Mauritanie : Ould Ghazouani referme la porte du dialogue national à mi-mandat

En déclarant à mi-mandat que la Mauritanie n’est pas en crise pour s’inscrire dans un dialogue national, le président mauritanien referme la porte à l’opposition démocratique. Ould Ghazouani confirme ainsi la seule légitimité de l’opposition parlementaire.

Les observateurs ne sont pas dupes. Le successeur de Ould Aziz est aussi du sérail, issu de l’oligarchie militaire longtemps dans l’ombre de son mentor. A mi-mandat, Ould Ghazouani n’a pas changé sauf dans la forme de gouverner un pays profondément divisé dont les ressources ont été pillées par l’ex-président Ould Aziz en détention préventive en attendant de répondre aux accusations de corruption, d’enrichissement illicite et de blanchiment d’argent.

En arrivant au pouvoir, Ould Ghazouani avait donné le ton en normalisant ses relations avec l’opposition avec un calendrier bien précis pour recevoir tour à tour au palais les chefs de l’opposition et leaders d’opinion. La méthode Coué pour apaiser le climat politique et ouvertement appelé par le chef de l’Etat, une concertation nationale. Mais l’opposition veut un dialogue politique pour une alternance démocratique.

Le 7^ème président militaire n’entend pas faire exception à la règle érigée depuis 78. En déclarant que la Mauritanie n’est pas en crise politique, le locataire du palais de Nouakchott ferme la porte à un dialogue politique avec l’opposition extraparlementaire. Un verrou pour éviter les questions qui fâchent sur la réforme du système électoral en particulier la CENI et le conseil constitutionnel, deux organes qui organisent la tricherie politique et la fraude électorale. Ajoutez à cela, une relance du passif humanitaire, la bombe à retardement des régimes militaires qui ne sont pas prêts à la faire exploser. Ould Ghazouani comme ses prédécesseurs évite de se faire hara kiri avant la fin de son quinquennat.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste