Mauritanie-Reportage : Les prix des produits alimentaires continuent à grimper

En Mauritanie, depuis quelques mois, beaucoup sont les commerçants qui se réjouissent de pouvoir faire de bons chiffres d’affaires. Ainsi, à la fin de ce mois d’août, notre reporter a tendu son micro à certains détaillants, grossistes et clients rencontrés sur les marchés de la capitale. Où les prix, surtout ceux des produits alimentaires, légumes connaissent déjà une augmentation, ce qui mécontente les acheteurs, qui se plaignent de la flambée des prix.

Les prix des produits de première nécessité sont en hausse. Une situation qui n’est pas du goût des clients. Le marché des produits alimentaires de la capitale est bondé de monde ces jours, l’heure est aux courses pour ceux qui ont les moyens, car les garde-manger doivent être bien fournis.

Un autre marché, une même situation. Au marché de Sebkha, les prix des denrées sont aussi chers, comme le dit Ndèye. Elle demande aux commerçants d’être sensibles à la précarité des ménages et de revoir les prix à la baisse.

En effet, le mois de ramadan dernier les commerçants spéculateurs ne cesser de rehausser les prix de certains produits alimentaires, du fait de la forte demande de ces produits. « Nous revendons le sac de riz de 25 kg maintenant à 8000 MRO alors qu’il se vendait 6200MRO. Cependant, le sac de riz local de 50 Kg se vend à 17000 MRO auparavant, il se vendait à 12 600 MRO, le Kg de sucre valait 200 MRO, mais maintenant, il faut débourser 1300 MRO pour avoir le sac de 5kg, » explique un commerçant.

Une cliente constate « ce sont des produits de première nécessité que je suis venue chercher. Ils ont haussé les prix de tous les produits. Tout est cher, l’huile, le riz, le lait gloria et le Célia et autres ». Ce sont les prix des produits fortement demandés qui ont augmenté. Cette augmentation des prix laisse beaucoup de consommateurs démunis.

« Le prix du kilo de la pomme de terre a augmenté depuis le mois du ramadan. Il y a quelques jours, ma fille était partie au marché des légumes et elle a acheté la pomme de terre à 30MRU le kilogramme et l’oignon à 25MRU », raconte Mahjouba .

Abdallahi, un vendeur de légumes répond : nous avons acheté ces produits trop chers et il nous faut une marge. Nous le revendons maintenant à 450 / 350MRO. C’est le prix qui a augmenté » indique un autre revendeur. Parfois, la hausse des prix des produits provient de ceux qui produisent.

Aujourd’hui, la vie est devenue très chère. Je ne sais comment faire pour vivre » s’interroge une institutrice qui a en charge une famille. Beaucoup de revendeurs tirent profit des variations du marché. Chose que déplorent les consommateurs qui en sont victimes.

Comme à Aioun, les commerçants de la ville ont eux aussi rehaussé les prix de certains produits de première nécessité. C’est le constat fait par des citoyens, selon notre correspondant.

« Au cours de la semaine dernière, les citoyens rencontrés ont constaté un changement de prix. Cela a été remarqué par les consommateurs eux-mêmes » observe Mohamed., dans toutes les localités, c’est presque la même situation, les prix des denrées alimentaires grimpent en passant parfois du simple au double ou même au triple.

Ahmed dénonce cette situation de rehaussement des prix en expliquant que les commerçants essayent d’avancer des arguments qui ne tiennent pas. Or, il faut qu’ils comprennent que ce n’est qu’une période limitée. Et d’ajouter « On ne peut pas devenir riche en ayant pas pitié de ses concitoyens, de ces consommateurs qui font de vous ce que vous êtes ». Sur le plan religieux, l’Islam recommande à ses musulmans de faire du bien à leurs prochains, condamnant ainsi cette pratique d’augmentation des prix que font les commerçants.

Selon Cheikh, « les commerçants doivent agir de manière à ne pas tomber en faillite. Aussi d’une manière qui mette le consommateur à l’aise ». Autrement maintenir le prix juste pour que les plus démunis puissent faire leur vie décemment.

Si à Nouakchott et à Sélibabi, les prix des produits alimentaires connaissent une augmentation à cause de la pandémie, à Rosso, c’est la pandémie de la Covid-19 avec la fermeture des frontières qui vient encore compliquer la situation, selon M. …, un grand commerçant au marché central. Sur les marchés de cette ville, les prix des produits de première nécessité connaissent une hausse non négligeable.

« Nous pouvons dire que la Covid-19 est l’une des conséquences de la hausse des prix des céréales parce que les frontières ont été fermées, le riz et les céréales sont cultivés » souligne Moussa au micro de notre correspondant. La Covid-19 a été un frein pour beaucoup d’activités socio-économiques du pays, souligne un commerçant.

« Il va falloir aller soi-même sur le terrain, si tu achètes un produit à un prix modéré. Il va de soi que tu le revendes à un prix raisonnable. Certes, parmi les opérateurs, il y a ceux qui abusent. Nous l’avons constaté durant les mois derniers, ils achètent les produits, procèdent à leur stockage pour atteindre jusqu’à ce que les prix soient en hausse. Et cela est un fléau » déplore un fonctionnaire. En effet, beaucoup de commerçants achètent des produits alimentaires pour conserver dans le but d’augmenter les prix plus tard.

« Franchement tout est cher. J’implore Allah de nous permettre d’avoir de quoi nous nourrir. Le riz et l’huile coûtent très chers », dit Maimouna, une mère de famille qui a 8 bouches à nourrir, d’un air désolé. Aucune raison ne semble justifier une hausse des prix, martèle sa voisine, Khadija, la soixantaine dépassée, entourée de ses petits-fils.

La riposte du gouvernement

Face à la hausse des prix, le gouvernement en collaboration avec le patronat et les fédérations du commerce et de l’agriculture , ont ouvert 300 boutiques et magasins sous le slogan : Opération d’appui 2021.

Lancée samedi 21 août 2021 à Nouakchott, par l’Union nationale du patronat mauritanien, cette opération vise à rendre disponibles les produits alimentaires de base aux citoyens à des prix subventionnés, et ce à travers l’ouverture de 300 boutiques dans les neuf Moughataas de Nouakchott.

Selon le président de l’Union nationale du patronat mauritanien, Mohamed Zeine El Abidine Ould Cheikh Ahmed, cette opération contribue à faciliter l’accès des citoyens aux produits de base à des prix réduits, et elle s’inscrit dans le cadre de l’intérêt que le Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, que porte à l’amélioration des conditions de vie des citoyens.

L’ouverture de 300 magasins pour vendre des produits alimentaires de base ( riz, huile, sucre, lait en poudre et farine de blé) à prix réduit revêt par ailleurs, plusieurs significations, dont le sens aigu de la responsabilité sociale des acteurs économiques nationaux, a-t-il souligné dans un mot prononcé lors du lancement de l’opération Appui 2021.

Les prix affichés sur les portes des boutiques sont: sucre: 230 ouguiyas (anciennes) le kg, riz : 255 ouguiyas, blé: 150 le kg, l’huile: 580 ouguiyas, Pâtes alimentaires : 300 ouguiyas le kg , lait en poudre: 750 ouguiyas le kg.

et une source proche du patronat de préciser que l’opération se poursuit pendant une période de six mois et fera l’objet d’évaluation tous les trois mois en vue d’y apporter d’autres améliorations.

Témoignages

Nous saluons cette opération, mais, sans un suivi de la part des autorités, les commerçants et les grossistes vont l’acheter et le stocker pour nous le revendre quelques mois à des prix exorbitants comme lors des opérations Ramadhan, confie Maimouna à notre reporter.

Interrogée sur la qualité des produits alimentaires vendus dans les boutiques, ils sont bons. Mais, nous souhaitons que les initiateurs mettent en place trois qualités de riz, déclare Marième. Il y a une seule qualité de riz dans les boutiques, il est très tendre et difficile à cuisiner.

A quelques pas d’elle, Mahmoud, un manœuvre, déplore la hausse du prix de la viande et du poisson dans les marchés, les boucheries et les poissonneries. Avec 500 MRU, je n’arrive pas à faire convenablement ma dépense journalière, martèle-t-il.

« Les prix des denrées sont en hausse. Surtout les légumes, la viande, le poulet et le poisson. C’est inadmissible ! », peste une dame. Alors, espérons des lendemains meilleurs !

Aboubakrine SIDI

Source : Agence Tawary (Le 29 août 2021)

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