouvelle ère », ce « marxisme de la Chine contemporaine et du XXIe siècle », qui « incarne le meilleur de la culture et de l’ethos chinois de [son] temps ». De plus, Xi Jinping ne serait pas qu’un penseur. Sous sa direction, le comité central « a résolu de nombreux problèmes difficiles, qui étaient à l’agenda mais n’avaient jamais été résolus, et a accompli de nombreuses choses, qui étaient attendues mais n’avaient jamais été réalisées ».

Surtout, grâce à lui, il y a « une plus grande unité dans la façon de penser parmi les membres du parti », la direction du PCC a été « améliorée » et « le problème d’une gouvernance relâchée et faible sur les organisations du parti a été résolu au niveau fondamental ».

Bref, ses prédécesseurs avaient développé le pays, mais la corruption et un certain laisser-aller idéologique menaçaient la suprématie du parti. Xi Jinping n’a d’ailleurs pas de leçon d’économie à recevoir : sous sa gouverne, le « développement économique est devenu bien plus équilibré, coordonné et durable ».

Vers un sommet Biden-Xi

Pourtant, à la lecture de ces quatorze pages, un doute subsiste. Xi Jinping a-t-il vraiment obtenu tout ce qu’il désirait, à l’issue de ce plénum ? Dans un entretien à l’Agence France-Presse, Willy Lam, un politologue installé à Hongkong, fait remarquer que le terme de « président à vie » ne figure pas dans le texte. Si le « rêve chinois » apparaît à trois reprises, la « prospérité commune » chère à Xi Jinping pour diminuer les inégalités n’a droit qu’à une occurrence.

Les « nouvelles routes de la soie », son mégaprojet d’investissement mondial lancé en 2013, n’a pas droit de cité. Peut-être les membres de ce cénacle, qui s’est, bien sûr, tenu à huis clos, ont-ils accepté de continuer de confier les rênes du pays à ce dirigeant qui promet croissance économique et stabilité sociale, mais sans lui donner pour autant un blanc-seing total.

 

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Source : Le Monde 

 

 

 

 

 

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