Mali :  la rupture de confiance entre Bamako et Paris dans le collimateur des observateurs

La rupture de confiance entre la France et le Mali semble être consommée depuis les soupçons de l’Elysée de l’arrivée prochaine de mercenaires russes du groupe privé Wagner pour remplacer les militaires français au Nord du Mali. C’est une situation inédite entre les deux pays après quelques mois du désengagement des forces Barkhane au Sahel avec le retrait de deux bases militaires au Mali.

Les échos ces deux dernières semaines sur l’affaire du groupe privé Wagner qui étalent sur la scène internationale les intentions des militaires de Bamako de faire appel à des mercenaires russes, n’augurent pas une bonne suite des relations entre la France et le Mali. Au-delà de l’enjeu de souveraineté, c’est la sécurité du Sahel qui est pointée du doigt voire de tout le continent. Ce bras de fer en sourdine et qui risque dans les jours à venir de montrer le vrai visage de la Françafrique nouvelle version Macronienne soufflant le chaud et le froid tout en voulant maintenir sa domination sur ses anciennes colonies.

Le spectre du Soudan français plane sur Bamako, la conquête française du Mali d’hier qui s’est heurtée aux autres puissances européennes, l’Angleterre et l’Allemagne en particulier et dont la fédération va être finalement ratifiée par le Soudan français et le Sénégal en 1959, une année avant l’indépendance octroyée pacifiquement par De Gaulle. L’histoire retiendra plus de 60 ans après,  que la France est revenue militairement en 2013 pour bouter hors du Nord du pays, les terroristes islamistes sous couvert de l’opération Serval qui deviendra Barkhane par la suite. Et 8 ans après cette nouvelle occupation,

les Jihadistes sont toujours maîtres de cette vaste bande sahélo-saharienne et à Bamako, les militaires reviennent au pouvoir pour défier Paris qui ferme dans un premier temps ses deux bases militaires et réduit le dispositif de Barkhane. Un désengagement considéré par les putschistes comme un abandon de poste ou « abandon en plein vol » qui alimente depuis une semaine les mercenaires russes via le groupe privé Wagner dont la réputation sulfureuse n’est plus à démontrer, soulève des problèmes de droits de l’homme.

Une rupture de confiance entre les deux pays semble être consommée en attendant que les militaires révèlent leur secret dans quelques jours c’est-à-dire leur choix Wagner ou d’autres forces russes ou d’un autre pays. Le problème malien dépasse le Mali et le G5 Sahel qui risque de perdre un membre indispensable à la sécurisation des populations surtout des trois frontières, cible privilégiée des groupes alliés d’Al Qaeda et de l’Etat islamique qui rêvent d’un califat au Sahel et d’une avancée vers le golfe de Guinée avec en première ligne le Bénin et la Côte d’Ivoire. Ce qui arrive au Mali concerne toute l’Afrique en particulier les Etats où l’Etat de droit n’existe pas. Le retour des coups d’Etat militaire ou constitutionnel est un fléau loin d’être éradiqué et dont les conséquences sur la gouvernance démocratique empêchent l’émergence du continent.

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 27 septembre 2021)

 

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